DEVELOPPEMENT DURABLE


Les micro-organismes au service des grands arbres :
La preuve de l’ingéniosité de la nature par les chercheurs

Le Laboratoire de Microbiologie de l’Environnement du CNRE (Centre National de Recherche sur l’Environnement) a entreprit des recherches sur la production de plantules améliorées conçue pour obtenir les meilleures conditions biologiques pour le reboisement avec des plantes locales. Résultat de plusieurs années d’étude, un site d’expérimentation a été mis en place à Arivonimamo afin de démontrer l’efficacité de cette technique. 3000 pieds de plantes endémiques ont été mis en terre avec un taux de réussite de 90%. La région d’Arivonimamo a été choisie pour ses conditions extrêmes : terres arides et faible biodiversité. La plantule est plantée dans un mélange de terre volcanique et de micro-organismes (champignons et bactéries) lesquels vont s’étendre peu à peu et couvrir le terrain. Ramanankierena Heriniaina, chercheur au CNRE, a expliqué que les plantes ne peuvent vivrent qu’à condition qu’il y ait les conditions microbiologiques favorables à leur survie. Souvent ces micro-organismes sont propres à une plante ou à un écosystème donné. Ce sont ces conditions que l’on reconstitue avec le système des plantules améliorées. Il y a un échange permanent entre la plante et les micro-organismes (rétention de l’humidité, fixation de l’azote, etc.). Dans un premier temps, c’est par l’existence de ce bénéfice réciproque que la plante vit et évolue, puis, dans un deuxième temps, les micro-organismes colonisent les terrains avoisinants régénérant ainsi l’habitant naturel et l’apparition d’autres espèces diverses. Les plantules améliorées sont plantées de façon systématique, même sur des terres arides, et restituent au terrain les éléments nutritifs propices à la réapparition d’autres plantes et à la reconstruction d’un habitat pour la flore et la faune dans leurs conditions d’origine. Les résultats sont meilleurs sur les « savoka », les terrains qui ont subit des dégradations dues notamment aux feux de forêts, car ils gardent encore quelques critères d’origines des conditions biologiques des écosystèmes.
Selon l’équipe de chercheurs en microbiologie du CNRE, la politique de reboisement devrait être étudiée de pair avec le ministère de l’environnement et le CNRE afin de mettre en place un programme tenant compte à la fois des réalités des contraintes économiques et des recherches scientifiques. C’est la seule garantie d’un résultat durable et favorable à l’environnement. L’équipe du laboratoire de microbiologie de la CNRE est plutôt favorable à la plantation d’arbres appartenant aux espèces locales pour le reboisement. On se pose en effet la question pourquoi on persiste encore à planter des eucalyptus et des pins alors que ces arbres sont des espèces envahissantes et altèrent la qualité de la terre. La production d’espèces ligneuses est nécessaire pour satisfaire les besoins en bois de construction, mais aussi pour le bois de chauffe et la fabrication de pâte à papier. Les espèces importées comme la grévilia et la pollonia ont été choisie pour leur caractère à croissance rapide et résistante. Mais pour ces mêmes raisons, elles envahissent les terres au détriment des espèces locales et endémiques qui ont une croissante plus lente. Les chercheurs du CNRE ont évoqué le cas des plantations de pins qui ont détruit les forêts de tapia. Les pins et les eucalyptus ont des composés phénoliques qui appauvrissent la qualité des terres et détruisent l’équilibre biologique nécessaire aux écosystèmes. On assiste ainsi à une perte de la biodiversité et à la disparition de la flore te de la faune d’origine (beaucoup d’animaux de Madagascar ne peuvent pas vivre dans les forêts de pins ou d’eucalyptus). Madagascar se prépare à faire parti des pays vendeurs de crédits carbone. Le reboisement un élément important de ce marché car les forêts récemment plantées sont des « puits de carbone » capables de capturer et de séquestrer le carbone dans l’atmosphère. Mais la valeur d’un puit carbone à faible biodiversité est moindre par rapport à un milieu naturel local plus riche et plus diversifié. La tendance à la monoculture est pourtant le cas des reboisements composés d’espèces importées. Selon le laboratoire de microbiologie de la CNRE, Il devrait y avoir un système de zonage délimitant les reboisements de conservation pour les espèces locales et d’autres pour la production ligneuse. Ce programme devrait être accompagne d’un système de suivi permanent permettant de constater les résultats réels et les impacts sur l’environnement.
Le Laboratoire de Microbiologie pour l’Environnement a été crée il y a 10 ans et a bénéficié du financement du PIP pendant ses trois premières années. Depuis, le laboratoire survit grâce à des aides et à des coopérations venant de l’étranger, des ONG oeuvrant pour la conservation où des projets miniers tels que le QMM ou SHERRIT. Les chercheurs déplorent le manque de reconnaissance de l’état malgache et de financement pérenne. Les travaux du laboratoire de microbiologie de la CNRE sont pourtant reconnus à l’international et sont une référence dans région de l’Océan Indien.

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