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200ème Atelier des médias et des nouvelles technologies de l’information et de la communication

Animé par Ziad Maalouf enregistré sur RFI, cet atelier, le premier d’une série de trois cette année a eu lieu dans la salle Albert Camus de l’institut Français de Madagascar IFM à Antananarivo. L’ambassadeur de France, SEM Jean-Marc Chataigner était présent comme observateur et partenaire facilitateur et la salle a été connectée pour l’occasion par le réseau wifi de Blueline. Le fond de scène était un écran géant présentant la fenêtre Twitter animée par les intervenants eux-mêmes dialoguant en direct avec d’autres internautes dans la salle comme ceux dans le monde entier mais suivant l’atelier sur l’internet.
Les intervenants sont d’abord des jeunes blogueurs malgaches aux profils hétéroclites. Le premier est Thierry Ratsizehena, créateur du blog madainitiatives.wordpress.com, fan du web social, e-veilleur et diplômé en marketing, fondateur Mada i-hub, une plateforme collaborative de blogueurs et de travailleurs indépendants sur internet. Cette plateforme organise d’ailleurs au lendemain de cet atelier à l’IFM une rencontre dénommée BarCamp aux CIDST à Tsimbazaza Antananarivo pour raffermir les relations entre ces blogueurs et geeks malgaches. Pour lui, internet est tout d’abord une porte ouverte sur le monde, l’outil qui a estompé les limites des frontières.
Le deuxième est Tahina Razafinjoelina, créateur de l’IT University, directeur du groupe Vidy Varotra mais il est aussi chargé des systèmes d’informations par le Ministère des finances et du budget. Il enseigne à l’Université d’Antananarivo MISA et gère en même temps deux écoles du Pretoria Montessori Preschool en Afrique du Sud. Comme il est en contact permanent avec les jeunes étudiants, il a été un témoin privilégié de l’évolution de l’internet et surtout de l’internet mobile auprès des jeunes.
Les deux autres intervenants sont aussi des blogueurs plutôt passionnés que professionnels. Lalatiana Rahariniaina, connue sous le pseudonyme Ariniaina, est celle qui a créé Ampela Mibilaogy, littéralement Femme qui blogle plus jeune du plateau, Andriamihaja Guénolé Ravelomahafaly, étudiant de 20 ans à l’Institut Halieutique et des Sciences marines à Tuléar, a créé son blog sur le concours Mondoblog de Rfi / Atelier des médias. Etant boursier de WWF, il est surtout sensible sur les thèmes de l’environnement et de l’écologie. C’est lui qui était derrière le billet connu par les blogueurs malgaches "10 bonnes raisons pour ne pas sortir avec une blogueuse" pour contrer "25 raisons pour ne pas sortir avec un malgache" d'une blogueuse à Paris. Ca ne rigole pas parfois entre les geeks.
Pendant son intervention, Damien de Lamberterie DG de Blueline, présent à Antananarivo depuis 7ans témoigne d’une révolution qui se sent à travers l'usage d’internet depuis 2004. En ce temps-là, c'était juste le mail, mais depuis le matériel a évolué jusqu'aux installations des fibres optiques. Toutes les technologies sont presque disponibles mais pas accessibles, c'est lié au prix qui devrait encore baisser dans les années à venir selon lui. L'internet, ça concerne d'abord les entreprises, les grandes sociétés et les organismes internationaux et de plus en plus le grand public qui est de plus en plus jeune et très hétéroclite. Et les chiffres sortent à l’appui. Le taux de pénétration du mobile dépasse les 30% à Madagascar sur un taux de couverture de 65% de la population. Les malgaches utilisent le mobile à 98% en prépayé contre 2% en abonnement.
Annie Chéneau-Loquay, directrice de recherches au Centre National de Recherches Scientifiques CNRS dans le laboratoire LAM "Les Afriques dans le monde" à Bordeaux, témoigne quant à elle d’une révolution du mobile inattendue en Afrique et à Madagascar, « ça a surpris tout le monde en Afrique ». L'enjeu futur pour les opérateurs, c'est Internet mobile avec les applications mobiles sur smartphone. Elle est l’auteur d'un rapport sur le mode d'appropriation du mobile en Afrique. C'est le marché qui a imposé la marche aux opérateurs et non l'inverse, qui a été attendu par le secteur, c’est face à l’économie du détail et des petites sommes que les opérateurs se sont pliés (bip, transferts d'argent et de crédit d'appel, services aux entreprises ou grand public, ... Il arrive qu’un détenteur africain de mobile recharge ses crédits d’appel plus d’une vingtaine de fois par jour.
Des intervenants de la salle, étudiants, et professionnels ont tous relayé l’explosion des réseaux sociaux. Une fille sort la raison classique des réseaux : « C'est pour se faire de nouvelles rencontres et pour garder le contact avec les anciens amis. C'est aussi un effet de mode. On est beaucoup plus ouvert à l'écrit qu'à l'oral. Entre générations, c'est difficile, les jeunes veulent s'approprier des réseaux pour eux et sans les grands ».
Les jeunes sont attirés par les grandes marques de smartphone, plus performants et au design attirant. Plutôt adeptes des téléphones mobiles que des cybercafés, beaucoup ont arrêté le shopping pour épargner et avoir du crédit Internet. Ils veulent se distinguer des adultes par leur connaissance des technologies. Ils considèrent cette connaissance comme une chance pour "dépasser" le niveau intellectuel des adultes.
Ententes entre les opérateurs ? Damien de Lamberterie dément. Pour lui, c’est plutôt la concurrence qui s’est endurcie, s’en suit la baisse des prix de communication, la facilitation à l’accès à la technologie liée à la simplicité de manipulation, l'ergonomie des sites mais aussi des terminaux.
Une représentante de Microsoft a fait un petit rappel à l'intégrité du matériel et du logiciel utilisé. Nous sommes à Madagascar, l'auditoire a applaudi celui qui a répondu et rappelé que nous sommes dans une économie de détails et d'occasion. La démocratisation de l'accès aux technologies est possible grâce aux logiciels libres et aux plateformes libres comme Google, Facebook, ... mais aussi aux téléphones aux marques inconnues mais qui fonctionnent aux usages classiques : appels, textos et internet. Ce petit incident témoigne de la réalité des TIC à Madagascar.

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