Le fonds public chinois CAD Fund lorgne sur les ressources africaines et malgaches

En ce début de l'année 2014 totalement monopolisé par la vie politique, l'économie malgache, exsangue après presque cinq années de Transition politique, recommence à se faire parler d'elle et à attirer les fonds au profil hors du commun. L'un d'entre eux, le fonds de développement China-Africa montre ses intentions en affirmant ses intérêts sur les opportunités des ressources en Afrique et à Madagascar.

par Tsirisoa Rakotondravoavy pour le Journal de l'Economie


Carte des investissements chinois en Afrique depuis 2010
Après les 3 milliards de dollars placés sur des projets de développement en Afrique entre 2007 et 2012, le plus grand fonds d'investissement public chinois, le China-Africa Development Fund (CAD Fund) compte faire plus pour l'année 2014. Ce fonds est très présent en Afrique à travers le financement de projets d'infrastructure : ponts, routes, chemins de fer, ports et usines de ciment. Des pays comme la Tanzanie, la Zambie ou l'Ethiopie doivent leur dynamisme économique à la présence de ce fonds d'investissement chinois derrière leurs projets gouvernementaux. Le CAD Fund est financé essentiellement par la China Development Bank, lui débloquant en 2012 2 milliards de dollars en guise de deuxième tranche pour financer les projets liés à ce fonds public.

Les challenges du CAD Fund sont très clairs : créé en mars 2007 et opérationnel au mois de juin de la même année, le fonds compte lever en totalité 5 milliards de dollars auprès de la China Development Bank. C'est dans cette optique qu'il projette de compléter cette année les 3 milliards de dollars déjà investis sur le continent africain par les 2 milliards qui restent à lever.

Carte des travaux d'infrastructures financés par la Chine en Afrique
Chi Jianxin, le président du CAD Fund, précise que "la Chine a surtout investi en Afrique sur des grands projets d'infrastructure et d'industrie lourde. Elle voudrait le continuer mais de manière différente, dans d'autres secteurs dynamiques. Le continent compte beaucoup d'énergie à cause de la jeunesse de sa population et surtout de ses ressources naturelles. Les pays africains ont une opportunité de tirer profit des prix élevés des matières premières et des produits agricoles sur le marché international." A sa manière, le CAD Fund lutte contre la pauvreté auprès des pays africains où il est présent à travers des projets de coentreprises et des financements de projets du secteur agricole, secteur toujours crucial sur le continent.

Une filiale du CAD Fund dénomée Shanxi Tianli Enterprise sera présente à Madagascar pour promouvoir un projet de plantation de coton. Cette filiale sera dotée d'un financement de 60 millions de dollars, dont 12 millions de dollars seront apportés par le CAD Fund et 20 millions de dollars par la China Development Bank. Shanxi Tianli Enterprise lèvera les 28 millions de dollars restant.
Le CAD Fund investira aussi dans une usine de traitement de grains au Mozambique, dans le sisal en Tanzanie, le coton au Malawi, les semis de céréales et l'industrie avicole en Zambie

Les investissements directs chinois dans l'agriculture en Afrique étaient de 30 millions de dollars en 2009. Ils ont connu une croissance exponentielle jusqu'en 2012 où les investissement ont atteint 82,5 millions de dollars. Ces investissements ont permis d'améliorer la qualité de l'offre de céréales dans les 18 pays d'Afrique travaillant avec le CAD Fund, et de tirer ainsi vers le haut la productivité agricole de chacun de ces pays. Justin Yifu Lin, ancien économiste en chef de la Banque Mondiale et spécialiste de la Chine, continue à croire que "la plupart des pays d'Afrique subsaharienne sont pauvres à cause du manque de qualification de leurs ressources humaines et de l'insuffisance de leur capacité de production."

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