France - Numérique : rapatrier les start-up pour appuyer la croissance

(de g. à dr.) Marc Simoncini de Jaina Capital, Marion Carrette de OuiCar et Guillaume Pépy, Pdg de SNCF - Photo : DR








Journal de l'Economie | Insight Desk
PARIS, 01/07/15 (journaldeleconomie.com) -- BlaBlaCar, Criteo, Le Cargo, OuiCar ou Sigfox. Ces noms ne veulent peut-être rien dire pour le grand public. Et pourtant, ce sont les jeunes pousses du secteur numérique français. Certaines de ces sociétés ancrées dans les nouvelles technologies, la majorité s'appuyant totalement sur Internet, n'ont même pas 10 ans. Autrement dit, elles étaient créées après la crise financière mondiale de 2008. Ces start-up sont pourtant des éléments clés de l'économie hexagonale. Mais la lutte pour rapatrier les jeunes cerveaux du secteur est féroce car ces derniers ont préféré s'implanter dans des endroits connus pour la croissance rapide comme à San Francisco, New York ou Londres pour assurer leur premier pas. Mais la croissance en France, Frédéric Mazzella, patron de BlaBlaCar, y croit, en donnant naissance au collectif "Reviens Léon".

Fin mai 2015, Frédéric Mazzella a décidé de prendre son bâton de pèlerin et de créer ce collectif français pour rappeler ces "copains" start-uppers implantés ailleurs qu'en France. La mission est capitale car le secteur high-tech contribue à plus de 25% de la croissance en France, le double d'il y a dix ans. L'exemple de OuiCar illustre bien la transformation de l'économie française en économie du partage transversal entre offres et demandes. Cette société offre en effet un service de location de voitures entre particuliers. Elle n'investit pas sur la flotte, mais met plutôt à la disposition de ses clients des voitures appartenant à des particuliers ayant signé avec elle la mise à disposition de leurs véhicules pour ce service. Le phénomène Uber gagne ainsi les services de location de voitures aux professionnels et particuliers, et l'exemple a fait très vite tâche d'huile. Car des concurrents pullulent de partout en France dans le même segment : ZipCar pour l'auto-partage commercial entre les gares de trains, IDVroom pour le co-voiturage, ... 

En outre, les acteurs présents sur ce secteur se diversifient aussi rapidement que les offres. Et les plus connus n'ont pas attendu pour se faire parler d'eux. Marc Simoncini, de Jaina Capital, fait partie du tour de table de OuiCar qui a levé 3 millions d'euros en 2014 pour un parc de 20.000 voitures. Cette année, c'est SNCF, déjà actionnaire industriel d'Ecomobile Ventures, qui rentre dans la start-up en emmenant 28 millions d'euros et toute sa volonté à se diversifier. Guillaume Pépin, le Pdg de SNCF a en effet déclaré lors de cette rentrée dans OuiCar : "SNCF s'ouvre à jamais à de nouveaux modes de transport innovants. Le groupe se transforme pour devenir connecteur de mobilité". OuiCar ambitionne ainsi de passer à 100.000 véhicules en 2018. Le message est passé et l'action de SNCF qui veut doubler le volume de ce marché, n'est pas isolée. Vinci Autoroutes a investi dans un service similaire avec Koolicar. Et d'autres grands groupes vont certainement suivre le mouvement.

Ce sont ces derniers mouvements qui ont encouragé entre autres Frédéric Mazzella à croire à la croissance française et à créer "Reviens Léon". Il est d'ailleurs appuyé par Criteo, Sigfox et Chauffeur-privé dans cette action. ces cibles sont claires car il passe de conférence en conférence pour persuader les expatriés français de revenir. Le 26 juin dernier devant 90 représentant de la communauté française à San Francisco, Mazzella a déclaré : "Il existe de belles start-up en France qui sont en phase d'accélération et qui ont besoin de recruter des talents avec une expérience internationale". 65.000 français vivent dans cette ville de l'Ouest des Etats-Unis et la majorité présente dans le high-tech. Avant ce déplacement, Frédéric Mazzella est passé par New York le 24 juin pour la French Touch Conférence. "Il est important que les expatriés soient au courant de ce qui se passe en France car les mauvaises nouvelles voyagent bien plus vite que les bonnes". "Reviens Léon" présente actuellement, un mois après le lancement 70 offres d'emplois dont l'objectif est de dépasser le niveau salarial moyen qu'une entreprise californienne offre à un ingénieur : 100.000 dollars par an. Pas facile pour Léon de décider de revenir...

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