Décroissance chez SFR, les sous-traitants tremblent

Patrick Drahi a perdu 8 milliards d'euros en bourse après l'achat de l'américain Cablevision Systems



Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy | Les Echos
  

PARIS, 25/07/2016 (journaldeleconomie.com) -- La nouvelle ronge le moral des sous-traitants de l'opérateur français SFR et menace leur business. La holding néerlandaise Next LP contrôlée par le milliardaire franco-israelien Patrick Drahi, qui possède entre autres le groupe Altice et SFR, a annoncé une décroissance dans ses opérations et propose de supprimer 3.000 postes auprès de ses principaux sous-traitants. Ces postes se trouverent en majorité chez deux de ces sous-traitants historiques de SFR : Arvato, filiale du groupe de média Bertelsmann, et Sitel, filiale d'Acticall.

Il est loin le temps où l'actionnaire de référence Patrick Drahi a fait la couverture du numéro hors-série de Challenges sur les fortunes professionnelles françaises. Sa fortune, estimée à 16,7 milliards d'euros en 2015 (6è en France selon le classement Challenges) a fondu à 7,5 milliards d'euros sur le classement de cette année. Cette chute s'explique principalement par l'acquisition géante de l'opérateur Cablevision Systems qu'Altice a réalisée aux Etats-Unis en septembre 2015. L'endettement du groupe a atteint ainsi un niveau astronomique de 45 milliards d'euros et la Bourse l'a immédiatement sanctionné avec une chute de 45% de l'action Altice. 8 milliards d'euros d'actifs sont partis en fumée et Patrick Drahi doit réagir, et vite.

La structure et les filiales du groupe Altice et la fortune de Patrick Drahi - Infographie : Altice - Forbes

C'est ainsi que l'idée de couper les coûts des prestataires et sous-traitants est venue. SFR supprimera 1.500 postes chez Arvato et 600 chez Sitel. Deux autres sous-traitants pourraient se voir réduire la voilure avec 900 postes menacés. Il s'agit de Webhelp et Teleperformance, tous deux ayant des filiales et des opérations gérées à Madagascar. Tous ces sous-traitants se sont pourtant implantés avec l'assurance que SFR s'engageait au début sur la sécurisation de ces postes et dénoncent "un mépris de la loi", comme l'ont relayé les colonnes du quotidien Les Echos. Selon un proche d'Arvato qui était en relation avec SFR depuis 17 ans, un préavis de 24 à 30 mois devait être respecté. Cette situation est d'autant plus difficile quand on sait que SFR a lancé ses propres opérations de traitement à Antananarivo, toujours au mépris de ces contrats selon ces sous-traitants. Laurent Uberti, président du groupe Acticall, lui aussi est monté au créneau en mettant en avant une possible liquidation de Sitel qui était en relation d'affaires avec SFR depuis 15 ans.

Chez SFR cette réduction s'explique par la division par trois du volume de clients du groupe en six ans d'opérations. Les sous-traitants étaient au courant de cette situation selon la communication du groupe car la réduction de coûts a été annoncée depuis deux ans. Selon Les Echos, SFR a déjà écopé d'une amende de 375.000 euros l'année dernière après des plaintes de ses sous-traitants déposées auprès du Ministère des Finances, à Bercy, pour retard de paiement des factures "fournisseurs".

La "méthode Drahi" dans les télécoms semble ne pas être un acte isolé. Le groupe de média français NextRadioTV, qu'il contrôle à travers Altice avec le patron historique Alain Weill, et qui possède BFM TV, RMC Radio et L'Express, Libération et L'Expansion, est aussi entré dans la logique de réduction de coûts. Ce qui a également fait monter au créneau les journalistes travaillant pour les chaines et les titres du groupe sur la méthode anti-social d'Altice.

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