Afrique - Asecna : contrat avec Thales Alenia Space, sécurité, Ciel Unique...

Guinée Bissau : 63ème Comité des Ministres de l'Asecna où la question de la sécurité a été particulièrement débattue.


Par Tsirisoa Rakotondravoavy | Journal de l'Economie  


BISSAU - 18/03/2019 - La Guinée Bissau a accueilli le 63ème Comité des Ministres des Etats membres de l'Asecna (Agence pour la Sécurité de la Navigation aérienne en Afrique et à Madagascar), et son 139ème Conseil d'administration, du 13 au 15 mars dernier. Cette rencontre a eu lieu juste après l'accident survenu au Boeing 737 max d'Ethiopian Airlines. La question de la sécurité a été particulièrement soulevée par les experts, parallèlement aux sujets du Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) et de l'administration générale de l'Asecna. L'agence venait de signer un contrat avec Thales Alenia Space, un mois auparavant, pour la surveillance de la navigation sur son espace aérien.

L'Asecna (pays membres : le Bénin, le Burkina, le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, la Côte d’Ivoire, la France, le Gabon, la Guinée Bissau, la Guinée Equatoriale, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad, le Togo et l’Union des Comores) a tenu le 63ème Comité des Ministres des Etats membres du 13 au 15 mars dernier à Bissau. 

Priorité : la sécurité de la navigation aérienne

Outre les questions d'ordre général comme l'administration de l'Asecna, notamment sur l'assainissement de ses finances engagé en 2018, le Comité a débattu celles de la sécurité et du Marché unique du transport aérien en Afrique.

Cette rencontre a en effet eu lieu juste après l'accident survenu au Boeing 737 max d'Ethiopian Airlines le 10 mars. L'Asecna a par la suite enregistré l'arrêt de l'utilisation du B737 max par les compagnies desservant la plupart des pays membres, comme l'interdiction formelle de survol et touchers du même appareil dans l'espace aérien de certains des Etats membres.

Jean-François Desmazières, président du Conseil d’administration de l'Asecna, a apporté une précision : "C’est le 737 max 8 et 9 qui est visé. Par exemple, Mauritanian Airlines qui en a un l’a cloué au sol mais sur la zone, il n’y en a pas tant que ça. Par contre, il y a des appareils de ce type appartenant à d’autres compagnies qui survolaient notre espace, Ethiopian Airlines bien sûr, Turkish Airlines, mais eux-mêmes ont suspendu les vols de ces appareils".

Si aucune résolution particulière n'a été prise au-delà de ces mesures, l'Asecna a rappellé aux pays membres que l'agence venait de signer un contrat avec Thales Alenia Space, appartenant à 67% au groupe français Thales et 33% à l'italien Leonardo, pour renforcer les opérations de surveillances et de navigation dans la zone Asecna. Ce contrat signé en février 2019 a pour but de réaliser une étude préliminaire de 18 mois sur la définition de l’architecture (phase B) de son programme de services de renforcement satellitaire SBAS (Satellite Based Augmentation System).

Le système SBAS est basé sur le programme de navigation européen Egnos (European Geostationary Navigation Overlay System) qui améliore la précision des signaux de navigation Galileo et GPS. Ceci permettra à partir de 2021 ou 2022 d’augmenter les performances de positionnement fournies par les constellations existantes de navigation par satellite, avec une précision ramenée à l’ordre du mètre.

Jean-Loïc Galle, président de Thales Alenia Space, a déclaré : "Après le projet Kass développé en Corée, ce deuxième succès à l’export d’un système de navigation complexe et performant de ce type est le résultat de l’implication de Thales Alenia Space dans les projets de navigation par satellite en Europe depuis l’origine (1996). Ce sont plus de vingt ans d’expérience qui vont être mis au service de l’Asecna et de la sécurité des voyageurs, ce qui conforte une fois de plus notre engagement dans l’aspiration Space for life".

Mohamed Moussa, directeur général de l’Asecna., s'est réjoui de cet accord important pour l'agence : "La conclusion de ce contrat constitue un moment clé dans l’avancement du programme SBAS de l’Asecna, catalyseur clé du Ciel Unique pour l’Afrique qui doit permettre à terme d’améliorer la sécurité des atterrissages, la flexibilité et l’efficacité des trajectoires de vol, et de rendre les régions isolées accessibles, tout en ne requérant aucun moyen technique et humain local au niveau des aéroports".

Avis d'experts sur le MUTAA

Le Comité des Ministres de l'Asecna et ses experts ont déjà étudié la réalisation de la mise en place du MUTAA en 2017 et 2018, insufflé par l'Union Africaine avec un objectif de financement de 650 millions d'euros. Selon des experts de l'Asecna, l'avantage du MUTAA, c'est principalement sur des questions de sécurité et de coûts. L'Afrique possède actuellement plusieurs zones de contrôle qui ont des procédures différentes, à l'instar des 16 millions de km² contrôlés par l'Asecna. Dans ce sens, Mohamed Moussa, directeur général de l’Asecna, a rencontré en février 2019 le Secrétaire général de la Commission Africaine de l’Aviation Civile (CAFAC), Tefera Mekonnen Tefera, pour discuter de la création d'une plateforme commune pour les fournisseurs de services de navigation aérienne en Afrique.

Si le continent veut abaisser les coûts et les redevances, que doivent payer les compagnies aériennes, répercutés dans le prix du billet du passager, l'approche sur une grande échelle, comme sur un Ciel Unique Africain, aura du sens. Le secteur pourra ainsi mieux absorber les coûts fixes qui permettent d'assurer le fonctionnement des aéroports (tours de contrôle, dispositif anti-incendie, ...).

En outre, l'Asecna aura beaucoup à gagner dans le contrat avec Thales Alenia Space dans le partage en temps réel d'informations sur la navigation aérienne sur sa zone de responsabilité, et au-delà, ainsi que sur le temps de réaction par rapport aux accidents, comme celui du B737 max d'Ethiopian Airlines tout récemment, ou sur la disparition du vol MH370 de la Malaysia Airlines dans l'Océan Indien en 2014 dont les débris échouent petit à petit sur les côtes des pays de la zone, comme à Madagascar.

Il faut savoir que le MUTAA, lancé officiellement le 28 janvier 2018 affiche à ce jour 28 pays signataires : Afrique du Sud, Bénin, Burkina Faso, Botswana, Cameroun, Cap-Vert, République Centrafricaine, République du Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Libéria, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Rwanda, Sierra Leone, Swaziland, Tchad, Togo et Zimbabwe. Ces pays représentent une population totale de plus de 710 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population du continent.

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