Face aux fluctuations, intervenir ? Quarante ans de questions.
par Tsirisoa Rakotondravoavy
Il y a quarante ans, le 15 août 1971, Nixon a annoncé avec le FMI la fluctuation libre des monnaies et la fin de la convertibilité du dollar en or. L’autorégulation des marchés a été enclenchée par toutes les places de marché mondiales.
Depuis, de l’eau a coulé sous le pont, comme on dit et beaucoup de valeurs ont été créées comme pas mal aussi ont été brûlées. Le monde a connu des crises par décennie : le pétrole des années 1970 et 1980, les monnaies dans les années 1990 avec les spéculations contre des monnaies de Georges Soros (livre sterling) et d’autres sorciers de la finance, l’éclatement de la bulle Internet des années 2000 et les crises financières des trois dernières années. Et cela ne semble pas vouloir s’arrêter.
Ironie du calendrier, quarante ans jour pour jour en 2011, l’Allemagne et la France annoncent leur programme commun pour s’accorder sur les aides aux pays européens surendettés. Le président Sarkozy qui dirige à sont tour le G20 milite même ouvertement pour l’encadrement monétaire. Il rentrerait peut-être dans l’histoire si le G20 referme la page ouverte par Nixon il y a quarante ans. Ce sera même une occasion pour les gouvernements pour trouver de nouvelles règles pour limiter les conséquences de la fluctuation des marchés sur l’économie.
Au même week-end de l’Assomption à Madagascar, nous assistons aux mêmes débats mais sous un autre contexte qui est propre à nous : la crise malgache, qui est politique avant tout. Pendant ce long week-end de la mi-août, des groupes d’opérateurs et de sociétés malgaches se sont prononcés sur le fait que l’Etat, dans son rôle de régulateur, aurait dû éviter cette « tentation de l’intervention ». Ces opérateurs auraient voulu que la HAT n’intervienne que sur le contrôle des importations et des stocks de sécurité. Ils crient contre l’intervention de l’Etat, surtout qu’ils n’ont pas été consultés avant les décisions vers la fin de la semaine dernière.
Les médias n’ont pourtant pas arrêter ces derniers temps de lancer des alertes car les problèmes sociaux liés aux troubles politiques de 2009 commencent à atteindre une proportion alarmante : insécurité, pauvreté accrue de la population, perte de confiance des ménages et des consommateurs, désertion des investisseurs, … et mauvais résultats sportifs lors des derniers Jeux des îles de Océan indien.
Si on se réfère sur la déclaration du gouvernement, les mesures d’urgence qui font débat sont divisées en deux parties distinctes : une partie sociale et une partie qui relève de la politique économique du gouvernement actuel face à la crise, économique s’entend.
Ces dernières mesures sont destinées aux consommateurs : limitation des prix au niveau actuel pour les PPN, le carburant et tous les intrants qui pourraient influer sur la consommation surtout à la veille de la rentrée et de la période de soudure en fin d’année. Cette limitation s’effectuera à l’aide de subventions concédées aux transactions sur le carburant et le PPN. Ces textes sont accompagnés d’autres décisions concernant l’application de consignes strictes sur la régulation de la sécurité et du transport public en général.
Les parties du désaccord avec les opérateurs se trouvent dans les parties qui stipulent que l’Etat sera en position d’importateur direct pour le pétrole et pour les PPN. Des pays exportateurs comme l’Iran, le Venezuela et l’Irak ont été prononcés dans cette opération d’importation de pétrole. Des opérateurs ne cachent pas leur inquiétude sur le retour du monopole de l’Etat, ou au mieux une réduction significative de leurs parts de marché dans leurs secteurs respectifs. Les années passées sous la Transition montrent toutefois que ces parties n’ont jamais pu trouver une entente sur les prix à la consommation des PPN, du carburant et des produits importés qui inondent le marché et les ménages mais surtout que le gouvernement tend vers l’interventionnisme tant craint par les opérateurs économiques, en important dans des programmes ponctuels du riz, du sucre et de l’huile. C’est même annoncé clairement dans cette dernière mesure que Madagascar va « travailler » directement avec l’Inde, le Vietnam, le Pakistan pour les PPN.
Cette décision tranchante du gouvernement illustre l’ambiance politique délétère qui règne dans le pays et surtout des hésitations des parties, médiateurs comme protagonistes, à trouver une issue à la crise malgache. Peut-être même qu’avec ces mesures, la HAT a montré sa manière à elle de régler à court terme les problèmes économiques de Madagascar, puisque c’était urgent d’après les appels alarmistes des médias et des institutions ces dernières semaines. Encore faut-il que nous nous mettions d’accord sur quel plan et à qui nous allons confier nos problèmes.
Signe des temps qui changent : l’Afrique, malgré ses troubles politiques et ses famines, signe la plus haute croissance mondiale en 2010 de près de 5% en moyenne après les locomotives de l’Asie et du Moyen-Orient. On est en face d’une nouvelle donne économique mondiale actuelle, qui n’est pas brillante du tout sur les contrées occidentales du globe, habituées aux fastes de l’économie non régulée transformée en économie – casino. Alors, intervention ou non ?
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