L'illusion de fin de crise a fait augmenter la volatilité des matières premières

Les spécialistes des matières premières s'accordent à dire que l'économie mondiale a dépassé dangereusement les limites de l'instabilité et que les indices des matières premières sont au-delà de la volatilité soutenable. La Chine, premier pays consommateur de matières premières s'essouffle et la volatilité inquiète le marché. Les grandes fusions dans le secteur se sont arrêtées d'un coup.

par Tsirisoa Rakotondravoavy


Les économistes constatent que la crise n'est pas du tout passée, que nous sommes encore en bas de cycle, si on peut parler de cycle. Les pays développés ont créé une illusion qu'en finançant leurs fleurons industriels (Boeing, General Motors, Renault, PSA Peugeot-Citroën, ...), la crise ou sa conséquence sur l'économie mondiale sera atténuée. L'Occident a cru qu'il avait les moyens de s'en sortir seuls. En fait, c'est la gouvernance internationale qui a montré sa faiblesse et cela s'est manifesté avec l'échec des négociations au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sur le cycle de Doha, au même titre que le désintérêt total de beaucoup de pays à la 13è Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (Cnuced). Depuis, les choses ont évolué, dans le mauvais sens. La Chine a perdu sa vigueur et a montré les premiers signes d'essoufflement. L'Empire du Milieu déçoit et n'arrive à atteindre que 7,7% au premier trimestre 2013, alors que les observateurs s'attendaient à une croissance minimale à 8% après les 7,9% du 4è trimestre 2012. La Chine a baissé ses commandes en matières premières et a provoqué une baisse de plus de 10% pour le fer, l'aluminium, le zinc et le nickel. La future gestion des réserves chinoises sera déterminante pour le secteur.

Le deuxième paramètre d'incertitude pour le secteur des matières premières concerne les Etats-Unis. L'avènement du gaz de schiste a eu lieu et les américains sont en passe de troquer le pétrole contre cette nouvelle source d'énergie plus abordable. Cette nouvelle donne bouleverse le marché d'autant que la consommation le début de la production du gaz de schiste annonce la réduction de consommation de charbon aux Etats-Unis.

Cette explication de Philippe Chalmin, directeur de CyclOpe, ouvrage de référence sur les ressources naturelles et professeur à l'Université de Paris-Dauphine, illustre la situation d'incertitude actuelle : "Revenir sur la problématique de crise était une évidence. Nous avons vécu dans l'illusion que la crise était passée. La baisse des cours aujourd'hui s'explique assez bien - au-delà de l'humeur des investisseurs  - par le vague à l'âme économique dans les pays avancés."

Les fusions, comme celle des géants miniers Glencore et Xstrata, se feront rares jusqu'à ce que la situation ne se rétablisse. Mais tout le monde s'accorde à dire que cela prendra du temps, beaucoup de temps.

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