Une conférence sur la connectivité aérienne a été organisée à Port Louis, île Maurice, les 2 et 3 mai 2013 pour discuter des faisabilités de la mise en commun de l'intérêt des quatre compagnies régionales : Air Mauritius, Air Madagascar, Air Austral et Air Seychelles. Cette conférence a ouvert même l'éventualité de la création d'une compagnie commune.
par Tsirisoa RakotondravoavyVue sous cet angle, la proposition de la COI est pertinente. Ces quatre compagnies souffrent effectivement de pertes chroniques qu'elles arrivent difficilement à surmonter. Air Mauritius a déjà exploré cette piste de la collaboration entre compagnies de l'Océan Indien en 1996 pour enrayer ses déficits, en vain. Jean Claude de l'Estrac est radical sur ses déclarations : "Pourquoi rester seul dans le déficit et disparaître ?". Cette question taraude tous les dirigeants de ces compagnies qui subissent la crise mondiale en plus du prix élevé du carburant et des coûts d'exploitation des compagnies. Sur plus d'un milliard de touristes ayant voyagé en 2012, 500 millions ont pris l'avion dans le monde. Deux millions seulement ont voyagé sur l'une des îles de l'Océan Indien. La COI a pris le rôle de catalyseur en constatant qu'il y encore une marge sur laquelle les compagnies aériennes de la région peuvent réaliser une plus-value, et pourquoi pas d'une manière orchestrée plutôt que dans une stratégie dispersée comme maintenant où le bénéfice est loin d'être atteint pour chacune d'elles. C'est une vraie stratégie d'intégration régionale que la COI propose, l'aviation étant un vecteur primordial pour le tourisme pour créer une nouvelle force d'attraction dans toute la région.
Ces dirigeants de compagnie et d'institutions ont reconnu la pertinence de l'idée de la fusion tout en évoquant les obstacles d'exploitation, puis politiques et techniques à surmonter pour y arriver. Chacune de ces compagnies de l'Océan Indien exploite sous un actionnariat qui soulève le problème de sa nationalité et de sa souveraineté. Cette problématique est inhérente à l'identité même et aux statuts de ces compagnies aériennes où l'Etat est un actionnaire de référence. La politique aérienne de l'Océan Indien sera elle-même repensée et ceci exige une volonté politique et une refonte de textes pour aligner les priorités, les stratégies et les différents fondamentaux économiques de chaque île. Notons que les tarifs appliqués par les compagnies de l'Océan Indien font partie des plus chers au monde, "les plus chers au kilomètre", selon Jean Claude de l'Estrac.
L'objectif de cette conférence sur la connectivité aérienne était surtout d'initier chaque pays membre de la COI de la possibilité d'une stratégie commune en commençant par le secteur aérien pour remettre la région dans les rails d'une dynamique prise par le choix des pays émetteurs de grands nombres de touristes comme les Dragons du Sud-Est de l'Asie qui seraient les axes prioritaires de chacune des compagnies des îles de la COI mais aussi les axes traditionnels comme l'Europe et les Etats-Unis où l'éloignement a toujours été le handicap pour les compagnies de l'Océan Indien. La COI a tenu une feuille de route pour que les idées évoluent et elle proposé à chaque île et chaque compagnie de revoir les priorités pour s'ouvrir à d'autres projections.
Arvin Boolell, ministre mauricien des Affaires Etrangères, a quant lui exhorté tous les membres de sortir les quatre compagnies de l'étroitesse de leur marché actuel et de les mettre sur l'orbite de nouveaux marchés de grandes destinations touristiques comme l'Afrique continentale où le nombre de touriste a augmenté de 9% en 2012.
Alessandro Mariani, chef de la délégation de l'Union Européenne, a rappelé que la banque d'investissement européenne est justement prête à accompagner ce genre d'initiative car elle offre des prêts sur le secteur aérien en intervenant sur trois domaines : développement aérien, gestion de trafics aériens et acquisitions d'avions.
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