Le coût des accélérations dans les zones à haut risque, les nouvelles rubriques d'assurances liées à la nouvelle piraterie maritime, les primes pour l'équipage ajoutés aux frais de sécurité pour les sociétés de protection s'élèvent actuellement à 8,7 milliards d'euros sur le plan mondial. Ces frais sont supportés principalement par les armateurs qui transportent 90% des marchandises commerciales mondiales.
par Tsirisoa Rakotondravoavy pour le Journal de l'Economie
Frédéric Cuvillier, ministre français des Transports, a présenté un projet de loi en Conseil des ministres ce vendredi 03 janvier à Paris : celui de la loi permettant aux navires battant pavillon français de disposer à bord d'une présence d'agents de sécurité privée, et ce dans les zones considérées à risque dans le monde. Le gouvernement entend encadrer d'une manière "très stricte" ce dispositif et ne l'autoriser que seulement dans les "zones à haut risque" où l'usage de la force en cas de légitime défense et les conditions d'armement seront très contrôlées. Ce projet de loi sera prévu être débattu à l'Assemblée Nationale française au mois de février après ce passage en Conseil des ministres. L'objectif de cette loi est de protéger d'une manière légale les armateurs français qui sont obligés de garantir les marchandises auprès de leurs clients alors qu'ils passent par des zones où la piraterie fait légion.
En effet, depuis 2008, l'Etat français reçoit régulièrement une trentaine de demandes de protection par an. Des commandos et des fusiliers-marins ont été envoyés pour répondre à ces besoins, ils étaient jusqu'ici au nombre de 152 provenant exclusivement du personnel militaire de la Marine Nationale française. Ces envois ne satisfont malheureusement que 70% des demandes annuelles enregistrées.
Les armateurs, quant à eux, ont été obligés de trouver une parade pour se protéger. Ils ont tout simplement "dépavillonné" leurs navires pour pouvoir contourner le vide juridique français et engager des sociétés de protection privée pour leur sécurité. Le Bureau Maritime Mondial (BMI) a enregistré 230 attaques de pirates, rien qu'en 2013, contre 28 en 2010.
Une société dénommée Gallice Security a été créée il y a quatre par Frédéric Gallois, un ancien commandant du Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale française (GIGN) pour capter sur ce marché dans la zone de l'Océan Indien. Cette région du monde a été théâtre de plusieurs scènes de piraterie dont plusieurs territoires sont concernés : Ethiopie, Kénya, Madagascar, les Comores, les Seychelles et même l'île Maurice. Gallice Security emploie actuellement 20 anciens commandos de la marine française et d'autres anciens membres de forces spéciales de pays asiatiques, souvent victimes de la piraterie. Une équipe mobilisée sur un navire est payée entre 2.000 dollars et 3.000 dollars, par jour, suivant la nature et la durée de la mission.
Le coût des accélérations dans les zones à haut risque, les nouvelles rubriques d'assurances liées à la nouvelle piraterie maritime, les primes pour l'équipage ajoutés aux frais de sécurité pour les sociétés de protection s'élèvent actuellement à 8,7 milliards d'euros sur le plan mondial. Ces frais sont supportés principalement par les armateurs qui transportent 90% des marchandises commerciales mondiales. L'armateur français CMA-CGM, très présent en Afrique, déclare avoir une surconsommation de carburant de 20 millions de dollars par an, 5 millions de dollars pour la route de contournement et 3.500 dollars de primes de risque par voyage payée aux équipages. Son concurrent Maersk affiche lui aussi des surcoûts dus à la piraterie : un surcoût de 100 dollars en plus par container pour les marchandises en provenance de l'Afrique de l'Est et de l'Océan Indien, 50 dollars en plus par container pour le Golfe d'Aden, 20.000 dollars de primes d'assurances en plus par navire et par trajet.
0 Commentaires