Le programme Roll Back Malaria fait état actuellement d'un phénomène alarmant concernant les maladies à forte prévalence dans le monde, celui de la prolifération des faux médicaments. Au Sénégal, 42% des médicaments testés sont réputés faux ou ne présentent pas la qualité pharmacologique indiquée sur le contenant. A Madagascar et en Ouganda, le taux est respectivement de 30% et de 26%. Thermo Fisher Scientific propose le TruScan pour détecter les faux médicaments.
par Tsirisoa Rakotondravoavy pour le Journal de l'Economie
Le TruScan, fabriqué par Thermo Fisher Scientific
L'initiative Roll Back Malaria, littéralement faire reculer le paludisme, est appuyée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ce programme fait état actuellement d'un phénomène alarmant concernant les maladies à forte prévalence dans le monde, celui de la prolifération des faux médicaments. Ce programme associant l'OMS et le programme américain pour l'information sur la qualité des médicaments (Drugs Quality Informations - DQI) a fait son rapport sur des évaluations faites dans trois pays : le Sénégal, Madagascar et l'Ouganda. Le rapport de l'OMS en 2012 fait état de 207 millions de cas de paludisme dont 627.000 décès. Le taux de mortalité lié à cette maladie en Afrique reste élevé, à 49% contre 45% sur la moyenne mondiale.
Ces évaluations ont été appliquées dans ces trois pays sur un échantillon total de 197 médicaments antipaludéens connus à base d'artémisine et de combinaison de sulfadoxine-pyriméthamine. Le résultat de ces analyses est sans appel. Au Sénégal, 42% des médicaments testés sont réputés faux ou ne présentent pas la qualité pharmacologique indiquée sur le contenant. A Madagascar et en Ouganda, le taux est respectivement de 30% et de 26%.
Magali Babaney, conseiller technique auprès du programme Roll Back Malaria, précise "qu'il est impossible d'avoir des statistiques précises sur les faux médicaments étant donné que ceux-ci sont distribués hors des circuits classiques et homologués par chaque pays et que surtout, la législation est différente d'un pays à un autre concernant les faux médicaments." Il est même question de problèmes de qualité de certains médicaments dont l'OMS ignore la provenance réelle. Les experts sont par contre unanimes sur la qualification "criminelle" à adopter sur ce fléau qui frappe surtout les pays d'Afrique.
Le laboratoire Thermo Fisher Scientific propose le premier outil pour discerner les faux médicaments. Le processus se base sur un contrôle fait à partir d'un appareil portatif doté d'un logiciel capable de reconnaître la signature moléculaire de plusieurs antipaludéens homologués. La mémoire de cet appareil appelé TruScan est capable de stocker jusqu'à 13.000 types de ses signatures moléculaires provenant de fabricants officiels. Le TruScan est un premier pas, mais limité car ce nombre de signature ne couvre qu'un nombre limité sur les références de paludéens existant sur le marché. Le résultat sur un contrôlé jugé positif sur les faux médicaments sera considéré d'abord comme potentiel à défaut de certitude sur chaque référence chimique. L'US Pharmacopeia a déjà donné son avis positif après avoir testé le TruScan qui, pour eux, "est efficace dans l'authentification préliminaire de certains médicaments bien déterminés. Mais il ne peut pas être fiable pour trancher sans équivoque si un médicament est sous standard ou pas". Selon Magali Babaney, " les appareils du type TruScan ne permettent pas encore d'isoler toutes les impuretés, ni de faire des tests de dissolubilité des comprimés. Il faut qu'un comprimé soit dissout à une certaine vitesse pour que le produit soit libéré dans l'intestin. S'il est dissout trop vite ou trop tard, le produit ne marche pas, ce qui est un signe d'authenticité ou non. Détecter cela dépend de la qualité des appareils." Le TruScan est en amélioration constante et attend une autre version pour permettre d'affiner les résultats de tests qu'il délivre.
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