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C’est donc officiel. Mais cela ne fait pas encore la Une de la cyber-planète médiatique. La République populaire de Chine (RPC) est devenue la première puissance économique de la planète selon le Fonds monétaire international (FMI). Certes, l’instance financière mondiale ne se réfère qu’au « pouvoir d’achat réel », une méthode d’analyse de pertinence du PIB en valeur absolue liée au pouvoir d’achat, mais même les esprits les plus pinailleurs en conviennent : l’Empire du milieu a dépassé l’Oncle Sam sur le podium de la superpuissance. Dans un contexte de mondialisation effrénée, cette information est un formidable séisme. Même si, rappelons-le, la Chine a déjà été la première puissance économique mondiale jusqu’à la fin du 19ème siècle avant de céder cette place au Royaume-Uni puis aux Etats-Unis à partir de 1872. La fin de l’imperium absolu américain sur l’économie mondiale avait déjà été pronostiqué depuis des années par des analystes visionnaires (Napoléon repris par Alain Peyrefitte « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera », Fayard, 1973).
Mais maintenant que le leadership mondial a changé, quelles conséquences directes doit-on espérer (ou craindre) ? A court terme, pas grand-chose de révolutionnaire. Devenu banquier du monde alors que la Russie commence à payer l’aventure ukrainienne et que la chute des cours pétroliers chatouille les pétromonarchies, Pékin devrait déjà donner de la voix sur les marchés financiers et surtout celui des changes. La monnaie d’un pays étant son passeport économique, la Chine devrait continuer à maintenir une souveraineté totale sur le taux de change de sa devise, le yuan, jugé artificiellement sous- évalué par de nombreux experts. Mais, en revanche, cette nouvelle symbolique de leadership devrait faire taire les derniers détracteurs de l’entrisme tous azimuts des opérateurs chinois à l’étranger. On ne traite pas les investisseurs de la première puissance économique mondiale avec les mêmes égards que ceux d’un pays en développement, celui-ci fût-il exponentiel. C’est donc dans l’ordre du symbole géo-diplomatique que cette nouvelle devrait être accueillie dans les opinions publiques, notamment occidentales, déjà résignées par la désindustrialisation de leur pays respectif. Pour preuve, la très faible réaction des médias français à l’annonce du rachat de 50% de la gestion de l’aéroport de Toulouse par un fonds d’investissements chinois. Toulouse, la capitale européenne de l’industrie aéronautique européenne avec Airbus, déroule le tapis rouge aux partenaires chinois. Un exemple d’investissement hautement stratégique parmi des centaines d’autres en France mais aussi dans l’Union européenne et aux USA. Sans parler d’une accélération de la mainmise quasi systématique sur les richesses du continent africain. Toutes ces offensives dans le Monopoly mondial ont un point commun : elles doivent recevoir l’aval des caciques du Parti unique et sont autorisées par les gardiens du temple de de la « mondialisation ». En Occident les zélateurs politiques et médiatiques seront désormais obligés de repenser la doxa de la « pensée unique » : la fin du communisme ne date pas du 9 novembre 1989. Les émules de Marx et de Mao doivent au contraire sabrer collectivement le champagne en cette fin d’année 2014 : le communisme international a gagné. Il fabrique et dirige le monde. Au Conseil de sécurité, dans le panier de la ménagère, à la City, à Wall Street et, de façon imminente, dans les nouvelles technologies qui vont régir le nouveau siècle. . Un marché, deux systèmes : l’un communiste « libéral », le second libéral, ce crédo est béni par l’Organisation mondiale du commerce. Une « révolution culturelle » s’impose à ceux qui doutent de l’équité de ce système à deux vitesses.
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