Quand le ventre fermente, et que le coeur était à la fête

Tableau de la consommation alimentaire des pays de la Commission de l'Océan Indien (COI) en 2009 - Données par tonne : COI



 Journal de l'Economie | Andriamasy 
  


ANTANANARIVO, 20/07/2016 (journaldeleconomie.com) -- Selon la taxinomie, la consommation porte sur des biens pour répondre à des besoins. Ainsi on peut donc diviser la consommation en plusieurs catégories afin de représenter sa structure, sa composition selon le type de biens consommés ou le type de besoins à satisfaire. Ces biens s’appuient sur des nomenclatures partout dans le monde à savoir les biens de l’agriculture, de la pêche, les services et les biens des industries, les biens durables et non durables. Mais ce qui intéresse le citoyen lambda, lassé par les discours des intéllos inertes, reste le classement par fonctions qui relèvent de différents découpages à savoir : l’alimentation, l’habillement, l’équipement, la santé, les transports et les loisirs.
La structure de la consommation des ménages décrit la répartition de leurs achats entre les différentes catégories des postes dépenses. Cela nous mène à la part d’un poste de dépense en rapport avec la consommation effective et son évolution. On ne s’étalera pas sur le panier moyen grevé par l’inflation, vu que cela implique une synthèse détaillée de l’INSTAT (Institut national des statistiques - Madagascar) en accord avec le ou les ministères de tutelle, ce travail de longue haleine nécessitera beaucoup de compromis et de complaisance auprès des institutions concernées. Toutefois, le paradigme « structurel » devenu leitmotiv de nos dirigeants nous mène à poser certaines questions.

Tout d’abord la mutation structurelle de la consommation : au cours du temps en se référant au tableau fourni par la Commission de l’Océan Indien (COI) sur la consommation alimentaire dans la zone en 2009, Madagascar consomme 374.400 tonnes de légumes frais, 1.158.485 tonnes de fruits frais, 2.977.803 de racines alimentaires, mais domine largement le classement des pays de l’Océan Indien avec sa consommation de viande et dérivés de 295.449 tonnes. Cependant, les chiffres concernant le lait et les produits laitiers s’élèvent à 13.599 tonnes. A ce rythme, « pour rester en bonne santé, manger cinq fruits et légumes par jour » sera pas le crédo de demain en comparaison aux chiffres de nos voisins îliens.
Dans la continuité de la lecture de ce tableau datant de 2009, la consommation des produits de la mer, les malagasy seraient aisément au tableau d’honneur en affichant les quelques 114.678 tonnes soit environ neuf fois plus qu’un mauricien et douze fois plus que les réunionnais. Depuis 2009, année du « neuf », cette structure a muté suite à deux types de facteurs communs qui sont le niveau de vie et la transformation de l’économie et de la société.

Des études empiriques ont démontré que la variation (comprenons par ceci une hausse ou une baisse) du niveau de vie des ménages entraine une déformation de la structure de leur consommation (Lois d’E.Engel). Cette loi énonce que lorsque le niveau de vie est bas, ce sont les besoins prioritaires qui sont satisfaits en premier. Puis au fur et à mesure que le niveau de vie augmente et que les besoins essentiels sont peu à peu satisfaits, la consommation se porte sur les biens moins indispensables. La diarrhée et les maladies des nouveaux nés représentent respectivement 28% et 10,2% des cas d’admission dans les Centres hospitaliers de la capitale. Conclusion hâtive oblige, les soins et l’hygiène ne seraient pas prioritaires « au pays des enfants où c’est tous les jours le printemps » de la jeunesse ?

Aussi nous attendons-nous à des transformations économiques  et stratégiques sur le marché en matière d’innovation, d’abaissements des coûts, de pression fiscale favorable, de redistribution des revenus, mais d’autre part, d’une mutation profonde de la société par son urbanisation, des progrès de l’instruction afin de réduire cet effet d’élasticité qui risque à un moment de lâcher.  Bref, d’un Etat providence…toute une chanson quand le ventre fermente et que le cœur était à la fête.

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