Europlace veut attirer 20.000 financiers britanniques à Paris

Paris, Place de la Bourse

Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy


PARIS - 03/01/2017 - Appuyée par le lobby Europlace, la ville de Paris entend attirer jusqu'à 20.000 travailleurs du secteur financier et banquier de Londres. L'exode commence à s'accélérer depuis quelques semaines à mesure que le Royaume-Uni engage le processus de retrait de l'Union européenne.

Paris fera valoir sa position auprès des dirigeants financiers de Londres lors d'une série de rencontres organisées au mois de février, alors qu'elle rivalise de talent avec ses concurrentes comme Francfort et Milan. Les arguments d'Europlace démontrent la position exceptionnelle de Paris qui emploie déjà plus de 180.000 financiers européens, en abritant le plus grand marché obligataire de la zone. La capitale française dispose également du deuxième plus grand pool de gestionnaires d'actifs d'Europe.

L'effet Brexit commence ainsi à se faire sentir d'autant que le Premier ministre britannique Theresa May prévoit d'engager le début des négociations avec l'Europe d'ici fin mars. Plusieurs banques ont informé Theresa May qu'ils vont bientôt commencer à transférer des opérations et des emplois du Royaume-Uni vers d'autres pays de l'union européenne, surtout si elle ne leur facilite pas l'accès au marché britannique.

"Nous pensons que les décisions seront prises au premier semestre de cette année", a déclaré Arnaud de Bresson, directeur général d'Europlace, lors d'une interview à Londres. "Nous constatons que les institutions accélèrent leur processus de réflexion".

Des dirigeants de banques établies au Royaume-Uni ont d'ores et déjà communiqué leur volonté d'établir leurs sièges ou leurs filiales dans des pays de l'UE depuis le vote du Brexit, dont le processus final est fixé pour 2019. Theresa May a annoncé vouloir mettre en place le meilleur accord possible avec les banques, mais n'a pas détaillé son plan. Par ailleurs, elle refuse d'endosser pleinement les charges de la phase de transition du Brexit.

La HSBC a déjà déclaré avant le référendum de l'an dernier qu'elle prévoyait déménager 1.000 employés de Londres à Paris si les électeurs appuyaient le Brexit. La Citigroup envisageait également de déplacer une partie de ses actifs et intérêts à Francfort. Le lobby CityUK a quant à lui averti que près de 70.000 emplois seront touchés par le Brexit.
Profitant de cette vague, Europlace soutient que Paris est la mieux placée parmi d'autres villes concurrentes pour ravir à Londres la couronne de place financière européenne. Il met en avant la capitale française comme le hub de l'Europe continentale pour les échanges et dérivés. Quelques 141 milliards de dollars d'actifs et de produits financiers changent de mains tous les jours en France . Ce qui est relativement éloigné des 1.180 milliards de dollars qui s'échangent quotidiennement au Royaume-Uni.

Mais Paris présente actuellement les compétences requises, contrairement à Francfort employant moins de 100.000 personnes dans la finance et de Dublin 30.000 personnes. Un autre atout de Paris aux yeux d'Europlace est que les grandes entreprises françaises sont généralement basées à Paris, tandis que les allemandes sont absentes de leur pays.

Bien que la France abrite certaines des plus grandes banques d'Europe, comme la Societe Générale et BNP Paribas, elle a longtemps été en retard par rapport au Royaume-Uni et à l'Allemagne, deux hubs financiers majeurs en Europe. Le pays est perçu comme hostile aux activités financières et se classe 29ème dans l'indice des centres financiers mondiaux, juste au dessus de Casablanca. Même sa place boursière, Euronext, est menacée par la prise de contrôle par la Deutsche Boerse AG appartenant au London Stock Exchange Group (LSE), opérateur dominant sur le marché européen.

Les lois sur le travail imposées en France ont également mis à l'écart les banques européennes, qui apprécient les semaines de travail plus longues et un régime d'emploi qui facilite l'embauche et le licenciement. Arnaud de Bresson a ainsi déclaré qu'Europlace va pousser les législateurs français à assouplir les textes sur le travail.

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