"Trumperie" de Marine Le Pen : La France n'est pas l'Amérique

Marine Le Pen a cru au succès de la posture agressive chère à Donald Trump. Illustration : The Economist. 



Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy 

PARIS - 04/05/2017 - Débat pollué, belliqueux, d'un niveau intellectuel indigne. Voilà le résumé de ce que les téléspectateurs ont assisté lors du débat télévisé pour le second tour de l'élection présidentielle française entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Dès les premières phrases, les attaques et les invectives de Marine Le Pen, parsemées de ricanements, ont haché les vrais sujets jusqu'au bout des 2h30 de débat, quitte à ce qu'elle prenne le risque d'omettre de détailler son propre programme, qui n'en est d'ailleurs pas un selon les économistes. Elle a jeté par terre la posture du "présidentiable" et a endossé l'armure de l'underdog de la politique qui a réussi outre-Altantique à Donald Trump. Qu'on ne s'y trompe pas : la France n'est pas l'Amérique, et les mensonges de Marine Le Pen, dont quelques uns sur l'économie française et l'Europe sont inscrits à la fin de cet article, n'y pourront rien.


Thomas Friedman, éditorialiste du New York Times, auteur du best-seller "La Terre est Plate" et du récent ouvrage à succès sur l'accélération du monde "Merci d'être en retard", a interpellé récemment les français après la victoire surprise de Trump aux Etats-Unis. Les propos de Friedman, triple Prix Pulitzer, ont été cités dans le magazine Challenges : "Je me suis longtemps moqué des français, aujourd'hui je les admire dans leur ancrage à la vie, leurs 35 heures, leur refus de travailler comme des chiens, leurs villages, leurs conversations et leurs petits magasins. Ils ont tout compris". Ce spécialiste des relations internationales a prédit très tôt l'accession inéluctable du Front National au second tour mais aussi sa défaite, comme celle de l'extrême droite aux Pays-Bas. "Le reflux des destructeurs nationalistes permettra à l'Europe de se réparer, le monde en a besoin", a-t-il déclaré.

Mensonges et tromperies de Marine Le Pen

"Votre Union européenne, c'est 9 milliards d’euros par an", Marine Le Pen

Selon deux sources, le Parlement européen et la loi de finances pour 2017, la contribution de la France au budget de l'Union européenne est de 4,5 milliards d'euros en 2015, additionnée de 1,6 milliards d'euros de droits (douane, ...) et de cotisations (produits agricoles, matières premières, ...) la même année. La contribution totale est de 6,1 milliards d'euros, loin des 9 milliards affirmé par Marine Le Pen.

"L’euro a eu des conséquences très lourdes sur le pouvoir d’achat des français. Sa mise en place a entraîné une augmentation spectaculaire des prix", Marine Le Pen

Selon la courbe fournie par l'Insee, l'augmentation de l'indice des prix à la consommation ne présente aucune rupture depuis 2000. Depuis 1990, cette courbe augmente de manière presque linéaire, suivant l'indice mondial moyen, contrairement à "l'augmentation spectaculaire" évoquée par Marine Le Pen. Les seules ruptures connues sur l'indice des prix étaient liées aux deux crises pétrolières des années 70 et 80.

"Le CICE, vous l’avez donné en priorité aux grands groupes", Marine Le Pen

François Hollande a mis en place en 2013 le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Selon le ministère de l'Economie en janvier 2016, 18,6 milliards d’euros de CICE ont été accordés aux entreprises qui en avaient fait la demande, dont 48% sont des TPE et PME (en 2014), 22% des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et 30% des grandes entreprises.

"Vous n’avez pas baissé les charges des PME", Marine Le Pen

En 2013, 3 millions d'entreprises, dont seulement 205 grands groupes, ont bénéficié de réduction des cotisations sociales diverses. 90% des salariés bénéficient aujourd'hui de l'allégement des cotisations sociales patronales prévues par le pacte de responsabilité et le CICE (cotisations sociales et familiales).

"L’économie britannique ne s’est jamais aussi bien portée que depuis que les britanniques ont décidé de reprendre leur liberté", Marine Le Pen

L'économie britannique a connu une croissance de 2%, imputable à l'exercice 2015-2016. Le référendum a eu lieu en juin 2016 et les négociations sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE ont été enclenchées en mars 2017.

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