Afrique - BAD : propos du président, statistiques, perspectives


Le nigérian Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine pour le Développement (BAD), a émis des propos positifs quant aux perspectives de croissance des pays du continent pour 2019. Il a toutefois mis en garde les gouvernement sur l'insuffisance de ces croissances dans la pérennisation de la dynamique économique africaine et la lutte contre les inégalités. Akinwumi Adesina a également rappelé l'importance des investissements dans les infrastructures pour soutenir l'économie africaine.





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"La situation du continent est bonne. Les performances économiques générales de l’Afrique continuent de s’améliorer, le taux de croissance du produit intérieur brut étant estimé à 3,5 % en 2018, soit un taux comparable à celui de 2017 et en hausse de 1,4 point de pourcentage par rapport aux 2,1 % enregistrés en 2016.





La croissance économique africaine devrait s’accélérer dans les années à venir pour atteindre 4 % en 2019, et 4,1 % en 2020. Si elle est plus élevée que celle des autres pays émergents et en développement, il n’en demeure pas moins qu’elle reste insuffisante pour faire face aux défis structurels que constituent les déficits courants et budgétaires persistants et la vulnérabilité de la dette. Le défi est donc double : améliorer la trajectoire actuelle de la croissance et la rendre plus créatrice d’emplois.





Les Perspectives économiques en Afrique 2019 soulignent que la stabilisation macroéconomique et les résultats en matière d’emploi sont meilleurs lorsque l’industrie tire la croissance, ce qui suggère que l’industrialisation est un vecteur puissant de création rapide d’emplois. Or, les économies africaines se sont désindustrialisées. Des changements structurels sont certes en cours mais au travers de la montée en puissance du secteur des services, qui se caractérise par l’informalité, sa faible productivité, et son incapacité à créer des emplois décents. Pour éviter le piège de l’informalité et le chômage chronique, l’Afrique doit s’industrialiser et créer de la valeur ajoutée pour ses abondantes ressources agricoles et minérales, et ses autres ressources naturelles. La décision sans doute la plus importante prise par les dirigeants politiques africains l’année dernière aura été leur volonté collective de faire avancer l’intégration économique de l’Afrique. Une Afrique sans frontières n’est pas seulement un idéal politique. Elle pourrait également constituer le fondement d’un marché continental concurrentiel pour accélérer la croissance et rendre le continent plus compétitif dans le commerce mondial et les chaînes de valeur. Elle permettrait le développement d’industries transfrontalières, offrant ainsi des économies d’échelle aux investisseurs opérant alors dans de larges marchés intégrés. Elle stimulerait la compétition entre les entreprises, augmenterait leur productivité, et faciliterait la croissance des petites entreprises, ainsi que l’émergence de grands conglomérats africains. Elle contribuerait à éliminer les situations de monopole tout en renforçant les retombées transfrontalières entre les pays côtiers et les pays enclavés. Bien plus encore, l’intégration régionale peut améliorer la sécurité régionale, car l’expansion du commerce international s’accompagne souvent d’une baisse des conflits.





Afrique : Taux croissance économique annuelle par pays en 2018. (BAD)




Les Perspectives 2019 montrent que les pays ne bénéficient pas de manière égale des dividendes de l’intégration régionale, d’où des incitations et des engagements qui varient en fonction de la situation des pays. Néanmoins, les pays africains seraient tous mieux lotis s’ils étaient plus intégrés.





Il est encourageant de constater que les évolutions actuelles vont dans la bonne direction. La troisième édition du rapport consacré à l’indice d’ouverture sur les visas en Afrique 2018 récemment parue, et également publiée par la Banque africaine de développement en collaboration avec la Commission de l’Union africaine, montre que les pays africains sont globalement en train





de s’ouvrir davantage les uns aux autres. Toutefois, le fait que les Africains aient encore besoin de visas pour se rendre dans un peu plus de la moitié des autres pays africains souligne que des progrès supplémentaires sont nécessaires pour faire de la libre circulation des personnes une réalité sur tout le continent. Les Perspectives de cette année offrent de nouvelles analyses qui viennent à point nommé pour montrer comment les économies africaines s’intègrent, comment les biens publics régionaux font progresser l’intégration au-delà du domaine purement économique et comment l’accord sur la zone de libre-échange continentale peut apporter des gains substantiels pour tous les pays africains. Les pays africains devraient travailler encore plus étroitement ensemble afin de construire de concert un avenir commun de richesse et de prospérité".


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