Editorial de Tsirisoa : Se réinventer, et aimer la vie, face à l'inconnu



En cette période morose qui frappe pratiquement tous les pays, nombreux se posent la question sur ce qu'ils devraient faire dans le relatif isolement, coupés des circuits quotidiens et de la routine. Pour ma part, sans verser dans la théorie du slowdown, je me hasarde à vous livrer ici quelques pistes et questionnements. N'avons-nous pas été assez grands pour avoir inventé l'écriture ?

N'avons-nous pas été assez géniaux pour avoir créé la technologie ? Ne serions-nous pas assez exceptionnels, encore une fois, pour nous réinventer nous-mêmes ? Pour aimer de nouveau, nous aimer nous-mêmes et davantage aimer "l'autre" ? Pour reporter pour un peu plus tard notre frénésie à exister par rapport aux choses, mais aller vers "l'autre", écouter la nature et aimer, tout simplement, la vie ? Ecouter, visionner, écrire, lire, dessiner, inventer, partager, ... Autant de mots que nous avions oublié, par habitude ou dans l'asservissement du temps et des choses, mais qui se révèlent utiles, voire libérateurs, en ces temps difficiles, face à l'adversité de ce virus, cet autre inconnu.

Face à l'adversité, le génie se réveille...

Dans la situation d'isolement, une contrainte impensable pour nous qui avions été libres, notre être est capable de génie insoupçonné. Les découvertes d'Albert Einstein n'auraient été utiles sans ceux qui ignoraient ses théories. La relativité n'est rien sans l'autre élément, l'autre particule, l'autre système. Pablo Picasso se serait enterré dans un ennui infernal sans son rival, Henri Matisse, les deux s'inspirant l'un sur l'autre dans leur génie créatif, dans un estime mutuel parsemé d'une détestation partagée. Emily Dickinson avait écrit des centaines de poèmes pour des personnes avec qui elle correspondait, tout en menant une vie recluse...

... en temps voulu...

Depuis quelques jours, dans l'isolement, les habitants de Milan, de Rome, de Naples et d'ailleurs ont réinventé, sur leurs balcons, le partage. Spontanément, "aller vers l'autre" y est devenu essentiel, comme pour maintenir en vie l'être social qui vit encore en chacun d'eux et qui se nourrit de l'espoir d'un lendemain de partage. Chansons, musiques, lectures, tout est utile pour cette lutte intérieure, pour exister, pour espérer.




Et nous, pour demain ou pour un autre jour, j'ose espérer, comme le soleil du lendemain, cette promesse éternelle, nous irons à l'essentiel. Qui étions-nous ? Où allons-nous ? Qu'avons-nous fait de nous, de notre planète, de notre génie ?



J'ose espérer que chacun regardera le ciel, comme les anciens l'ont fait, dans leur moment difficile à eux, en se disant :


"J'ose espérer, que de ses mains, il créera, pour lui, pour les autres. Ecouter, lire, écrire, partager, inventer, pour maintenant, pour demain, ou un peu plus tard".
Car le génie, auquel on aspire ou l'on prétend être, est là. Il est à la fois le passé, le présent et l'héritage de demain. Pour nous. Pour l'Autre.

A demain.



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