Chômage : la bombe qui menace la planète


L'Organisation Internationale du Travail (OIT) fait un constat alarmant sur le niveau de chômage atteint sur tous les continents depuis le début de propagation du Covid-19. Sur les 3,3 milliards de personnes actives, 4 sur 5 seront touchés par la fermeture partielle ou totale d'entreprises ou d'activités. une situation inédite depuis la Seconde Guerre Mondiale. Voici une première projection par continent.





L'OIT suit de près le développement de la situation de l'emploi dans le monde à travers les activités économiques mondiales depuis les premiers signes de l'effet Covid-19. Globalement, l'arrêt des activités des travailleurs se divise en deux groupes : chômage partiel ou arrêt total d'activités. Les cas varient selon le régime du droit de travail de chaque pays et sa situation économique mais, globalement, l'effet Covid-19 sur l'emploi n'épargnera aucun pays. Ainsi, à la mi-mars, l'évaluation de l'OIT prévoit pour le mois de février un chiffre de 25 millions de nouveaux chômeurs en plus des 190 millions recensés formellement. Mais ce chiffre évolue très vite et ne prend pas en compte les dégâts du mois de mars et du second trimestre 2020.





Repères





"La pandémie évolue avec une telle ampleur et c'est sur des situations très disparates que nous nous basons désormais sur les heures effectuées", a expliqué Guy Ryder, le directeur général de l’OIT. Chômage partiel, baisse d’activité, licenciements… Les entreprises de chaque pays s'adaptent suivant leur législation pour atténuer le choc pour les travailleurs, mais également pour ne pas arrêter leurs activités. L'OIT estime de manière globale que 6,7 % des heures de travail disparaîtront au second trimestre, correspondant à 195 millions d’équivalents temps plein pour une semaine de 48 heures, dont 125 millions en Asie, 24 en Amérique et 20 en Europe. "Du jamais vu ! Le choc est immédiat. Pendant la crise de 2008, l’augmentation du chômage, aussi très importante, a pris du temps", a confirmé Stefano Scarpetta, directeur de la division emploi et affaires sociales de l’OCDE.





Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Aux Etats-Unis, on dénombre 10 millions de nouveaux chômeurs inscrits pour les deux dernières semaines d'avril, contre le pic de 800.000 en 2008 lors de la crise financière. Au Canada, 2,13 millions se sont inscrits sur la même période. En Grande-Bretagne, 950.000 nouveaux enregistrement aux deux dernières semaines de mars, dix fois plus que la normale. En Europe, qui dispose de filets de sécurité comme protection de l'emploi, le chômage partiel a explosé avec 500.000 nouvelles demandes d'entreprises en mars en Allemagne, vingt fois plus qu'en un mois lors de la crise de 2008. En France, plus d'un quart du privé est touché avec 5,8 millions de salariés.





Les pays en développement essuient également les premières pertes d'emplois avec un premier constat de 20 millions de nouveaux chômeurs avancé par l'Union Africaine et de nouveaux endettements qui aggravent la situation du continent. L'Afrique et l'Inde où 90% de l'emploi sont informels constituent une menace réelle pour leur économie. Ces travailleurs, qui n'ont aucune forme de protection sociale ni pour le chômage ni pour la santé, seront livrés à eux-mêmes dans les semaines à venir.





Activités économiques dévastées





Au minimum, l'OIT estime que 1,25 milliards d'emplois seront touchés par l'effet Covid-19 dans le monde, avant la fin de l'année 2020, sur des pans entiers de l'économie mondiale, les plus exposés actuellement : les transports, le tourisme (hôtellerie et restauration), toute l’industrie manufacturière, et le commerce lié à la consommation. Ce sont généralement des secteurs impossibles à gérer avec les alternatives qui se développent actuellement, comme le télétravail pour le secteur des services (informatiques, médias, e-commerce, services dématérialisés, ...).





Guy Ryder a déjà souligné avant le dernier rapport de l'OIT que le Covid-19 a mis en évidence la fragilité de l'économie mondiale et des mécanismes disponibles qui ne pourront plus faire face aux risques à venir (virus et pandémie, climat, fracture sociale planétaire, ...)


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