Think Tanks : à la solde des grandes entreprises ?




Un rapport publié par l’Observatoire des Multinationales soutient que derrière l’apparence d’un « marché des idées » égalitaire et ouvert à tous, des think tanks évoluent en faveur des acteurs disposant des moyens financiers les plus conséquents, à savoir les grandes entreprises. 

Cela vaut même pour des think tanks historiquement ancrés à gauche, selon le rapport qui note, en outre, que le rôle des thinks tanks s’est renforcé à mesure que les gouvernements réduisaient les crédits à la recherche publique et menaient des politiques de réduction du nombre des fonctionnaires, privant les administrations des compétences internes nécessaires pour mener leurs missions.

Les think tanks sont pourtant devenus des acteurs majeurs du débat politique. Mais leurs liens privilégiés avec le monde des affaires et l’absence d’une régulation adéquate contre les abus en font aussi des véhicules de lobbying particulièrement commodes. Les politiques de financement et de recrutement des think tanks et leur collaboration avec les grands groupes et des responsables politiques en feraient des viviers de conflits d’intérêts. Les liens d’intérêts sont rarement explicités comme tels alors que les personnalités de think tanks sont cesse appelées à s’exprimer dans les médias ou dans des événements publics.
 
« Pour les entreprises, les think tanks sont un outil de lobbying très spécifique qui permet d’influencer indirectement ou directement les décideurs principalement à travers le cadrage et le filtrage du débat public et médiatique », développe OM dans son rapport. Des sujets à débattre et qui feront la une des médias, aux données sur lesquelles l’on se basera, en passant par les questions qui seront posées et les options envisagées, les éléments de base sont parfois choisis sous l’influence des grands groupes, « derrière une apparence d’objectivité intellectuelle et de recherche de l’intérêt général ».

Ainsi, le rapport soutient que les think tanks doivent être soumis aux mêmes règles de transparence et de déontologie que la plupart des autres acteurs du lobbying et des structures d’expertise jouant un rôle dans les décisions publiques. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, en effet. La plupart des think tanks ne sont pas inscrits dans les registres de transparence du lobbying, et il n’y a pas d’obligations de transparence ni sur les liens financiers entre entreprises et think tanks, ni sur les liens d’intérêts des « expert·e·s » que ces derniers mobilisent.

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