Le groupe français Sanofi était entré en négociations avec le fonds CD&R pour lui revendre ses activités dans les médicaments sans ordonnance – dont la célèbre petite boîte jaune du Doliprane. Une nouvelle qui a suscité nombre de débats et de commentaires.
CD&R est une entreprise spécialisée dans le capital-investissement (private equity). Et selon les détracteurs de ce projet de reprise, « cette opération fait revenir le spectre d’affaires précédentes où des fleurons industriels tricolores ont été vendus à des intérêts américains avec la complaisance, si ce n’est la complicité active, des plus hautes sphères de l’État ».
Si la firme américaine n’est sans doute pas le plus rapace des fonds qui sévissent aujourd’hui dans son secteur d’activité, il n’en reste pas moins que son modèle est fortement critiqué notamment le rachat des entreprises en contractant des dettes importantes (le fameux LBO pour leveraged buy-out) pour se rembourser un peu plus tard après avoir restructuré l’entreprise pour la rendre plus profitable et la revendre ensuite avec une forte plus-value.
« CD&R n’achète Opella, la filiale dédiée aux médicaments grand public de Sanofi, que pour quelques années tout au plus, et les salariés ont raison de s’inquiéter (tout comme les consommateurs) »,
a-t-on soutenu avant de noter que de ce point de vue, il n’est pas sûr que la solution alternative d’une reprise par le fonds de private equity français PAI Partners, appuyée par les fonds souverains singapourien et émirati, soit beaucoup plus prometteuse.
A savoir pourtant que Clayton, Dubilier & Rice (CD&R) est présenté par les spécialistes comme la référence même dans son domaine. L’entreprise met en avant ses « équipes de direction exceptionnelles » qui travaillent à bâtir « de grandes entreprises qui génèrent de la valeur à long terme ».
La société affirme investir dans des entreprises d'un large éventail de secteurs en Amérique du Nord et en Europe, notamment les services aux consommateurs et de détail, les services financiers, la santé, les services industriels et commerciaux et la technologie.
Et son approche est qualifiée d’innovante pour « une connectivité sectorielle approfondie, une expertise et une capacité opérationnelle » à chaque secteur dans lequel elle investit.
Depuis sa création en 1978, CD&R a déjà investi dans quelque 90 entreprises, comme Hertz, Lexmark, le fabricant de pneus Goodrich ou encore Fedex, avec 57 milliards de dollars (52 milliards d’euros) d’actifs sous gestion en 2023.
Et la France n’est pas un pays nouveau pour le fonds. En 2003, il a mis la main sur Culligan, le spécialiste du traitement de l’eau à Veolia, pour 610 millions de dollars.
Depuis, CD&R a réalisé d’autres investissements dans l’Hexagone. On sait en outre qu’il est présent dans le capital de Conforama et de But, via Mobilux, une filiale qu’il détient avec l’autrichien XXXLutz.
Il a également été au tour de table de Rexel, un fabricant d’équipement électrique, de Spie, une société d’ingénierie ou encore de Socotec, un spécialiste de l’inspection industrielle, dont il détient toujours 29 % du capital.
Quant à Opella, le groupe est vu par certains analystes comme un moyen pour le fonds de retirer le maximum de cash le plus rapidement possible...
« Les milliards d’euros promis par CD&R serviront à ce qui est maintenant le cœur du métier du groupe comme de toutes les autres multinationales du médicament : spéculer sur les molécules les plus prometteuses »,
arguent les plus farouches détracteurs de l’opération.
Notons enfin que l’offre de 15 milliards USD de CD&R est concurrencée par celle du fonds français PAI Partners.
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