Après les décisions prises pour l’acier, l’aluminium, le champagne ou le vin, les Etats-Unis ont acté l’imposition de 25 % de droits de douane supplémentaires sur toutes les automobiles fabriquées hors du pays à partir du 2 avril prochain. Une initiative qui va reconfigurer sensiblement le marché mondial de l’automobile.
La décision de l’administration Trump porte à 27,5 % les taxes sur les importations de véhicules (les 2,5 % déjà existants plus ces 25 %). L'annonce a provoqué d'importantes réactions à travers le monde, la moitié des 16 millions de voitures vendues aux États-Unis étant issus de l'importation. Les spécialistes du secteur sont de plus en plus nombreux à monter au créneau pour commenter les premiers effets de cette mesure au marché.
On sait ainsi que dans la foulée, les constructeurs japonais ont dévissé en bourse. Le secteur constituait l’an dernier 28 % des exportations nippones, soit 1,35 million de véhicules pour 40 milliards de dollars. Le Mexique et le Canada, qui représentent respectivement 16,2 % et 7,2 % du marché américain, seront également parmi les plus touchés. Du côté de l’Europe, l’Allemagne est présentée comme la plus désavantagée. Berlin est le plus gros pourvoyeur de voitures de luxe pour le marché américain.
Selon l’institut allemand de la statistique Destatis, l’Allemagne, premier exportateur mondial d'automobile, a écoulé 13,1 % de ses voitures aux Etats-Unis en 2024. La France, elle, n’est que très peu touchée, ses véhicules ne représentant que 0,1 % des importations américaines. Toutefois, le ministre français de l'Économie, Eric Lombard, a tenu à critiquer vigoureusement la décision américaine, alors que la filière automobile française traverse déjà une crise sans précédent. Depuis des mois les constructeurs hexagonaux sont impactés par le ralentissement des ventes de véhicules, notamment électriques, et la concurrence des acteurs chinois, en Chine comme en Europe.
Il a été rapporté également que plusieurs plans sociaux vont être lancés en France chez les sous-traitants automobiles. Michelin a fait savoir son intention de fermer deux usines (1 250 emplois menacés), Valeo prévoit de supprimer 1 000 postes sur huit sites français. La Fonderie de Bretagne, dont 95 % du chiffre d'affaires est réalisé par Renault, est menacée de fermeture (350 emplois). L’entreprise Amis est également sous le coup d’une procédure de redressement judiciaire.
Mais il y a aussi la montée en puissance de la Chine. Avec plus de 30 millions de véhicules électriques produits chaque année depuis deux ans, soit un tiers de la production mondiale, la Chine domine de plus en plus l’industrie automobile. Cette ascension fulgurante est abondamment commentée par les spécialistes qui rappellent que le géant asiatique comptait encore peu dans ce secteur il y a seulement quelques années. Rappelons enfin que Toyota conserve sa place de numéro un mondial de l’automobile pour la cinquième année consécutive, devant son rival allemand Volkswagen. Le géant japonais a écoulé l’an dernier 10,8 millions de voitures, un chiffre cependant en recul de 3,7 %. Volkswagen n’en a vendu qu’un peu plus de 9 millions (- 2,3 %).
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