Financement durable : l'Afrique en mode lobbying

À l’occasion de la Journée de l’Afrique à la COP 30, le continent a mis en avant le thème « L’Afrique à l’avant-garde de l’action climatique : un financement durable pour une croissance verte résiliente et inclusive », réaffirmant son engagement en faveur d’un financement climatique au service des populations, de la planète et de la prospérité.


À l’occasion de la Journée de l’Afrique à la COP 30, le continent a mis en avant le thème « L’Afrique à l’avant-garde de l’action climatique : un financement durable pour une croissance verte résiliente et inclusive », réaffirmant son engagement en faveur d’un financement climatique au service des populations, de la planète et de la prospérité. 


L’événement, organisé le 11 novembre dernier à Belém, a réuni des ministres, des partenaires au développement, ainsi que des représentants de la Commission de l’Union africaine, de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), du Groupe de la Banque africaine de développement et d’Afreximbank, aux côtés de membres de la société civile et de la jeunesse. Dix ans après la signature de l’Accord de Paris, les engagements climatiques peinent encore à répondre à l’ampleur des défis auxquels le monde fait face. Les objectifs de limitation du réchauffement climatique s’éloignent, les financements restent en deçà des besoins, et l’écart entre les promesses et les actions ne cesse de se creuser. Pour l’Afrique qui abrite 20 % des puits de carbone mondiaux, n’émet que moins de 4 % des gaz à effet de serre et ne reçoit que moins de 10 % des financements pour l’adaptation et seulement 3 % des financements climatiques globaux, les enjeux sont tout simplement vitaux. 


S’appuyant sur les conclusions du deuxième Sommet africain sur le climat, de la Déclaration d’Addis-Abeba et de l’Appel à l’action, la Journée de l’Afrique à la COP 30 a réaffirmé avec force un message clair : le financement climatique doit être à la hauteur des priorités et des besoins du continent. Le Commissaire chargé de l’Agriculture, du Développement rural, de l’Économie bleue et de l’Environnement durable de la Commission de l’Union africaine, Moses Vilakati, a réaffirmé l’unité du continent et son rôle moteur dans la lutte pour la justice climatique.  Les échanges ont mis l’accent sur la mobilisation de financements durables, équitables et innovants pour accélérer l’industrialisation verte du continent. Les dirigeants ont souligné que l’avenir de l’Afrique dépend de la valorisation de ses ressources naturelles, qu’il s’agisse de la transformation des minéraux critiques ou du développement des énergies renouvelables à l’échelle locale. 


Avancer avec une vision renouvelée


Le vice-président du Groupe de la Banque africaine de développement chargé de l’Électricité, de l’Énergie, du Climat et de la Croissance verte, Kevin Kariuki, a rappelé : « L’Afrique est déjà à l’avant-garde de l’action climatique mondiale, en développant des solutions solidement ancrées dans les réalités locales et porteuses d’impact à l’échelle internationale. »  Il a aussi souligné que les actions du Groupe de la Banque africaine de développement : « Nous avançons aujourd’hui avec une vision renouvelée, portée par notre président, M. Sidi Ould Tah, et structurée autour de quatre priorités stratégiques appelés les Quatre points cardinaux : libérer la puissance du capital africain, renforcer la souveraineté financière du continent, transformer la démographie en atout et bâtir des infrastructures résilientes, tout en créant une véritable valeur ajoutée », a-t-il ajouté.


L’Afrique figure parmi les principaux producteurs mondiaux de minéraux essentiels, tels que le cobalt et le manganèse, mais ne tire encore qu’une faible part de la valeur ajoutée générée par leur exploitation. En misant sur la transformation locale, la production de batteries et le développement de chaînes de valeur régionales, le continent ambitionne de passer du statut d’exportateur de matières premières à celui de moteur de l’innovation et de la production industrielle verte. L’Afrique dispose également d’un immense potentiel sur le marché du carbone, mais ne capte actuellement que moins de 1 % des revenus mondiaux. Grâce à des réformes et à une gouvernance conduite par l’Afrique, ce marché pourrait générer jusqu’à 100 milliards de dollars américains par an et créer cinq millions d’emplois verts d’ici 2030. 


Les participants ont insisté sur l’urgence de repenser le système financier mondial, en mettant en place des mécanismes directs, transparents et non fondés sur la dette, conçus et dirigés par l’Afrique elle-même. Malgré les engagements pris lors de la COP 29, seule une faible part des financements climatiques mondiaux atteint réellement les communautés africaines. La Journée de l’Afrique a réaffirmé avec force l’appel du continent à définir un nouvel objectif collectif et chiffré de financement climatique, à la hauteur de l’urgence et des besoins concrets. Au nom du secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Cosmas Milton Ochieng, directeur de la Division changement climatique, sécurité alimentaire et ressources naturelles, a déclaré : « Restructurer l’architecture financière mondiale n’est pas seulement une question d’équité, c’est une condition de survie. » Il a ajouté que « l’Afrique a besoin d’un système de financement climatique prévisible, transparent et équitable, qui oriente les ressources là où elles comptent le plus : entre les mains des pays et des communautés africaines qui mènent des actions climatiques transformatrices. » 

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