Madagascar : relever l’éducation, une urgence difficile à réaliser

L’éducation ne figure pas parmi les priorités des autorités en place, encore moins la qualité de l’éducation laquelle commence par la formation des enseignants.  La tâche est énorme, seuls 57% du personnel de l’éducation de base ont la qualification minimale (CAE et CAP) pour prétendre transmettre un minimum de savoir aux enfants.

par Zoé Ranoromalala

Dépense publique sur l'éducation à Madagascar par rapport au PIB jusqu'en 2012 (Source Banque Mondiale)
Comment éradiquer, sinon arrêter l’avancée de l’analphabétisme qui devient presque un « fléau » à Madagascar ? Depuis l’indépendance, le tam-tam effectué, lors d’inaugurations d’écoles par les pouvoirs successifs n’était que poudre aux yeux. L’attention a souvent été retenue par le côté festif de ces événements.   Le constat est amer : Malgré quelques lueurs d’espoir perçues à certaines périodes,  la régression de l’éducation dans le pays s’avère actuellement inexorable.  

La situation est aggravée par cette crise politique qui perdure. L’éducation ne figure pas parmi les priorités des autorités en place, encore moins la qualité de l’éducation laquelle commence par la formation des enseignants.  La tâche est énorme, seuls 57% du personnel de l’éducation de base ont la qualification minimale (CAE et CAP) pour prétendre transmettre un minimum de savoir aux enfants. Ce que font  les 43% restants, ne possédant aucune qualification dans le domaine, n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. La majorité des enfants malgaches ne connaîtra que la médiocrité, car toute leur éducation est toujours à refaire.


Quelle qualité d’éducation attendre d’un maître FRAM percevant un salaire mensuel de 60.000 ou 65.000 ariary et qui toute  leur vie  se démène pour trouver à se loger, donner à manger et vêtir sa progéniture ? Le minimum vital n’est même pas assuré ! La fuite de responsabilité des gouvernants est flagrante dans le principe du « maître FRAM ».  La parade est toute trouvée : laisser aux parents la lourde tâche de payer une grande partie du salaire des éducateurs (s’ils veulent que leurs enfants sachent au moins écrire leur nom, compter et ne pas se faire avoir dans leur futur métier de petits opérateurs informels!). Le budget alloué au ministère, déjà miné par des rivalités politiques internes, ne permet même pas d’assurer le minimum d’une instruction décente.

Relever  la qualité en matière d’éducation impose des  recherches de solutions adaptées aux réalités géographiques, démographiques, économiques, sociales… vécues  par la population dans chaque région, chaque commune et chaque fokotany. Les problèmes exigeant des solutions urgentes face à l’état d’extrême pauvreté dans laquelle se trouvent 80% des malgaches, doivent  être identifiés rapidement. Le danger est réel : la déperdition scolaire ne cesse de prendre de l’ampleur et la prostitution infantile frappe aux portes des écoles et des ménages. De même, la carence quasi généralisée  d‘une instruction civique prend actuellement le visage d’une insécurité latente.

Un Etat digne de ce nom se donne comme défi d’accorder la priorité absolue à l’éducation de la population pour espérer un développement dans le sens large du terme. On a beau organiser ateliers, séminaires et autres réunions concernant la qualité de l’éducation à Madagascar, les résultats resteront  vains sans la volonté politique des dirigeants qui devront apporter les mesures d’accompagnement adéquates : infrastructures et équipements, renforcement de la formation et la révision des conditions  de travail des enseignants, ainsi que sécurisation des localités.

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