Repères sur l'économie malgache en 2012

Madagascar se félicite d'avoir maîtrisé les fondamentaux économiques avec une croissance de 1,9% en 2012. Mais la prudence est de mise car les indices sur quelques secteurs comme le BTP et le Tourisme restent alarmants.

par Tsirisoa Rakotondravoavy



Après un léger tassement en 2010, 2012 aura été une année où les indicateurs économiques de Madagascar reprennent un peu de couleur. Certes, l'inflation de 6,2% en 2012 contre 9,5% a été le résultat d'évènements extérieurs comme la relative stabilité du prix du pétrole sur le marché mondial. Le cours pétrolier a oscillé sur une moyenne de 110$ entre juillet 2011 et juillet 2012 mais c'est trop élevé pour être soutenable par rapport au marché et à l'économie malgache. En témoigne les résultats économiques atones que nous présentent en cette fin d'année les pays industrialisés et importateurs de pétrole comme les Etats-Unis, l'Europe et même la Chine. Pour notre part, nous n'avons pas déroger à la majorité car malgré une croissance maîtrisée, -4,1% en 2009 , 0,4% en 2010, 1% en 2011 et 1,9% en 2012, nous restons une économie fragile car notre dépendance aux investissements extérieurs et aux bailleurs reste inhérente à la structure de notre économie. L'action du gouvernement de la Transition illustre cette dépendance avec l'intégration directe des investissements miniers (Wisco à Soalala, Sheritt à Ambatovy, ...) dans les constructions de petites infrastructures (hôpitaux, installations sportives et culturelles, ...) et dans d'autres postes de dépenses publiques.
Oui, c'est louable que le pays fasse rentrer de capitaux frais à travers les redevances et taxes locales que ces investissements miniers rapportent. Mais nous dépendons justement trop de ces capitaux qui suscitent d'ailleurs des interrogations quant à leur utilisation. Mais tout cela un début de prise de conscience de la vraie valeur de nos ressources.

Problème d'offres, de compétitivité et de mesures incitatives

Les tableaux contradictoires cités en haut montrent la fragilité de l'économie malgache. Le secteur privé malgache est toujours dans un état convalescente malgré les quatre années de croissance économique continue. En 2012, les investissements participent seulement à 22,8% du produit intérieur brut (PIB) dont les investissements privés se chiffrent à 19,5%. Ce secteur souffre d'une déconnexion constatée entre la contre-performance, la mort lente de l'industrie locale et  la croissance soutenue annoncée depuis quatre ans. La confédération des PME vient d'annoncer la fermeture de 70% des PME justement en quatre et le secteur des bâtiments-travaux publics (BTP) en est à sa quatrième année sans commande publique significative, l'Etat malgache étant le plus grand donneur d'ordre dans ce secteur. La Transition étant interdite d'émissions directes d'appels d'offres en infrastructure (routes, ponts, travaux urbains et bâtiments publics) et le financement venant des bailleurs faisant défaut, beaucoup d'entreprises du secteur BTP optent pour des diversifications hasardeuses et quittent leur coeur de métier ou meurent une à une.
Dans le même état, le secteur primaire annonce une croissance très faible 0,2% en 2012 contre 0,7% en 2011. L'insécurité est la première cause d'abandon d'exploitation dans les zones rurales. Les feux de brousse et les trafics de ressources s'ajoutent aux obstacles qui font que les agriculteurs et les éleveurs changent d'activités et l'exode rurale qui a failli être inversée en 2011 se confirme en 2012.


Le secteur du Tourisme a présenté un résultat en croissance avec un nombre de 255.055 en 2011 contre 196.052 en 2010. Le record de 375.000 touristes entrant à Madagascar en 2008 n'a pas encore été atteint et c'est à peine si on frôle les 228.000 en 2004. Tous les efforts restent à fournir que ce soit sur le plan sécuritaire où la grande île peine à rassurer les tours opérateurs et les hôtels mais aussi sur le poste des transports aériens où les retards récurrents d'Air Madagascar décourage les touristes qui se trouvent souvent bloqués en grand nombre dans les villes de province.
La seule lueur d'espoir pour ce secteur sera le dénouement définitif de la crise politique qui bloque le pays depuis 2009. Les bailleurs semblent avoir mis la pression que les politiques dans ce sens au risque de couper définitivement le partenariat avec Madagascar.

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