Baisse de régime passagère, déprime saisonnière ou appréhension des élections ? Bon nombres d'entrepreneurs et de professions libérales tirent la sonnette d'alarme sur la baisse subite des activités et des chiffres d'affaires depuis avril. Tous les indicateurs sont en direction décroissante.
par Tsirisoa RakotondravoavyCet hôtelier de Tamatave aborde sa deuxième année d'exercice après la création de son établissement en 2012. Ce promoteur hôtelier était porté par le vent des investissements à Tamatave suivant la vague des prestataires de services liés au projet Ambatovy - Sherritt. La désillusion est venue très vite vers la fin de l'année 2012. Le chiffre d'affaires de son hôtel de 14 chambres dans le centre de la ville de l'Est de Madagascar peine à décoller et, pire, baisse inexorablement depuis le mois de mars de cette année. Notre hôtelier déchante très vite et la déprime vient au rendez-vous avec l'aplatissement des réservations entre mars et avril 2013, avec un taux de remplissage qui n'arrive pas à dépasser les 32%, loin des 78% des débuts d'activité vers mi-2012.
Un autre opérateur dans la profession libérale, dans le domaine juridique et financier cette fois, témoigne de la baisse des contacts et des commandes depuis avril 2013. Cette fois, sous couvert d'anonymat, ce juriste de formation, qui a créé il y a onze ans son cabinet juridique et financier de renommée à Antananarivo avec 70 employés, n'y est pas allé par quatre chemins, "nous entrons en plein dans la période expectative pré et post-électorale, et ça va être long et dur pour les entrepreneurs".
Plus nous nous approchons des échéances électorales, plus les témoignages de ce genre tendent à se multiplier. Et pour cause, l'état actuel des choses, sur le plan politique, n'a rien de rassurant. Avec les surprises et les noms inattendus de la liste électorale, les électeurs et les observateurs redoutent le pire pour les résultats électoraux et les réactions post-électorales, période réputée sensible dans l'histoire politique contemporaine de la Grande Île, si l'on se réfère à la situation de 2002. Si l'histoire politique malgache nous a en effet appris quelque chose, c'est que rien n'est sûr et qu'il faut prendre ses précautions avant d'investir pendant une année électorale et même celle d'après. Et cette précaution serait très simple à opérer : attendre ou reporter. Mais quand l'équation se généralise, nombres d'entreprises se trouvent très vite dans une situation où des contrats sont mis en suspens, otages de la situation politique de Madagascar, avant, pendant et après les élections. Des futures pertes de portefeuilles de commandes mettraient des centaines d'entreprises dans une situation peu enviable, avec comme corollaires la réduction d'effectifs, le fameux chômage technique tant redouté par les employés malgaches. Les premiers à trembler sont ceux qui se trouvent dans la profession libérale (avocats, architectes, entrepreneurs du BTP, prestataires de services en entreprises, ...). Les commandes commencent à se faire rares et les clients annulent même des projets prévus en début d'année.
Sur le plan international, la menace d'une hausse du prix du pétrole au mois de mai n'arrange rien. Si nous passons à la hausse annoncée ce mois-ci, l'ensemble de l'économie malgache entrera dans une incertitude où la seule porte de sortie serait une entente politique où les acteurs des élections, qui qu'ils soient, s'engageront à ne pas prendre l'économie en otage. Vœux pieux ?
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