La cogestion de Tromelin avec l'île Maurice de nouveau reportée par la France


L'Île Tromelin, faisant partie des Îles Eparses, devait être cogérée par l'Île Maurice et la France selon l'accord de 2010 mais sa ratification a été mainte fois ajournée


Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy

PARIS - 23/01/2017 - La France semble ne pas être pressée à ratifier la résolution de cogestion de l'île Tromelin, dans l'Océan Indien, avec l'île Maurice. Cette dernière a pourtant gagné des batailles diplomatiques et politiques depuis sa revendication de 1976 sur l'appartenance de cet îlot au territoire mauricien.


Pour rappel, l'île Tromelin, d'une surface d'à peine 1km², a fait l'objet d'une longue revendication de la part de l'île Maurice depuis 1976. Cette revendication est faite en vertu du traité de Paris de 1814 restituant au Royaume-Uni "l'île Maurice et toutes ses dépendances". L'île Maurice, étant un pays indépendant après s'être affranchie de la colonisation britannique, a eu gain de cause en signant avec la France en 2010 la cogestion de l'île Tromelin, faisant alors partie des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), comme les Îles Eparses de l'Océan Indien.

Depuis, les choses se gâtent et la France semble vouloir retarder la ratification finale de cet accord de 2010. Malgré l'adoption de l'accord de cogestion de Tromelin avec l'île Maurice par le Sénat en 2012 et en commission à l'Assemblée nationale en 2013, les politiques en Métropole veulent gagner du temps avant la ratification finale. Le gouvernement a décidé d'ajourner les derniers débats prévus mercredi dernier à l'Assemblée nationale en avançant une absence de sérénité sur le sujet. Les couloirs de l'hémicycle français bourdonnent en effet de voix qui s'élèvent "dans l'intérêt de la France", selon une source diplomatique citée mais non révélée par Les Echos. Cette source fait état d'un débat "irrationnel qui s'est emparé d'un certain nombre de groupes politiques" vu le contexte électoral. Ces groupes indiquent qu'il "n'est pas souhaitable" pour la France de concéder sur sa souveraineté territoriale, notamment sur les Îles Eparses. L'Assemblée nationale va fort probablement reprendre les débats sur ce sujet après les élections françaises, ce qui ramène les parties à attendre au plutôt l'été 2017.

L'enjeu sur la restitution de l'Île Tromelin se joue sur le contrôle de la Zone économique exclusive (ZEE) de 280.000 km² autour des Îles Eparses, regorgeant de ressources gazières, minérales et sous-marines.

Il faut rappeler qu'avec l'île Maurice, Madagascar, depuis son indépendance, est également en conflit avec la France au sujet des îles Juan de Nova, Bassa da India, Europa et les Îles Glorieuses, dans le Canal de Mozambique, faisant partie des Îles Eparses sous la ZEE. Les Comores revendiquent également les Îles Glorieuses qui chevauchent leur territoire maritime, avec Mayotte.

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