La sentence vient de tomber : 9 ans de prison ferme pour Radu Mazare. L'ex-maire de Constanta, une grande ville portuaire de Roumanie. L'ex-businessman en cavale, extradé par les autorités judiciaires de Madagascar, est écroué dans une prison de Bucarest et y travaille comme tailleur. Ses codétenus et les gardes lui ont vite donné un surnom : Le Tailleur de Madagascar.
Ce surnom, qui fait référence au roman "Le Tailleur de Panama" de John Le Carré, décrit la vie de pacha menée par Radu Mazare, en cavale à Madagascar depuis 2017. Ce fantasque businessman a investi dans le Mantasaly, un complexe de 16 bungalows de luxe, un club nautique et un club de kitesurf près d'Antsiranana, au nord de la Grande Île. Suite à son extradition en mai dernier, obtenue grâce à la collaboration des autorités judiciaires malgaches et Interpol, la cour suprême roumaine a jugé Radu Mazare pour corruption active au moins sur deux affaires liant la ville de Constanta à l'époque où il était maire.
Ainsi, suite à un procès en appel rejeté par la cour suprême de Bucarest, la sentence est fixée à 9 ans et 10 mois de prison pour Radu Mazare. Sous la couleur du parti PSD (social démocrate) au pouvoir à l'époque, il était maire de Constanta pendant plus d'une décennie, où lui et ses amis ont régné en maîtres absolus sur cette grande ville portuaire de Roumanie sur la Mer Noire, figurant dans le top 5 des ports européens avec Rotterdam et Marseille. L'ancien maire y a développé un vaste plan d'urbanisme avec des sociétés privées et y possède même un dock privé pour son yacht. Il n'a jamais caché ses goûts de luxe, cigares, voitures, fêtes et costumes excentriques. Il apparaissait souvent en public avec un look fantasque : déguisé en roi égyptien, en uniforme nazi, en sultan turc ou en costume Louis XIV. Mais la fête est bien finie pour Radu Mazare.
La Direction Nationale anti-corruption (DNA) de Roumanie a émis en décembre 2015 une information judiciaire contre lui pour corruptions entre 2006 et 2009. Dans le plan pour le développement de Constanta, l'ex-maire a favorisé deux sociétés appartenant à l'un de ses amis, l'homme d'affaires roumain Sorin Strutinsky, sur des projets immobiliers commerciaux dans cette ville. Radu Mazare a touché en deux fois un pot de vin de 1,55 millions d'euros. Grabriel Strutinsky, un autre associé à ces sociétés, est également écroué pour 7 ans et 10 mois de prison sur cette affaire.
Mais au-delà de cette affaire, Radu Mazare se retrouve au centre de faisceaux d'affaires de corruptions concernant un contrat de nettoyage et d'assainissement de l'hôtel de ville de Constanta à l'époque. Ce contrat a en effet été découvert, liant la mairie à une société dénommé Polaris M Holding, où l'ancien député PSD Edourd Martin détenait des actions. Selon la DNA, cette société a surfacturé ses services à 1 million d'euros par mois, accordé par la mairie. Polaris M Holding a en outre été accusée d'évasion fiscale à hauteur de 6,5 millions d'euros pour laquelle Edouard Martin est écroué pour 5 ans et demi de prison.
En cavale à Madagascar depuis 2017 jusqu'à son extradition en mai 2019, Radu Mazare y a demandé l'asile clamant dans une interview sur Whatsapp pour Euronews que la justice roumaine n'est pas impartiale et qu'elle serait sous le contrôle des services de renseignements politiques. L'ex-maire se projetait à Madagascar un avenir heureux avec sa femme sous les tropiques au vu de la durée du bail de 90 ans, qu'il a obtenu sur l'hôtel-club Mantasaly.
En marge de ces déconvenues judiciaires pour ses membres, le parti PSD a essuyé un cuisant échec lors des dernières élections européennes où il n'a obtenu que 22,5% des voix contre plus de la moitié des voix pour la partie adverse, le PNL (libéral).
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