Sarkozy business : une galaxie qui veille sur Accor, Axian, Barrière, Bolloré, Bouygues, Lagardère, Natixis, ...

"Ce fut un réel plaisir pour mon épouse et moi de partager un dîner d'accueil convivial avec nos amis et partenaires internationaux venus à Madagascar", a déclaré le président malgache Andry Rajoelina à la veille de son investiture en 2019. Dans une ambiance détendue et amicale (photo), Nicolas Sarkozy s'est trouvé à table, installé entre le président malgache et son homologue guinéen Alpha Condé. D'autres les ont rejoints le lendemain, jour d'investiture de Rajoelina, comme le président rwandais Paul Kagamé. En voyage et dans les dîners, l'ancien président français est dans son milieu de prédilection : être assis parmi ses amis et prodiguer ses meilleurs conseils. Et il le fait à travers le monde pour le business.

"Realyze" est partout, en France, en Europe, aux Etats-Unis, au Qatar, en Russie, ...

Nicolas Sarkozy peut rééditer ce scénario partout où il va. Car c'est vrai, il retrouve ses amis, patrons de grands groupes internationaux, et anciens homologues de plusieurs pays. Car l'ancien président français, revenu à ses discrètes activités d'avocat d'affaires, s'est mis à la disposition de nombreux hommes d'affaires et de présidents pour tisser les mailles de sa galaxie et ses réseaux. Ce business, son business, porte un nom qui ne doit rien au hasard : Realyze. Ce mot qui se lit et qui se reconnaît partout, a remplacé l'ancien nom de son cabinet créé en 1987, Claude & Sarkozy, trop français pour percer dans les contrées lointaines, et dont l'associé Arnaud Claude est frappé d'interdiction définitive d'exercer depuis 2019, englué dans l'affaire de fraude fiscale de leur ami, Patrick Balkany. 

Ainsi, le réseau Sarkozy, tissé tout au long de son mandat présidentiel, sert l'avocat d'affaires à faire du business, sans complexe comme il l'a été à la tête de la France. Et ça rapporte car Realyze affiche un chiffre d'affaires croissant d'année en année, de 3,5 millions d'euros en 2011 à 7 millions d'euros en 2018. 

Ses bénéfices rentrent dans les comptes du holding CSC qui détient 34% du cabinet Realyze. Ses clients se sont également multipliés avec le temps, surtout dans le privé où des groupes sont dirigés par ses amis : Lagardère (Arnaud), Accor (Sébastien Bazin), Bouygues (Martin), Bolloré (Vincent), Servier, BPCE. On trouve aussi des villes comme Levallois et Puteaux. Toutes ces entités sont dirigées par des proches de Sarkozy, selon Capital qui rajoute la banque Rothschild et Toyota dans la liste.

Nicolas Sarkozy n'a pas oublié son réseau politique tissé le long de son mandat présidentiel. Il est membre de l'International advisory network de la banque Natixis où il côtoie, selon Capital, Gerry Grimstone, ministre britannique de l’Investissement au Royaume-Uni, et Peter J. Solomon, ancien maire adjoint de New York et ancien vice-président de Lehman Brothers. 

La proximité de l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani avec Sarkozy, lui permet également de développer son business, notamment en Europe et en Afrique, pour renforcer les intérêts du Qatar, mis en embargo par l'Arabie Saoudite.

En Russie, Nicolas Sarkozy préside le comité de conseil stratégique du groupe Reso-Garantia, où il siège également comme conseiller spécial.  

... en Afrique, sur l'Océan Indien, et au-delà...

Sarkozy est toujours en voyage d'affaires. Sa présence à Madagascar n'était pas pour la politique, ou pas seulement, mais bel et bien pour le business. Depuis 2017, il est en effet administrateur du groupe Accor, qui possède deux hôtels à Antananarivo, complétant les 120 hôtels du groupe dans 20 pays. Mais l'ex-président français est également membre du Conseil consultatif (advisory board) du groupe malgache Axian, qui coiffe l'opérateur Telma. Axian est actuel présent à la Réunion, Mayotte, Comores, Togo (Togocom), Sénégal (Tigo) et en Tanzanie. Sur des opérations d'acquisition en Afrique, Hassanein Hiridjee, Pdg du groupe Axian, est en association avec Xavier Niel (Free, Illiad), un ami proche de Nicolas Sarkozy.

Pour la Qatar, Sarkozy a joué ses entrées africaines pour redorer l'image de l'émirat, notamment auprès du président sénégalais Macky Sall, mais au Tchad et en Mauritanie. Ces trois pays se sont en fait rallié à l'Arabie Saoudite lors de l'embargo contre le Qatar.

Nicolas Sarkozy jouit pleinement de son statut d'ancien président mais également ami de président africain encore en exercice comme l'ivoirien Alassane Ouattara, le rwandais Paul Kagame, ou le congolais Denis Sassou-Nguesso. Il a ses entrées privilégiées dans ces pays pour y développer ses activités liées aux groupes où il siège comme administrateur, conseiller ou tout simplement amis des patrons. 

Les plus présents dans ces pays sont les groupes Bolloré, Bouygues, Accor et le groupe malgache Axian, avec ses acquisitions récentes en Afrique australe et de l'ouest, et groupe Barrière, qui a inauguré "Eléphant d'Or", où se trouve le premier casino de la Côte d'Ivoire à Abidjan. Nicolas Sarkozy était parmi les invités d'Alassane Ouattara avec Cyrille Bolloré et Sébastien Bazin (photo à la une), et il connaît bien la capitale ivoirienne, pour avoir assisté l'investiture d'Alassane Ouattara pour un nouveau mandat. Et "Sarko" loge à chaque passage dans son établissement préféré d'Abidjan, l'Hôtel Ivoire, géré par Accor. 

Il a également œuvré pour réaliser la discrète rencontre entre le président Paul Kagamé, après un dîner en tête à tête avec ce dernier, et Sébastien Bazin, Pdg du groupe Accor, à Paris en 2018, en marge du forum Viva Tech.. 

L'ex-président français s'appuie principalement sur l'avocat Robert Bourgi (photo ci-dessus) pour son réseau en Afrique. Bourgi était la colonne vertébrale de l'axe "françafrique" du mandat présidentiel de Sarkozy, célèbre "faiseur et défaiseur de rois" sur le continent, aidé par, Pierre Régent, ancien conseiller diplomatique de l'Elysée entre 2007 et 2012. Ces deux hommes sont les rares à connaître l'agenda et le coup d'après de la galaxie Sarkozy. 


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