Gaz : Nord Stream 2 en remplissage, hausse de prix, dépendance accrue de l'Europe à la Russie, ...


La Russie est-elle en passe de gagner sa bataille contre l'Europe sur le gaz ? Les derniers événements vont en tout cas vers ce sens : mise à l'essai pour le remplissage du gazoduc Nord Stream 2 avec un lest lâché par Joe Biden sur la position des Etats-Unis sur ce projet, hausse vertigineuse du prix du gaz en Europe, surexposition des traders du gaz sur le marché, ...

La Russie augmente la dépendance européenne à Gazprom

Le réseau de pipeline Nord Stream est en effet achevé le 10 septembre 2021, entré dans sa phase de remplissage progressif de gaz afin de passer par un test final pour sa sécurité, avant une fourniture régulière vers l'Europe qui importe en effet 90% de sa demande gazière tous les ans. 

Après le projet Nord Stream 1, opérationnel en 2012, et le South Stream dans la Méditerranée, ce gazoduc de 1.230km qui part du nord de la Russie, passant par la mer Baltique, la Scandinavie et qui débouche sur l'Europe occidentale, fait partie du plan de la Russie pour fournir du gaz aux européens en contournant des pays comme l'Ukraine, théâtre d'une guerre d'influence mettant face à face l'Europe, les Etats-Unis et la Russie. Le conflit en Ukraine et en Crimée avait déjà conduit la Russie à couper plusieurs le robinet du gaz, ce qui lui a valu des sanctions internationales, initiées par l'ancien vice-président américain Dick Cheney au sommet de Vilnius, en Lituanie en 2006. 

A l'époque, Vladimir Poutine avait déjà menacé les pays voisins sous influence occidentale et l'Europe de l'Est de rupture de fourniture de gaz, source d'une tension permanente entre la Russie et l'Occident. 

Après un investissement de 10 milliards de dollars, et des années de tension avant le début du chantier en 2018, Nord Stream 2, exploité par le géant gazier russe Gazprom, et réunissant pour son financement les groupes européens OMV, Engie, Wintershall Dea, Uniper et Shell va augmenter le volume de gaz fourni par la Russie à l'Europe. Cette dernière importe un tiers de sa demande de la Russie avant la mise en opération de Nord Stream 2 doté d'un potentiel de 55 milliards de m3 de gaz.

Hausse vertigineuse du prix du gaz

Cet achèvement de la construction de Nord Stream coïncide avec une annonce d'une hausse du prix du gaz en Europe. Après une hausse de 15% en France entre juillet et août 2021, ce prix a encore augmenté de 8,7% en septembre pour atteindre 1.482 euros en facture mensuelle. La hausse est à la fois importante et inattendue que le Premier ministre français Jean Castex était obligé de rassurer en prenant des mesures de limitation, espérant que le prix va redescendre dans les mois à venir. 


De son côté, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) en France a enregistré une hausse du prix du gaz de 50,8% depuis le début 2021, ce qui n'est pas rassurant du tout pour l'année qui vient. Car l'électricité et le carburant ont également connu une importante hausse, sous la pression du tarif élevé du transport maritime.

Les traders du gaz et les bourses également en surexposition

Les négociants et les places boursières sont également mis sous la pression de la hausse du prix du gaz. Glencore, Trafigura, Vitol et d'autres négociants en matières premières sont confrontés à ce que l'on appelle des appels de marge sur leurs positions financières sur les marchés du gaz naturel. Ces appels obligent les négociants à immobiliser plus de capital. Certaines, en particulier les petites entreprises, doivent augmenter leurs emprunts, ce qui leur laisse moins de liquidités avec lesquelles négocier, ce qui peut nuire à leurs bénéfices. 

Des centaines de millions de dollars de fonds supplémentaires seront mobilisés pour couvrir leur exposition à la flambée du prix du gaz, ont déclaré à Reuters sept sources ayant une connaissance directe de la situation. 

Cet appel de marge généralisé a provoqué une compression des liquidités en septembre 2021 lorsque le prix du gaz européen a grimpé en flèche en raison de divers facteurs, notamment des faibles stocks, une forte demande de gaz en Asie, une faible offre russe en Europe et des pannes successives.

Europe : discussion pour une réserve stratégique de gaz en octobre

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est exprimée sur un nouveau sommet de l'UE sur l'énergie. Les dirigeants de l'Union européenne discuteront en octobre 2021 de la création d'une réserve stratégique de gaz et du découplage des prix de l'électricité des prix du gaz.

Devant des journalistes en Estonie, Ursula von der Leyen a déclaré que la flambée des prix de l'électricité pour les consommateurs européens était principalement le résultat du prix élevé du gaz. La demande mondiale a augmenté, mais les principaux fournisseurs de gaz européens comme la Russie n'ont pas augmenté leur offre.

"Pour le gaz, nous dépendons fortement des importations à 90 %. À l'échelle mondiale, les économies se redressent, la demande augmente, mais l'offre n'augmente pas en conséquence. Nous sommes très reconnaissants à la Norvège d'intensifier sa production, mais cela ne semble pas être le cas en Russie", a-t-elle révélé.

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