Depuis plusieurs jours, Wall Street, comme les autres places à travers le monde, est focus sur le conflit israélo-iranien. La Bourse de New York a terminé en hausse lundi, bénéficiant de la forte baisse des prix du pétrole après l’attaque limitée de l’Iran contre une base militaire des Etats-Unis au Qatar. Mais la place américaine se prépare aussi à d'autres éventualités.
Le Dow Jones a gagné 0,89%, l’indice Nasdaq a pris 0,94% et l’indice élargi S&P 500 a avancé de 0,96%. Lorsque l’on a appris que l’Iran avait alerté les autorités de l’imminence d’une attaque, que ses missiles avaient été interceptés et qu’il n’y avait pas eu de morts ou de blessés sur la base américaine au Qatar, le marché s’est redressé dans un mouvement d’apaisement. Evidemment, c’est au niveau du pétrole que la réaction a été la plus forte : les prix des barils de WTI et de Brent, les deux références du marché, ont chuté de plus de 7% pour revenir aux niveaux auxquels ils évoluaient avant les premières frappes israéliennes en Iran, le 13 juin. Une baisse des cours de l’or noir est en général vue comme une bonne nouvelle sur le plan économique car cela rend les processus de fabrication et de transport moins coûteux.
Selon les analystes, le marché pense au fond qu’il s’agit d’une réponse relativement faible de la part de l’Iran et cela lui a également fait penser qu’il n’y aura peut-être pas de nouvelle escalade avec les États-Unis. Principalement tirée par ce répit sur le plan géopolitique, la place américaine a aussi accueilli avec optimisme les propos de la gouverneure de la Réserve fédérale (Fed), Michelle Bowman, qui a déclaré qu’elle pourrait soutenir une baisse des taux en juillet si les pressions inflationnistes restaient contenues.
Le détroit d’Ormuz surveillé de près
Au tableau des valeurs, les entreprises du secteur pétrolier perdait en puissance face à la chute des prix de l’or noir à l’image d’Exxon Mobil (-2,62%) ou Chevron (-1,81%). Le pionnier de l’électrique Tesla a bondi de 8,23% à 348,68 dollars au lendemain du lancement de son premier service de taxi sans conducteurs au Texas, considéré comme un succès par son patron Elon Musk. Les valeurs associées au nucléaire ont été recherchées après que la gouverneure de l’Etat de New York, Kathy Hochul, a annoncé lundi avoir initié le projet d’une nouvelle centrale nucléaire, dans un pays qui n’a plus vu de mise en chantier dans le secteur depuis 2009. Constellation Energy a pris 3,37%, Centrus Energy 1,35% et Uranium Energy 2,01%.
A rappeler par ailleurs que le président américain Donald Trump a déclaré lundi qu’une augmentation des prix du pétrole ferait «le jeu de l’ennemi», après l’intervention militaire des États-Unis en Iran qui fait redouter des représailles de Téhéran déstabilisant le marché de l’or noir. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré pour sa part que les États-Unis «surveillent activement la situation dans le détroit d’Ormuz, et que le régime iranien serait stupide» de s’en prendre à cette route maritime clé. Ainsi, après un bond en début d’échanges, le Brent, référence mondiale du pétrole, reculait de 0,44% à 76,67 dollars vers 14h GMT. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, perdait, lui, 0,46% à 73,48 dollars.
Dans ce contexte, nombre de prévisionnistes estiment que le scénario noir d’un blocage du détroit d’Ormuz – par lequel transite près du quart du pétrole mondial, dont celui expédié par l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Irak ou… l’Iran, lui-même – n’est pas celui qui est privilégié. Et même si la République islamique a montré qu’elle pouvait le faire. Notamment lors de sa guerre contre l’Irak, dans les années 80. Ou en avril 2023, lors de l’arraisonnement d’un pétrolier affrété par la major américaine Chevron. Le constat actuel qui domine les marchés serait qu'une telle opération reste complexe et affecterait directement les revenus pétroliers du pays – principalement avec la Chine.
Il y a aussi ceux qui soulignent que la nouvelle réalité pétrolière, qui se met en place depuis une décennie, pèse dans la balance. Cette donne nouvelle tient notamment compte du fait que l'Amérique est non seulement autosuffisante en hydrocarbures, mais possède une production massivement expédiée à l’étranger, comme dans les années 60. Et à laquelle il faut ajouter une extraction qui tourne à plein au Brésil, en Argentine ou au Canada. «En l’absence de perturbation majeure sur les approvisionnements, les marchés pétroliers apparaissent bien alimentés jusqu’en 2030», a laissé entendre l’Agence internationale de l’énergie.
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