Filière cacao : les lignes vont de nouveau bouger

Le marché mondial du cacao s’apprête à connaître de nouveaux bouleversements à la suite des décisions presque simultanées des deux géants africains du secteur.


Le marché mondial du cacao s’apprête à connaître de nouveaux bouleversements à la suite des décisions presque simultanées des deux géants africains du secteur. La Côte d’Ivoire et le Ghana, respectivement premier et deuxième producteurs mondiaux de cacao, ont annoncé une hausse significative du prix minimum bord champ pour la campagne 2025/2026. Une mesure stratégique destinée à améliorer les revenus des producteurs et à contenir la contrebande de fèves entre les deux pays.


Au Ghana, le ministère des Finances a révélé le 2 octobre 2025 que le prix bord champ passait à 4,6 dollars le kilogramme, à compter du 3 octobre. Cette revalorisation de 12,27 % par rapport aux 51 660 cedis de la précédente campagne s’inscrit dans une volonté affirmée du gouvernement d’améliorer la situation économique des cacaoculteurs. Le ministre Cassiel Ato Forson a souligné que cette hausse vise aussi à motiver les producteurs à livrer davantage leur récolte. L’exécutif espère d’ailleurs une augmentation de 8,33 % de la production, estimée à 650 000 tonnes pour la nouvelle saison.


Cette annonce intervient au lendemain du lancement de la campagne ivoirienne, le 1er octobre, marquée par un prix record de 2 800 francs CFA (5 dollars) le kilogramme. Initialement prévu à 2 500 FCFA, ce tarif a finalement été relevé par les autorités d’Abidjan, représentant une hausse spectaculaire de 56 % par rapport à la campagne précédente (1 800 FCFA/kg) et de 27 % par rapport à la petite traite (2 200 FCFA/kg). Pour les analystes, cette revalorisation simultanée n’a rien d’un hasard. Le Ghana, longtemps confronté à une fuite massive de cacao vers la Côte d’Ivoire, cherche à rétablir un équilibre incitatif. Durant la campagne 2023/2024, le Cocobod avait dénoncé la contrebande de près de 160 000 tonnes de fèves, un manque à gagner colossal pour l’économie ghanéenne. Ce trafic, motivé par les écarts de prix, a largement contribué à la baisse de 21 % des recettes d’exportation du cacao, tombées à 1,69 milliard de dollars selon la Banque centrale du Ghana (BoG).


En rapprochant leurs prix, les deux pays veulent ainsi endiguer le commerce illicite tout en offrant aux producteurs une rémunération plus juste dans un contexte de hausse mondiale des prix du cacao. Sur le marché international, la tonne de cacao a dépassé les 10 000 dollars en 2025, portée par la rareté de l’offre et la pression climatique. Ces ajustements conjoints confirment la volonté d’Abidjan et d’Accra de reprendre la main sur la chaîne de valeur du cacao, un secteur vital pour leurs économies respectives. Ensemble, les deux nations représentent plus de 60 % de la production mondiale. Leur coordination renforcée pourrait peser durablement sur les équilibres du marché international et redéfinir la dynamique entre producteurs africains et grandes multinationales du chocolat.


Selon les différentes projections, le marché mondial du cacao devrait atteindre une valeur de 67,88 milliards USD d'ici 2029, avec des prévisions de croissance due à la demande soutenue en produits chocolatés. Les principaux producteurs demeurent la Côte d'Ivoire et le Ghana, tandis que les marchés de l'Asie-Pacifique et de l'Amérique latine connaissent une forte croissance. La dynamique du marché est influencée par les variations de prix liées aux conditions météorologiques et aux fluctuations de la production, ainsi que par les préoccupations croissantes concernant la durabilité et l'approvisionnement éthique.

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