GEOPOLITIQUE


2011, année du basculement du monde



Souvenons-nous de la thèse du dossier « Collier de perles chinois » selon laquelle la Chine est en train de renforcer ses liens avec les pays bordant l’Océan Indien et surtout ceux qui sont considérés comme faisant partie de « l’axe du mal » avec à leur tête l’Iran. Cet axe vient de se renforcer avec la signature le 16 juillet dernier d’un accord économique entre la Chine et l’Iran d’un montant de 4 milliards de dollar. Cet accord prévoit des échanges et des réalisations de projets d’infrastructure qui touchent les domaines de l’environnement, l’industrie, l’énergie, les mines. Une partie de l’accord d’une valeur de 500 millions de dollar contient la signature de vente par la Chine d’une soixantaine d’incinérateurs à récupérateur d’énergie qui seront répartis dans plusieurs grandes villes d’Iran et sur les bords de la mer Caspienne. Pékin de son coté augmentera l’importation de minerais en provenance de l’Iran. Le vice-président iranien Mohammad Javad Mohammadi-Zadeh a déclaré que la Chine est désormais le premier partenaire économique de l’Iran avec 30 milliards de dollar d’échanges et ce chiffre passera à 40 milliards de dollar pour l’année 2011.

Ces accords sont signés alors que le Moyen Orient vient de vivre une tension extrême avec le lancement par l’Iran de 14 missiles balistiques de courte et moyenne portée, capables d’atteindre sans aucun problème l’Israël, allié historique des Etats-Unis. Cet étalage de force est une sorte de dissuasion pour ces deux derniers de s’en prendre militairement à l’Iran. Les « Gardiens de la révolution » ont affirmé avoir lancé un Ghadr de moyenne portée de 2.000km et 13 autres missiles, Zelzal de 400km, Shahab 1 et 2 de 500km. L’ex-président

Et pour la petite histoire, c’est à Téhéran, capitale de l’Iran, que l’équipe nationale malgache de football, Barea de Madagascar, commence le dimanche 17 juillet prochain sa tournée pour des rencontres amicales avec des « amis » de la région. C’est probablement une manière pour le régime transitoire actuel de réaffirmer ses liens avec des pays considérés par l’Occident, les Etats-Unis en tête, comme des pays qui respectent le moins la démocratie, des pays qui présentent pourtant une croissance économique insolente (autour de 9,5% pour la Chine en 2010) et qui sont devenus des locomotives de l’économie mondiale.

Pakistan, un ancien allié des Etats-Unis, est aussi en train de « brûler ». Le président pakistanais Hamid Karzaï, qui vient d’enterrer son frère, a émis une menace à l’endroit des Etats-Unis sur un projet de retrait des troupes pakistanaise de sa frontière avec l’Afghanistan après l’annonce faite par les Etats-Unis de la suspension de leur aide militaire. Les relations entre les deux pays se sont considérablement dégradées depuis le raid lancé par un commando américain tuant Ben Laden le 2 mai et la violation par le même commando de la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan. Depuis, la spirale de violence ne s’est plus arrêtée, attentats à la bombe et kamikaze comme ceux qui ont tué les 6 soldats français les 13 et 14 juillet derniers. L’ex-président iranien Rafsandjani, qui préside le Conseil de discernement chargé de conseiller le guide suprême, a plaidé pour des négociations avec Washington pour « éviter le pire ».

A coté, les Etats-Unis et l’Europe font pâle figure avec le problème de leurs dettes publiques. La dette publique de la France a dépassé au premier trimestre 2011 les 85% de son PIB, un plafond de sa dette publique jamais atteint auparavant avec un déficit commercial de 70 milliards d’euro. La zone Europe entre dans une période de turbulence que l’euro n’a jamais connu depuis sa création. Les ministres des Finances des pays de la zone n’arrivent pas à trancher sur l’aide à accorder à la Grèce. L’Italie qui est mise à nue avec 25% de la dette de la zone euro est devenue un maillon faible, avec l’Espagne, la Grèce et l’Irlande.

Aux Etats-Unis, le président Obama était obligé d’en venir à émettre un ultimatum 36 heures le 15 juillet 2011 à l’endroit des représentants républicains qui ne veulent pas d’une « niche fiscale » et des démocrates qui ne veulent pas supprimer les aides à la santé. L’Amérique est fatiguée, les signes ne trompent pas. La tourmente a déjà montré son visage lors l’épisode Lehmann Brothers et des « subprimes ». Et l’Amérique commence à racler dans des réserves improbables de pétrole pour l’extraction non conventionnelle : le pétrole de schiste. La Nasa quant à elle vient d’arrêter les vols spatiaux pour des raisons évidentes d’économie. Selon le magazine économique Challenges, le Venezuela possède un stock de 234 ans de réserves, la Russie de 20 ans et la Chine de …10 ans. D’où l’urgence pour cette dernière pour trouver du pétrole pour ses énormes demandes croissantes internes.

La France emboîte le pas aux Etats-Unis en retirant progressivement ses troupes d’Afghanistan. Evidemment, avec les opérations « imprévues » dans le budget comme la Licorne en Cote d’Ivoire et l’opération lancée contre Khadafi actuellement, la Défense française peine à faire financer les « OPEX », les opérations extérieures hors budget et demande ouvertement aux industriels de la Défense de réduire les coûts « qui sombrent dans les raffinements technologiques pas forcément utiles », selon l’Amiral Guillaud, chef d’état major des armées françaises. 13.000 soldats français sont présents dans plusieurs région : en Afghanistan, au Tadjikistan et dans l’Océan Indien(4.000 soldats), en Libye (4.300 soldats). Plus de 3.500 sont postés en Afrique (Cote d’Ivoire, Golfe de Guinée, Afrique Centrale, Somalie contre la piraterie et au Liban). La totalité de cette présence coûte plus d’un million d’euro par jour à la France.

Mais la référence de l’amiral Guillaud est la dernière édition du Shangri-La Dialogue, organisée en juin 2011 par l’Institut International pour les études stratégiques, un forum de la défense de l’Asie-Pacifique. Ce forum souligne qu’en 2010, la Chine y a envoyé le numéro trois de l’armée populaire soulignant les priorités chinoises : l’espace et la marine. Cette année, c’est le ministre de la Défense chinoise lui-même qui a fait le déplacement.

« C’est clair : la Chine n’est plus repliée sur elle-même. Quand une masse de 1,3 milliards d’habitants d’ébroue, il y a forcément des effets de bord », souligne ouvertement l’amiral Guillaud.

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