Sherritt plombé par le cours du nickel

Infographie - LesEchos








Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy

ANTANANARIVO, 29/0915 (journaldeleconomie.com) -- Le groupe canadien Sherritt International, maison mère du site de nickel d'Ambatovy, passe actuellement une période critique. En cause, le cours très bas du nickel sur le marché international a touché son niveau le plus bas depuis 2008, à 9.300 dollars la tonne en août. Sherritt International a ainsi annoncé officiellement une compression de coûts sans précédent. Les coûts d'exploitation et les dépenses en capital sont les postes touchés par cette compression globale. Le dividende trimestriel de 0,01 dollar par action destiné aux actionnaires de Sherritt International est ainsi annulé par le groupe. Ce mouvement de compression continuera son cours en 2016 pour atteindre un coût d'exploitation assez bas pour réduire au maximum les dépenses en capital.
Dans un communiqué sur la place boursière de Toronto, Sherritt International propose trois grands objectifs après ces opérations de réduction de coûts : prioriser un niveau maximal de trésorerie pour le groupe et ses filiales, aligner les dépenses en capital à la génération de flux de trésorerie dès 2016, figer le niveau de financement, sans plus aucun recours des partenaires en joint-venture d'Ambatovy à 1,7 milliards de dollars, les actionnaires, notamment financiers, étant le coréen Korea Resources à 27,5% et le japonais Sumimoto Corporation à 27,5%, et technique, le canadien SNC-Lavalin à 5%. Sherritt International détient les 40% restant en actionnariat de référence.

En outre, Ambatovy est cité sur une enquête internationale émise par le gouvernement de la Corée du Sud. Cette enquête est surtout menée depuis avril par le parti présent à l'Assemblée Nouvelle Alliance Politique pour la Démocratie, dirigé par Moon Jae-in, et qui appelle la justice coréenne à convoquer l'ancien président de la Corée du Sud Lee Myung-bak à être témoin principal dans cette affaire qui est considérée comme un grand gaspillage par les politiciens et les grands groupes coréens de l'époque sur une participation en tant qu'actionnaire dans le projet d'Ambatovy.

Le procureur en chef du District central de Séoul poursuit en effet en justice l'ancien président du conseil d'administration de Korea Resources, Kim Shin-jong, d'abus de biens sociaux aggravés en entraînant une perte de 19 millions de dollars à la société. Deux autres grands patrons coréens sont dans la ligne de mire de la justice, et l'un d'eux s'est récemment suicidé. La justice coréenne reproche concrètement à Kim Shin-jong d'avoir acheté des actions dans Ambatovy à la société Keangnam Enterprises avec un surcoût de 19,2 millions de dollars par rapport au cours conseillé et raisonnable. Les faits remontent en 2010, et la perte enregistrée par Korea Resources serait due à cet achat surévalué.

La difficulté actuelle d'Ambatovy, liée notamment au cours très bas du nickel n'arrange pas les choses. Cette grande exploitation minière ne serait pas rentable qu'avec un cours du nickel aux environs de 18.000 dollars la tonne sur le marché. Au vu du prix du pétrole actuel, lui aussi diminué de 41% depuis juin 2014, il est difficilement envisageable de voir la mine d'Ambatovy générer des résultats dans un avenir proche. Les responsables locaux de la société, dans le sillage de sa maison mère, prévoit une compression de coûts importante pour 2016

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