Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy
PARIS, 31/12/15 (journaldeleconomie.com) - 2015 aura été l'année des forums privés destinés à faire connaître un peu plus Madagascar auprès d'investisseurs potentiels à l'étranger. Ainsi, le second FIDIMA a eu lieu à Paris en décembre dans les locaux du cabinet parisien Lazareff Le Bars qui a signé un partenariat durable avec Saholy Malet. Cette dernière a réédité le FIDIMA, qui a été organisé pour la première fois à Madagascar en décembre 2014. Un de ses partenaires de l'époque, l'Institut Malgache d'Innovations (IMI) sous la direction d'Alisoa Baritsialonina, a lui aussi organisé son premier forum, le Forum international d'investisseurs pour Madagascar à Dubaï au mois de décembre 2015. Le premier FIDIM a attiré une cinquantaine d'investisseurs étrangers et de porteurs de projets venant de Madagascar dans cet émirat.
Pour expliquer cette vague d'initiative totalement privée, voici une interview de Saholy Malet à l'issue du FIDIMA 2015.
JDE : Qu'est-ce qui a motivé le choix d'organiser la seconde édition à Paris et de manière très "privée"
Saholy Malet : Tout d’abord merci de cette interview à distance.
Je fonctionne par instinct et par envie. Je suis revenue à Paris mi-septembre. Paris est une capitale internationale. Donc le lieu était également logique. Le contexte des attentats n’a jamais remis en cause ce forum. Au contraire.
Me François de Senneville, un avocat franco-mauricien basé à Paris, était déjà intéressé par le premier forum. Il m’a soutenue immédiatement. J’ai pu organiser le deuxième FIDIMA en deux mois, contre 7 mois à Madagascar, ce qui n’était déjà vraiment pas si mal !
Oui, le forum est effectivement devenu très « privé ». C’est une leçon tirée de la première édition 2014 à Antananarivo. Je tiens à garantir un état d’esprit très précis : économique et sociétal. Donc personne n'y a accès (intervenant, participant ou média) sans être coopté au premier degré.
Cela me permet alors de faire entrer gratuitement trois associations ou trois jeunes, en fonction de ce qu’ils sont : dynamiques, courageux, et hors réseaux.
Nous assistons à l'organisation d'autres forums sur Madagascar dans le pays et à l'étranger (Dubaï), quelle est la différence avec celui que vous organisez depuis l'année dernière
Les membres de l’Institut Malgache de l’Innovation (IMI) faisaient partie de ceux qui ont soutenu le premier FIDIMA de Tana, avec vous-même.
Tout ce qui peut permettre de donner aux autres envie de se mobiliser, c’est foncièrement positif. Donc le FIDIM de Dubaï rien que pour cela, mérite le respect. Londres a également accueilli un UK-Madagascar Investment Forum, où toute l’équipe Présidentielle et gouvernementale y était.
La différence entre tous ces Forums et le mien, c’est la vision.
Le FIDIMA est indépendant et privé. Il n’est au service d’aucun Etat, ni financé par lui.
FIDIMA 2015 à Paris, debout : Geoffrey Tassinari, Président de Madagascar Estates Development Partners, présent au forum avec d'autres acteurs économiques et investisseurs.
De plus, le but du forum est d’avoir des retombées directes et concrètes pour les habitants d’un pays donné. Ce sera, au départ, certainement microscopique. Mais si l’on maintient suffisamment la pression, pour provoquer un effet d’entraînement, alors ce ne sont plus trois familles qui sont impactées dans leur quotidien, mais des centaines. Le FIDIMA 2015, qui s’est tenu en même temps que la COP21, a ainsi retenu une solution énergétique à bas coût, facile à mettre en place et coûtant moins de 100 euros le kit. Il fonctionne avec l’énergie solaire et avec des leds.
Par ailleurs, ma vision concerne l’Afrique, bien au-delà de Madagascar. Mon Forum est le Forum International Des Investisseurs à Madagascar et en Afrique. Certains oublient la dernière partie, pourtant essentielle.
Enfin, j’associe toutes les parties prenantes : pas seulement des experts issus de l’Ecole de Guerre Economique, des financiers ou des chefs d’entreprise ; mais aussi des associations très impliquées localement.
Enfin, point de détail technique. Je ne suis pas Richard Attias (rires). Les Forums gigantesques ne sont pas ce que j’affectionne.
D’autant qu’en parallèle du Forum, se tient toute l’année la partie « Platinium » du Forum, à savoir des rencontres confidentielles « One-to-One » et en « Blind Date » entre porteurs de projets et financiers.
Vous vous êtes rapprochée de l'île Maurice et de sa présidente dernièrement, attendons-nous une forme particulière de partenariat avec ce pays
J’ai une admiration indéniable pour Son Excellence Dr Ameenah Gurib Fakim, Première femme Présidente de la République de Maurice, une première dans l’Océan Indien. Reconnue internationalement en tant que scientifique, elle est musulmane, et cela me parle. Car j’ai vécu sept ans au Maroc.
Or, le Roi du Maroc Mohammed VI lance depuis 2014 une offensive sur l’Afrique subsaharienne.
L’Ile Maurice a la pugnacité pour agir sur les terres et les mers. C’est ce que j’ai appris au Forum BioTech, organisé par le Board Of Investment de l’Ile, et où j’ai rencontré Dr Ameenah Gurib Fakim et Heerun Ghurburrun.
Ce dernier m’a donné en public, devant une centaine de chefs d’entreprises, son haut patronage.
Pour moi qui aime travailler sur le long terme, oui j’ai envie de poursuivre avec le BOI et nous verrons ce que nous pouvons faire, et comment (pas forcément un Forum FIDIMA).
Quel est le calendrier futur de Fidima
Le troisième Forum est déjà lancé. Trois thématiques possibles se dégagent déjà.
L’une concerne de près ou de loin la connectivité aérienne pour une Afrique émergente. Ceci est inspiré de la Réunion sur le développement durable dans le Transport aérien en Afrique. Mon agence y avait en effet accompagné la communication institutionnelle de l’Aviation Civile de Madagascar.
L’autre thématique porte sur le potentiel économique et commercial du droit (droit des brevets, droit des nouvelles technologies). Cette année, Bertrand du Marais, conseiller d’Etat spécialiste du Rapport Doing Business était au FIDIMA, ainsi qu’Aymeric de Moncuit, référendaire à la Cour de Justice de l’Union Européenne. Ils n’avaient pu venir à Antananarivo en 2014.
La troisième thématique est confidentielle. Ce qui m’importe, c’est avec qui je fais le FIDIMA.
Avoir maintenant le soutien confirmé de l’Association Malagasy des Investisseurs en Capital (AMIC) est un grand honneur. Que le Conseil Français des Investisseurs en Afrique (CIAN) ait de nouveau annoncé le FIDIMA dans son agenda est tout aussi gratifiant.
FIDIMA 2014 à Antananarivo, Patrick Pisal Hamida, DG de Telma, Tsirisoa Rakotondravoavy, journaliste de l'Eco Austral, Cheïk Keita, fondateur du CIDIGA (Chambre d'initiative pour le développement des investissements des groupements en Afrique) - Photo : FIDIMA
Je remercie les médias et supports qui suivent le Forum, dont la Lettre de l’Océan Indien, Forbes Afrique, l’Express Madagascar, Madaplus, Vox Africa TV, et maintenant la Fédération Française pour l’UNESCO et le magazine Notre Afrik, sans oublier le Journal de l’Economie.
Je vous dis à bientôt pour un prochain forum en Afrique continentale, dans l’Océan Indien ou dans un autre pays d’Europe !
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