Conférence de Valdaï : l'état du monde selon Poutine

Le drapeau de la Russie, planté partout par sa police militaire, domine actuellement plusieurs quartiers d'Alep

Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy


MOSCOU - 24/12/2016 - Vladimir Poutine a tenu sa conférence annuelle de Valdaï devant plus de 1.400 journalistes et agences de presse internationales. L'édition de 2016 menée par le maître du Kremlin tient d'une démonstration de force face au monde entier depuis la prise de distance par l'Union européenne, de l'OTAN et de l'administration Obama, il y a trois ans par rapport à la Russie. Si le succès de la politique intérieure de Poutine est mitigée après les dernières élections législatives qui ont vu la montée progressive de ses opposants à la Douma, sa politique internationale tient par contre du tour de force digne de la période de grandeur de l'URSS.


Vladimir Poutine a réussi ni plus ni moins à fracturer l'Europe, à "fissurer l'Union européenne" comme l'a commenté le Huffington Post, en évoquant les "cinq victoires de Poutine" sur la géopolitique mondiale : Europe occidentale (France, Autriche, Brexit), Europe de l'Est (Hongrie, Bulgarie, Slovaquie), Etats-Unis, Syrie, Turquie. Tous les grands favoris des élections récentes et à venir en Europe tiennent un discours évoquant leur proximité sinon leur amitié avec Vladimir Poutine, presque un gage de succès porté par la montée inquiétante du nationalisme sur le Vieux Continent au début du siècle dernier. François Fillon et Marine Le Pen sont les favoris des sondages en France, le Front National ayant reçu 9 millions d'euros d'aide par une banque russe et demandé à ses "amis russes" une enveloppe de financement de campagne de 30 millions d'euros supplémentaires. Le FPÖ (Parti de la Liberté), l'extrême droite en Autriche dirigé par Heinz Christian Strache, lié à Russie Unie par un contrat de coopération, le puissant parti de Poutine, a réussi à placer au second de la présidentielle son candidat Norbert Hofer avec 46,2% des voix. Par ailleurs, Heinz Christian Strache a rencontré Michael T. Flynn, conseiller en sécurité de Donald Trump, avant de signer le contrat entre le FPÖ et la Russie Unie. Stephen Bannon, conseiller stratégique de Trump a joué le rôle d'intermédiaire entre l'extrême droite autrichienne et le parti politique de Poutine. Donald Trump, malgré son démenti sur l'appui indirect de la Russie pour son élection, a confirmé le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie.

Mais s'il y a une victoire incontestable qui a porté Vladimir Poutine au premier plan à l'international, c'est celle de la Russie en Syrie. Au moment où l'Europe et les Etats-Unis d'Obama ont hésité sur l'intervention militaire et opérationnelle en Syrie en diabolisant Bachar Al Assad, Poutine a pris position et a foncé dans la brèche. La ville Alep a été libérée des mains "des rebelles et des terroristes", et la police militaire russe occupe actuellement toute la ville. Le scénario rappelle la brutalité de prise de contrôle par l'armée russe en Crimée et le conflit larvé en Ukraine. Actuellement, par la force des choses, le monde entier feint d'oublier.

Le dossier du pétrole y est pour beaucoup. La Russie, grand producteur mondial de pétrole, a consenti récemment à réduire sa production en suivant la décision de l'OPEP dont elle n'est pas membre. Un clin d’œil aux occidentaux qui doivent rendre compte à leurs amis producteurs du Golfe Persique. Presque une marge de manœuvre, la dernière laissée par Poutine avant les grandes élections européennes.

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