Trump tout droit vers son mur

Elu président des Etats-Unis, Donald Trump n'a pas lâché sa phrase favorite du jeu The Apprentice : You are Fired


Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy

PARIS - 31/01/2017 - A peine investi à la fonction suprême aux Etats-Unis, Donald Trump s'est empressé à mettre en œuvre les mesures protectionnistes évoquées lors de sa campagne présidentielle. Si le reste du monde demandait un temps observation, le président américain a pris des pas d'avance en annonçant immédiatement les mesures annoncées : construction effective du mur à la frontière mexicaine et surtaxation des produits mexicains pour financer le mur, retrait des Etats-Unis des accords du partenariat transpacifique (TPP), remise en cause de l'Accord de libre-échange sur l'Amérique du nord avec le Canada et le Mexique, et surtout les décrets discriminatoires pris pour interdire l'entrée sur le sol américain des ressortissants de sept pays à majorité musulmane et à tous les réfugiés.


Donald Trump a mis en exécution son discours d'investiture où il a martelé "l'Amérique d'abord". Mais le monde entier observe les premières actions de Trump avec scepticisme et constate qu'au coeur des Etats-Unis même, de ces mesures peinent à tenir, et ce au lendemain même des annonces. L'administration Trump ignore en effet la nature bilatérale ou multilatérale de ces accords qu'elle dénonce.

Toutes les institutions internationales comme l'Union européenne, l'Organisation des Nations-Unies et l'Organisation du commerce international (OMC) tentent de tirer la sonnette d'alarme sur la légalité des mesures récentes de Trump. Ces mesures remettent en effet en cause la majorité des textes signés par les Etats-Unis et leurs partenaires commerciaux et économiques, mais aussi les institutions internationales que les américains eux-mêmes ont financé depuis leur création.

Si les gouvernements mexicains, canadiens et européens tentent encore de trouver des solutions diplomatiques sur le problème, les sociétés privées, notamment les grands groupes américains n'ont pas hésité à dénoncer les mesures du président Trump. Mieux, le cœur de l'administration américaine commence à se fissurer après le refus catégorique de la ministre de la Justice intérimaire Sally Yates de faire appliquer le décret de Trump sur les sept pays interdits. Cette dernière vient d'être tout simplement limogée, à l'image de l'émission télévisée The Apprentice animé par Donald Trump dans son ancienne vie, où il s'amusait à déloger les candidats malheureux par sa phrase fétiche : You are fired. Daniel Ragsdale, chef intérimaire des immigrations et des douanes a aussi été limogé et remplacé par Trump.

Les manifestations publiques, initiées à l'investiture de Trump, se multiplient et des patrons comme Sergueï Brin, d'origine russe et cofondateur de Google avec Larry Page, s'est montré lors des manifestations dans les rues de San Francisco. Segueï Brin, comme ses homologues sont en effet d'origines étrangères : Steve Jobs, le défunt créateur d'Apple est né d'un père syrien, Sundar Pichai actuel Pdg de Google et Satya Nadella sont d'origine indienne. Ces grands patrons de groupes pesant des milliards de dollars se sentent préoccupés par cette décision de Trump.
La compagnie aérienne Delta s'est aussi plaint de la décision abrupte de l'administration car 170 de ses vols ont tout simplement été annulés car concernés directement par le décret sur les immigrés. Et ce n'est que le début, dans tous les cas, d'autres transporteurs seront certainement touchés par le décret.

Au Canada, des groupements d'entreprises actives dans les nouvelles technologies ont émis un communiqué annonçant maintenir les embauches de travailleurs immigrés, notamment dans les sept pays concernés, mais surtout d'arrêter désormais de faire autant pour les ingénieurs américains.

Côté Europe, la France, à travers son ministre de l'Economie et des Finances, Michel Sapin, a alerté ses partenaires : "L'Europe, si elle est unie, a tous les atouts pour affronter cette tentation du repli et elle a tous les atouts pour porter de nouvelles propositions. Pour être sûrs de tirer le meilleur de cette crise, nous devons, à travers les institutions européennes, défendre notre vision de cette politique commerciale ouverte et juste".

Une rumeur de destitution par "empêchement" circule depuis quelques heures dans les couloirs de Washington, relayée par les médias américains. Barack Obama, qui a pris sa retraite, a déclaré ne revenir sur le plan politique que si les événements l'exigent. Et il n'a pas hésité à convoqué une réunion de sa garde rapprochée, Sally Yates comprise, et a émis sa "réelle préoccupation" sur la situation actuelle.

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