Madagascar : la croissance à l'épreuve

Avec 4,2% de croissance économique à Madagascar en 2018, l'administration Rajoelina apportera-t-elle une amélioration avec son nouveau programme ?


Par Tsirisoa Rakotondravoavy | Journal de l'Economie 


ANTANANARIVO - 13/01/2019 - Le temps de la mise à l'épreuve de son programme économique vient de commencer pour Madagascar à l'issue de l'élection du nouveau président, Andry Rajoelina. La Grande Île, où la croissance économique de 2018, affichant 4,2%, s'appuiera désormais sur ce nouveau programme, avec des indicateurs de l'ancienne administration qui sont globalement au vert, sauf pour l'agriculture.


2019 sera ainsi le début des épreuves à tout point de vue pour Madagascar. A peine l'élection présidentielle terminée, le pays commence l'année plutôt dans le calme et s'engage vers une série d'élections annoncées pour le milieu de l'année pour les législatives et, sauf changement, les communales. Ces prochaines élections dessineront pour le quinquennat naissant la nouvelle carte politique malgache où une nouvelle opposition, unie ou disparate, faible ou forte, apportera son lot de pressions au nouveau président.

Andry Rajoelina aura ainsi à jongler avec ces futures contraintes parallèlement aux défis économiques de la Grande Île. Avec une croissance de 4,2% en 2018, le nouveau président et son équipe devront mettre en œuvre leur propre programme économique porté par l'IEM (Initiative pour l'Emergence de Madagascar). Ce programme ambitieux, qui était son cheval de bataille pendant la campagne électorale, trouvera-t-il ses marques sur les cinq ans à venir pour améliorer la situation économique du pays ? Ou, le cas échéant, pour maintenir la croissance à son niveau actuel ?

Le défi reste entier pour le pays malgré le "léger mieux" hérité de l'administration Rajaonarimampianina, qui a apporté quelques améliorations dans divers secteurs et une sous-performance sur d'autres :

- énergie : mise en place de centrales électriques, hydroélectriques et solaires, très chers à installer ; réduction de 40% du coût de production de la Jirama (société nationale d'eau et d'électricité) ;

- infrastructures routières : route d'Ambilobe - Vohémar ; autres routes nationales bénéficiant d'accords de partenariats institutionnels en attente de réalisation : Ihosy - Fort-Dauphin, Ambanja - Antsiranana (Diego-Suarez) ; axe urbain de Tsarasaotra - Ivato Aéroport ;

- transports : extension des infrastructures portuaires (Port de Toamasina) et aéroportuaires (Antananarivo et Nosy-Be) ; début d'exploitation des dessertes aériennes régionales : Addis-Abeba - Antananarivo avec Ethiopian Airlines, Saint-Denis (La Réunion) - Fort-Dauphin - Tuléar avec Air Austral et Air Madagascar après le début de leur partenariat à la fin 2017 ;

- environnement des affaires et création entreprises : 1.343 entreprises créées en 2017 contre 1.066 en 2016, 5 places gagnées dans le rang Doing Business à 162ème sur 190 pays ;

- industrie : croissance du secteur à 8,9% grâce à l'industrie textile, les mines et pétrole, et l'agro-alimentaire sur l'exportation ;

- agriculture : recul de 6,6% de la production sectorielle malgré les 367 millions de dollars d'appui de la Banque Mondiale, recul de la production de riz ;

Ces données économiques sont à combiner avec une forte inflation enregistrée à 8,6% sur les produits alimentaires et l'habitat, une forte exposition du pays au changement climatique, avec des cyclones de plus en plus puissants et une déforestation avancée ayant ravagé trois quart des forêts. A ajouter à cela, les épidémies de peste et de rougeole qui ont frappé le pays ces deux dernières année.

Il est également à rappeler que l'indice de corruption à Madagascar reste élevé, classant la Grande Île parmi les "pays à risques élevés" pour les investisseurs. Ce classement s'alourdit avec l'insécurité généralisée dans les zones rurales et urbaines, où les autorités peinent à trouver une solution pérenne.

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