Biodiversité menacée : la BAD appuie Madagascar


Madagascar figure parmi les pays les plus exposés aux risques climatiques, à la disparition des forêts et à l'extinction d'espèces endémiques. 56% de la biodiversité de la Grande Île vont disparaître dans moins de 60 ans. En guise d'alerte, mais aussi d'appui, le pays vient de bénéficier récemment du lancement d'une étude préliminaire financée par la Banque Africaine de développement (BAD) à travers Madagascar National Parks : Projet de résilience climatique par la préservation de la Biodiversité (PRCPB). Les résultats de cette étude de faisabilité vont ramener les parties à la mise en place d'actions concrètes pour faire face à l'extinction des espèces et la disparition des forêts. 14 aires protégées malgaches sont ciblées par ce projet.





56% de la biodiversité vont disparaître à Madagascar dans moins de 60 ans.




Le WWF a récemment publié un rapport mondial alarmant destiné aux gouvernements sur l'extinction définitive des espèces animales : entre 1970 et 2010, 60% des vertébrés sauvages ont disparus définitivement, les causes étant : la dégradation ou la destruction totale de leur habitat, la surexploitation des forêts et la surpêche, la diminution ou l'arrêt de la pollinisation et l'invasion d'espèces mutantes, pollution dues aux activités de l'Homme, le changement climatique. Dans ce cercle vicieux qui tend à être irréversible, ont disparus définitivement 44% des mammifères, 49% des oiseaux, 59% des amphibiens et 53% des poissons. D'autres rapports datant des années 90 ont déjà prédit la disparition totale des poissons par la pollution marine avant 2050, mais ces rapports n'étaient pas pris au sérieux à l'époque.









Identifié comme un hotspot mondial de la biodiversité, Madagascar a perdu plus des trois-quart de ses forêts primaires. Pire, 30.000 hectares de forêts primaires ont disparu en 2017, et le chiffre est passé à 50.000 hectares en 2018. 56% des espèces animales et végétales se trouvant uniquement sur la Grande Île vont périr dans 60 ans, à cause des trafics d'espèces rares ou endémiques qui s'opèrent encore à destination de l'Asie : les plantes rares (baobabs, palmiers rares, ...), les espèces marines (poissons et crustacés), les tortues et les lémuriens, les reptiles et batraciens rares vivant dans les mangroves, les chauve-souris des grottes, ... Ces disparitions à grande échelle menacent non seulement l'équilibre naturelle de plusieurs régions de Madagascar, mais surtout augmentent de manière irréversible les risques climatiques : pluie et inondations, sécheresse et famine, pollution urbaine et péri-uribaine (baisse du renouvellement de l'air naturel).





Madagascar est passé de 30.000 hectares en 2017 à 50.000 hectares de forêts détruites en 2018.




L'association Madagascar National Parks (MNP) sera ainsi chargée de la coordination de l'étude dénommée Projet de résilience climatique par la préservation de la Biodiversité (PRCPB), mise en oeuvre par l'Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN) et financée par la Banque Africaine de Développement (BAD). La première enveloppe pour cette étude de faisabilité est de 1,5 million de dollars, et sera destinée à responsabiliser davantage MNP et les populations entourant les 14 aires protégées qu'il gère dans la protection des espèces animales et végétales qui s'y développent. Ces espèces sont les plus menacées par le réchauffement climatique et par les actions de l'homme : incendie de forêts volontaire (culture sur brûlis), immigration saisonnière (agriculture nomade), surexploitation des ressources naturelles (bois précieux, plantes endémiques), braconnage d'espèces protégées pour l'exportation (tortues, lémuriens, reptiles rares, ...),
augmentation exponentielle des traces de carbone des industries.





Le tourisme sera le second bénéficiaire de cette étude, car c'est le second secteur porteur pour l'économie de la Grande Île. Les aires protégées attirent en effet 180.000 visiteurs étrangers, 65% des touristes visitant annuellement Madagascar. La BAD a ainsi mis en exergue l'interdépendance capitale entre la protection de la biodiversité et le tourisme, car ce sont les espèces animales et végétales rares de la Grande Île qui attirent principalement les touristes et les scientifiques du monde entier. Leur disparition sera ainsi dévastateur pour le tourisme et pour l'environnement exceptionnel de Madagascar. La BAD tire ainsi la sonnette d'alarme à travers l'importance de cette étude initiée sur les 14 aires protégées dans plusieurs régions de l'île.


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