Madagascar - Russie : Qui était derrière la page Afrique Panorama ?


Facebook a annoncé mercredi dernier avoir suspendu trois réseaux de comptes "inauthentiques". Les pages Facebook ciblaient sept pays d'Afrique : Madagascar, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Soudan, et la Libye. Yevgeny Prigozhin, le "Monsieur Afrique" du Kremlin était-il derrière le plan de désinformation révélé par Facebook ?





Tous seraient liés à Prigozhin, un magnat russe proche de Vladimir Poutine. Les États-Unis avaient auparavant soupçonné Yevgeny Prigozhin de son ingérence dans l'élection présidentielle de 2016. Ils l'accusent de gérer un empire mondial de médias de désinformation et de financer Internet Research Agency, une fabrique de trolls de Saint-Pétersbourg qui a appuyé Donald Trump.





Le responsable de la politique de cybersécurité de Facebook, Nathaniel Gleicher, a déclaré que "la Russie utilisait près de 200 comptes fictifs non-authentifiés pour atteindre plus d'un million de followers en Afrique. Les réseaux gérés par la Russie ont travaillé étroitement avec les locaux pour dissimuler les véritables origines des sites".





"Il y a une sorte de jonction des forces, si vous voulez, entre les acteurs locaux et les acteurs russes", a-t-il déclaré à Reuters. "Il semble que les acteurs locaux impliqués sachent qui est derrière l'opération."





Ces dernières années, le Kremlin a déployé des efforts considérables pour susciter l’appui des dirigeants africains. La semaine dernière, Poutine a organisé le tout premier forum Russie-Afrique dans la station balnéaire de Sotchi, sur les bords de la Mer Noire, auquel ont participé plus de 40 chefs d'État africains.





Selon The Guardian, Prigozhin a dirigé la poussée de la Russie en Afrique. Des mercenaires de Wagner - un sombre sous-traitant militaire privé lié à Prigozhin - ont été envoyés en République Centrafricaine. Les unités de Prigozhin ont également établi des médias dans plusieurs pays africains et ont envoyé des "conseillers" russes pour aider aux élections.





L’objectif de Moscou semble être de renforcer les gouvernements existants et de discréditer les partis d’opposition pro-occidentaux. Les documents examinés par le Guardian en début d’année envisagent de former une nouvelle génération de "dirigeants" africains et "d’agents" infiltrés et de remplacer les anciennes puissances coloniales telles que la France ou le Royaume-Uni.





The Guardian avait déjà publié en 2018 des documents qui révèleraient l'influence grandissante de la Russie sur quelques pays africains. La République Centrafricaine, Madagascar et le Soudan figuraient au niveau 5, niveau maximal d'observations et d'actions selon les sources. Ces faisceaux appuieraient notamment plusieurs secteurs de ces Etats : politique, militaire, économie, médias, humanitaire.









Facebook a déclaré qu'un faux réseau était centré sur le Soudan où, fin 2018, la Russie avait tenté en vain de soutenir le président Omar al-Bashir, qui avait été destitué en avril. Un autre réseau gérant 35 comptes et 53 pages a été fermé à Madagascar et au Mozambique. Un troisième était axé sur la Libye. Facebook n'a pas identifié quels comptes avaient été suspendus. Mais The Guardian a constaté que "la page Facebook d’un service d’information en langue française, Afrique Panorama, basée à Antananarivo, la capitale malgache, ne fonctionnait plus" depuis la purge effectuée par Facebook.





Les campagnes d'ingérence en Afrique avaient été publiées soulevant de nouveaux problèmes géopolitiques depuis 2016. "Certains comptes étaient actifs dès 2014", a déclaré Facebook.





Pour l'Afrique, un site web basé en Afrique du Sud et lié à une tentative russe de se mêler des récentes élections dans le pays en soutenant le parti au pouvoir, l'ANC, ne fonctionnait pas non plus.





Des chercheurs de l'Observatoire Internet de l'Université de Stanford, ont déclaré que les réseaux utilisaient diverses techniques à travers les pays africains.





"Certains comptes ont soutenu un parti ou un candidat spécifique", ont-ils affirmé, "tandis que d'autres ont appuyé plusieurs chiffres". Dans d'autres cas, les pages paraissaient consacrées à la création d'un soutien aux activités de Wagner ou à des offres russes pour l'or, les diamants et d'autres ressources naturelles.





Le "takedown" de mercredi était la deuxième action de Facebook contre des groupes liés à Prigozhin en une semaine. La semaine dernière, la société a annoncé la suspension d'un réseau de 50 comptes Instagram connectés à Internet Research Agency.





Prigozhin a démenti les affirmations américaines selon lesquelles il aurait financé l’usine de trolls et a affirmé que le réseau Wagner n’existait pas.


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