Alliance pour l'agriculture verte en Afrique : un sommet capital à Nairobi le 7 septembre 2021

    
Le sommet AGRF 2021 (African Green Revolution Forum) de quatre jours commence à Nairobi la semaine prochaine. Les pays participants devraient tracer la voie de la reprise pour le système alimentaire africain afin de renforcer la résilience face aux chocs à venir.

Jennifer Baarn (photo), responsable des partenariats à l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) et directrice générale par intérim de l'AGRF, a détaillé les progrès réalisés depuis le dernier sommet au Rwanda et les engagements financiers et l'innovation que les pays africains attendent du sommet de Nairobi.

Quels sont les réalisations depuis le dernier sommet AGRF 2020 au Rwanda

Le sommet AGRF 2021 est essentiel pour l'agriculture africaine. C'est un moment décisif pour souligner les réalisations et débloquer de nombreux engagements et innovations politiques et financiers dont le continent a besoin pour faire avancer les promesses faites lors du Sommet des chefs d'État de Malabo et enclencher la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies.

Grâce à l'Agribusiness DealRoom, une plateforme en jumelage avec l'AGRF visant à catalyser de nouveaux accords commerciaux, partenariats et engagements, nous avons pu mobiliser des investissements s'élevant à 4,7 milliards de dollars en 2020. Au cours des trois dernières années, les marchés ont recherché conjointement un capital global de 11 milliards de dollars

Engagements envers l'avenir des systèmes alimentaires pour la résilience en Afrique 

Le Covid-19 a mis en évidence la fragilité des systèmes alimentaires du continent. Les confinements, les couvre-feux et les maladies ont fait émerger des menaces d'approvisionnement dans toute l'Afrique, et la pandémie était un exemple sur la nécessité de construire de toute urgence des systèmes alimentaires plus résilients sur le continent afin de résister aux chocs.

Depuis 2014, les sécheresses ont coûté 372 milliards de dollars à la région, tandis que la pire résurgence acridienne en une génération en Éthiopie et en Somalie en 2019-2020 a détruit plus de 356.000 tonnes de céréales sur près de 1,5 million d'hectares de cultures et de pâturages en Éthiopie.

Le sommet AGRF 2021 fournira une plateforme à toutes les parties prenantes pour aligner des actions et des engagements nécessaires dans le but de construire des systèmes alimentaires résilients qui mettent fin à la faim et soutiennent la réalisation des objectifs de développement durable.

Politiques, technologies, finances : les solutions adoptées par les gouvernements répondent-elles aux besoins essentiels des agriculteurs ?

L'AGRF est composée de 26 acteurs de premier plan de l'agriculture africaine, tous concentrés sur la mise des agriculteurs au centre des économies en croissance. Grâce à nos partenariats, nous travaillons à soutenir les réformes politiques aux niveaux micro et macro, guidés par les priorités des gouvernements à travers le continent. Le rôle du sommet annuel de l'AGRF est de mettre en évidence les progrès, les défis et les méthodes de travail qui peuvent être adaptés à l'échelle locale pour les différents acteurs africains.

Le Covid-19 a non seulement exacerbé un contexte d'insécurité alimentaire, la fragilité de l'Afrique, mais il a également ajouté une autre couche complexe à d'autres menaces pour la sécurité alimentaire telles que le changement climatique, les mauvaises récoltes, les conflits et les récessions économiques.

Mais la pandémie présente également une immense opportunité sur laquelle nous pouvons tirer parti au-delà de la lutte contre les préoccupations immédiates entourant les crises sanitaires et alimentaires. C'est pourquoi, lors du Sommet de l'AGRF cette année, nous appelons à une action collective décisive pour la construction de systèmes alimentaires résilients.

Le rôle des femmes et des jeunes dans la transformation des systèmes alimentaires en Afrique

D'après les résultats du sommet du Rwanda, les gouvernements africains se sont réunis et ont mis en lumière l'importance des femmes et des jeunes dans l'agriculture. Le sommet de cette année au Kenya mettra particulièrement l'accent sur le rôle des femmes et des jeunes dans la transformation des systèmes alimentaires africains. Divers problèmes auxquels ces groupes sont confrontés devraient dominer les discussions au First Ladies Forum et au Youth Hall.


L'Afrique en quête de sécurité alimentaire

L'insécurité alimentaire est une préoccupation mondiale majeure. Ce n'est pas propre à l'Afrique. Selon la FAO, près de 2,37 milliards de personnes n'avaient pas accès à une alimentation adéquate en 2020, soit une augmentation de 320 millions de personnes en un an seulement. Aucune région du monde n'a été épargnée. Il convient de noter que l'insécurité alimentaire est un problème multidimensionnel lié aux politiques locales, au leadership, aux politiques commerciales mondiales, à l'environnement, entre autres facteurs.

Cela dit, la réalisation de la sécurité alimentaire nécessitera une approche multidimensionnelle. Cette approche nous obligera à repenser la gouvernance, l'élaboration des politiques et la mise en œuvre du système alimentaire.

Les objectifs de l'AGRA

Les investissements de l'AGRA dans n'importe quel pays représentent nettement moins d'un pour cent de l'investissement agricole total, et il est fallacieux d'attribuer les résultats de rendement du pays, à la fois positifs ou négatifs, aux investissements à court terme de l'AGRA.

Nous devons remercier les dirigeants africains d'avoir reconnu le rôle essentiel que l'agriculture peut et doit jouer dans la transformation de la vie de millions de leurs administrés. Mais les chiffres et les résultats que nous constatons ne sont pas optimaux. Le continent n'est pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies d'ici 2030.

Un autre fait qui donne à réfléchir est que la Commission économique unie pour l'Afrique a récemment prévu 43 milliards de dollars d'importations alimentaires annuelles de l'Afrique. Cela appelle de toute urgence une transformation radicale pour sevrer le continent de cette dépendance qui devrait atteindre 110 milliards de dollars d'ici 2025.

Innovation agricole et revenus des agriculteurs africains

L'AGRA défend la transformation agricole inclusive, ce qui signifie faire passer les agriculteurs de l'agriculture de subsistance à la participation à un système agricole/alimentaire commercial dans lequel les revenus et les actifs productifs augmentent.

Les transformations conduisent à des progrès soutenus afin que les économies agricoles et non agricoles soutiennent une croissance plus rapide, plus inclusive et plus sûre.

Au niveau national, la priorité de l'AGRA a été d'aider les gouvernements des 13 pays sélectionnés à construire des États engagés, responsables et capables. Notre travail avec plus de 800 partenaires dans 11 pays a touché directement 10,1 millions d'agriculteurs et indirectement plus de 20 millions. 62% de nos agriculteurs soutenus ont changé leurs pratiques et adoptent des technologies qui ont augmenté leurs rendements et leurs revenus.

Nous avons connu un énorme succès dans la création de partenariats qui ont permis de mobiliser 141 millions de dollars via l'AGRF Deal Room, qui est désormais la plateforme prééminente pour connecter les investisseurs aux opportunités.


L'AGRA est critiquée sur le marché des graines et des engrais hybrides

L'AGRA estime qu'un secteur privé fort est crucial pour le développement du secteur agricole et l'élimination de la pauvreté rurale et de la faim. Le secteur privé est fondamental pour établir des systèmes durables, en fournissant des informations et des produits aux agriculteurs qu'ils peuvent utiliser pour faire des choix éclairés.

L'AGRA estime que les agriculteurs africains devraient avoir des choix et un accès aux technologies que d'autres agriculteurs du monde tiennent pour acquis. L'alliance s'est concentrée sur les entreprises africaines autochtones et a aidé à créer 119 sociétés semencières locales et des centaines de PME dans de nombreuses chaînes de valeur, y compris les petites céréales telles que le mil et le sorgho depuis 2007. Ces entreprises ont produit des variétés de semences améliorées qui ont profité à 25,1 millions d'agriculteurs.

*Les 13 pays sélectionnés par l'AGRA : Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Kenya, Malawi, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Ouganda, Rwanda, Tanzanie et Zambie. 

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