Luxe : des fonds activistes veulent marier Kering (Gucci, YSL, ...) et Richemont (Cartier, Van Cleef & Arpels, ...)


Artisan Partners, Third Point. Très peu de gens connaissent ces sociétés et pourtant ces fonds d'investissement peuvent faire la pluie et le beau temps dans plusieurs grands groupes industriels mondiaux, leaders dans leurs secteurs respectifs. Habitués des coups de force financiers pour faire plier les gouvernances de ces groupes, ces fonds activistes ont des idées précises et feront tout pour les faire respecter auprès de ces groupes. la dernière victime d'une pression énorme, engagée par Third Point et Artisan Partners, est Richemont, groupe de luxe basé en Suisse, propriétaire de Cartier et de Van Cleef & Arpels, entre autres marques.

Selon une information de Miss Tweed, site spécialisé dans le secteur du luxe, Richemont est actuellement la cible de la pression directe des fonds activistes Third Point et Artisan Partners dans le but d'un rapprochement avec le groupe français Kering, appartenant à la famille Pinault. La méthode est simple et redoutablement efficace : ces fonds ont augmenté leurs participations dans Richemont, "probablement jusqu'à 3% pour le new-yorkais Third Point et 1,2% pour Artisan Partners.

L'objectif est clair, confirmé par plusieurs sources, et relayé par BFM Business : "déverrouiller la gouvernance de Richemont pour le pousser à un mariage avec Kering". Le sud-africain Johann Rupert (photo), président de Richemont, est critiqué par ces fonds de concentrer trop de pouvoir sur le groupe suisse, avec 10% du capital et 51% des droits de vote, grâce à des droits multiples. En outre, Johann Rupert est entouré dans le conseil d'administration de 20 membres, tous des amis, avec un comité exécutif sans trop de pouvoir sur la gestion du groupe.

L'âge de Rupert, 70 ans, est déjà un problème pour ces activistes, pour conduire le groupe face à une concurrence féroce, comme le leader mondial LVMH de Bernard Arnault et son dauphin Kering de Françoi- Henri Pinault. 

Third Point, dirigé par Dan Loeb, un habitué des manœuvres en forcing, n'en est pas à son premier coup de force. Le fonds basé à New York a en effet profité de la division entre les actionnaires du groupe Shell pour prendre une participation de 750 millions de dollars dans le groupe pétrolier, tout en demandant de le dépecer en plusieurs sociétés autonomes, suivant les métiers du groupe. Third Point estime que Shell "est l'une des plus grandes capitalisations les moins chères au monde", a rapporté Miss Tweed. 

Une source relayée par BFM Business a également rapporté que "Johann Rupert verrouille Richemont comme c’était le cas d’Arnaud Lagardère dans son groupe. L’idée de Third Point est de faire sauter ce verrou, comme Amber a fait sauter la commandite chez Lagardère".

Le groupe Lagardère a en effet perdu le contrôle de Europe 1, de Paris Match et l'ensemble de ses actifs industriels contrôlé par Arnaud Lagardère, ancien gérant en commandite, qui a hérité du groupe il y a des années, après décès de son père Jean-Luc Lagardère. Dans cette perte de contrôle, l'action en sous-main de Third Point y était pour beaucoup. Ce fonds activiste a également agi de la même sorte dans la restructuration des géants industriels comme Nestlé ou Sony.

Third Point et Artisan Partners, se sont ainsi donnés les moyens afin de mettre la pression sur Richemont pour que ce groupe établisse une stratégie précise pour redresser son cours boursier; à la traîne. La solution de Third Point est unique : un rapprochement avec le français Kering. A celui-ci, fort dans la mode (Gucci, Yves Saint Laurent, Balençiaga, ...), manque des métiers comme les bijoux et les montres où Richemont excelle avec Cartier ou Van Cleef & Arpels. Une complémentarité qui pourrait titiller le leader, LVMH. 

Pinault s'est en effet rapproché de Rupert au début de 2021. Après cette rencontre, Johann Rupert avait déclaré : "Je ne suis pas vendeur". Jusqu'à quand...

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