Lobbying | Les GAFAM à l’offensive en France



Dans un rapport qui vient d’être publié, l’Observatoire des Multinationales (OM) se penche sur les intenses travaux de lobbying que les géants américains de la tech mènent dans l’Hexagone pour muscler leur influence et se protéger face à des régulateurs plus durs dans le secteur du numérique.

OM commence par rappeler l’essor fulgurant des GAFAM. « Microsoft et Apple d’abord, puis Amazon, Google et Facebook ont grandi rapidement jusqu’à atteindre les premiers rangs mondiaux en termes de capitalisation boursière ou de chiffre d’affaires. Cet essor s’est fait sans trop attirer l’attention des gouvernements, sur le mode du fait accompli. N’étaient-ils pas des nouveaux venus foncièrement bons, proposant des nouveaux services innovants ».

Mais les promesses dorées de la Silicon Valley ne sont plus tout à fait de mise aujourd’hui. Les GAFAM ont dû rabattre un peu de leur superbe en bourse et certains ont procédé à des licen-ciements. Et ils sont de plus en plus critiqués de sorte que les régulateurs sont de plus en plus actifs pour s’attaquer à ce que certains qualifient d’abus et de pouvoir excessif. Face à cette menace, les GAFAM ont sorti l’artillerie lourde pour défendre leurs intérêts. En quelques an-nées, leurs dépenses de lobbying ont explosé ces dernières années. D’abord à Bruxelles, siège de l’Union européenne, puis dans les pays comme la France.

Selon toujours le rapport, les géants de la tech recourent aux mêmes stratégies d’influence que les multinationales bien établies – embauche de cabinets de lobbying et de communicants, dé-bauchage de hauts fonctionnaires, financement de think tanks et ainsi de suite, mais avec à leur disposition des ressources encore plus considérables, et un pouvoir d’influence accru par leur prise directe sur l’opinion et par leur pénétration au cœur des administrations publiques.

Pour ne pas perdre pied sur le marché européen en général et français en particulier, Amazon, Google et les autres en France ne minimisent aucune possibilité tout en affichant généralement une posture positive et conciliante, histoire de se démarquer de l’agressivité d’Uber qui, en juillet dernier, a dû faire face à un violent vent de fronde. OM qui fait remarquer également que le déficit d’expertise et de moyens au sein de l’administration et des services publics per-met aux GAFAM de se positionner en partenaires incontournables des pouvoirs publics pour aider à régler des problèmes. Ce que l’on pourrait appeler du « lobbyisme passif ».

Pour les chiffres, l’OM avance que les dépenses déclarées de lobbying des GAFAM en France ont été multipliées par trois entre 2017 et 2021, pour atteindre environ 4 millions d’euros an-nuels. Ces groupes s’assurent en même temps les services de nombreux cabinets de lobbying : au moins 8 à Paris et 10 à Bruxelles pour Google par exemple selon les données des registres de transparence. Les lobbys sectoriels du secteur numérique, qui représentent environ 1,5 mil-lion d’euros de dépenses supplémentaires de lobbying, comptent tous des GAFAM parmi leurs membres.

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