Alors que l’aide publique internationale enregistre un recul significatif, de nouvelles alliances se mettent en place pour combler le vide et maintenir le cap de la transition énergétique mondiale. Parmi elles, la Global Energy Alliance for People and Planet (GEAPP) s’impose comme un acteur clé. Créée lors de la COP26 en 2021, cette initiative a pour ambition de mobiliser des financements innovants afin de déployer massivement des solutions d’énergie renouvelable en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
La contraction de l’aide publique est aujourd’hui manifeste. Selon l’OCDE, l’aide au développement a chuté de 7,1 % en 2024, en grande partie à cause du désengagement des États-Unis. Une tendance qui fragilise les pays les plus vulnérables, pourtant en première ligne face au changement climatique et à la crise énergétique. Dans ce contexte, les initiatives hybrides qui allient capitaux philanthropiques, financements multilatéraux et investissements privés apparaissent comme des solutions d’avenir.
C’est précisément le modèle défendu par la GEAPP. Soutenue par trois grands acteurs philanthropiques — la Fondation Ikea, la Fondation Rockefeller et le Bezos Earth Fund —, l’alliance fonctionne comme un fonds de capital-risque. Elle utilise les ressources philanthropiques pour absorber une partie du risque, ce qui rend les projets plus attractifs pour les bailleurs publics, les banques multilatérales et les investisseurs institutionnels. Cette approche a déjà porté ses fruits. Entre 2021 et 2025, son premier plan quinquennal a permis de mobiliser 7,8 milliards de dollars et d’offrir l’accès à l’électricité à 240 millions de personnes.
Pour sa nouvelle feuille de route 2026-2030, la GEAPP affiche une ambition encore plus élevée. L’organisation prévoit de réunir 7,5 milliards de dollars, dont 500 millions de capitaux philanthropiques. Grâce à l’effet de levier, elle espère multiplier ce montant par quinze afin d’atteindre son objectif global. Les priorités sont claires : accélérer l’électrification, stimuler la croissance verte et renforcer la résilience énergétique des pays en développement. Au-delà de son action propre, la GEAPP joue aussi un rôle de catalyseur au sein d’un écosystème plus large. Elle soutient notamment Mission 300, une initiative conjointe de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD), qui vise à électrifier 300 millions d’Africains d’ici 2030. Dans ce cadre, la GEAPP a déjà cofinancé une enveloppe initiale de 10 millions de dollars pour accompagner 15 projets pilotes répartis dans 11 pays du continent.
Selon les explications fournies, cette stratégie illustre la transformation profonde des mécanismes de financement du développement. Face à la raréfaction des fonds publics, les alliances multi-acteurs deviennent cruciales pour mobiliser les capitaux nécessaires. En reliant les dons philanthropiques aux grands bailleurs multilatéraux, la GEAPP contribue à redessiner le paysage de la coopération internationale. À l’heure où la transition énergétique est non seulement un impératif climatique mais aussi un levier de développement économique, la réussite de ce type d’initiatives sera déterminante. Si la GEAPP parvient à atteindre ses objectifs, elle pourrait démontrer que l’innovation financière est l’un des moteurs essentiels pour accélérer l’accès universel à une énergie propre et abordable.
0 Commentaires