Japon : Sanae Takaichi a formé son gouvernement

La nouvelle Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, a dévoilé la composition de son premier gouvernement. Première femme à accéder à la tête du gouvernement japonais, elle avait promis une équipe ministérielle équilibrée entre les genres, « à la scandinave ».


La nouvelle Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, a dévoilé la composition de son premier gouvernement. Première femme à accéder à la tête du gouvernement japonais, elle avait promis une équipe ministérielle équilibrée entre les genres, « à la scandinave ». Pourtant, sur les vingt membres du cabinet, seules deux femmes ont été nommées, révélant les limites de cette ambition dans un paysage politique encore largement dominé par les hommes.


Le Japon se classe 118e sur 148 pays dans le rapport 2025 du Forum économique mondial sur l’écart entre les sexes. À la Chambre basse du Parlement, les femmes ne représentent que 15 % des élus, un chiffre qui témoigne du chemin encore long vers une véritable parité. Cette réalité rend d’autant plus symboliques les deux nominations féminines : Satsuki Katayama, première femme à occuper le poste de ministre des Finances, et Kimi Onoda, désormais ministre de la Sécurité économique. Satsuki Katayama, économiste chevronnée et membre influente du Parti libéral-démocrate (PLD), aura la lourde tâche de piloter la politique budgétaire du Japon dans un contexte de ralentissement économique et de pression inflationniste. De son côté, Kimi Onoda devra renforcer les dispositifs de sécurité économique, un domaine de plus en plus stratégique face aux tensions régionales et à la dépendance technologique vis-à-vis de la Chine.


Côté diplomatie, Toshimitsu Motegi, figure expérimentée du PLD, reprend les rênes du ministère des Affaires étrangères. Il s’était illustré lors des négociations d’un accord commercial avec les États-Unis sous le premier mandat de Donald Trump. Sa nomination suggère une volonté de continuité dans la politique étrangère japonaise, marquée par la stabilité des alliances et la prudence stratégique. Autre figure notable, Shinjiro Koizumi, ancien ministre et rival politique de Takaichi lors de la course à la présidence du PLD, a été nommé ministre de la Défense. Ce choix, perçu comme un geste d’unité interne, pourrait également refléter la volonté de la Première ministre de rassembler les différentes factions de son parti autour d’un programme commun.


Lors de la présentation de son équipe, Sanae Takaichi a affirmé que la priorité de son gouvernement serait la mise en œuvre d’un programme économique destiné à atténuer les effets de la hausse des prix sur les ménages. Elle a insisté sur la nécessité de « soutenir le pouvoir d’achat des Japonais » et de « garantir la stabilité des approvisionnements énergétiques et alimentaires ». Ce premier gouvernement Takaichi apparaît donc comme un mélange de symbolisme politique et de réalisme économique. S’il marque un pas vers une représentation féminine accrue, il illustre aussi la persistance des résistances structurelles à l’égalité des genres au Japon. Reste à savoir si la nouvelle cheffe du gouvernement, connue pour son pragmatisme et sa fermeté, saura traduire ses promesses en réformes durables et faire évoluer une culture politique profondément enracinée dans la tradition masculine.

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