Classement des hôtels à Madagascar : une copie à revoir

Certains hôteliers ont l’art de contourner les dispositions de la législation pour se faire une place dans le secteur. En fait, depuis longtemps, dans ce métier, « l’approximatif » semble convenir à tout le monde. Et pourtant cet esprit nuit sérieusement à la profession. Cet état de chose suscite un certain nombre de questions qui attendent des réponses.

par Zoé Ranoromalala

Les établissements hôteliers pullulent, animant les paysages malgaches par la diversité de leurs formes, de leurs couleurs, de leurs dimensions, quelquefois, rivalisant d’extravagance. Il existe des petits hôtels, des grands hôtels, des bungalows, des lodges, des pensions de famille, des maisons d’hôtes et même de petites constructions faisant fi de toutes les normes de salubrité et de confort.  Tenez vous bien ! Ces espèces de « bouis- bouis » arrivent toujours à trouver preneurs, locaux et étrangers!

L’évidence est que si vous avez de l’argent, que vous soyez  malgache ou vazaha (étrangers), vous constituez un dossier pour demande d’exercice du  métier et l’adressez au ministère. Vous obtenez l’agrément et vous construisez ou achetez votre maison, que vous modifiez en hôtel. Dans ces cas là, les obligations et recommandations à respecter ont-elles été suivies à la lettre ? Certains hôteliers ont l’art de contourner les dispositions de la législation pour se faire une place dans le secteur. En fait, depuis longtemps, dans ce métier, « l’approximatif » semble convenir à tout le monde. Et pourtant cet esprit nuit sérieusement à la profession. Cet état de chose suscite un certain nombre de questions qui attendent des réponses.


Les textes régissant  les fameuses normes ont-ils été bien mis à la connaissance des opérateurs lors des demandes d’agrément? Les critères exigés dans les textes sont-ils clairs et concis afin d’aider ces derniers à édifier une affaire pérenne et respectueuse de la législation en vigueur ? Le constat est là : un certain nombre d’établissements ne méritent pas les niveaux de classement qui leur sont attribués. Pourquoi de telles anomalies ? Est-ce dû un problème de moyens financiers ? Car il faut l’admettre, se mettre aux « normes » quel que soit le domaine, entraîne une mobilisation de nouveaux capitaux.

Le secteur touristique  étant parmi  les principaux  pourvoyeurs  de devises pour le pays, il s’avère très urgent pour le ministère de faire le ménage dans le métier d’hôtelier. L’idéal est de satisfaire pleinement la clientèle et faire montre d’un professionnalisme sans faille. 4 points essentiels sont concernés : la chambre, la cuisine, les loisirs et le personnel. Un suivi rigoureux de la formation de ce dernier est à suivre de très près, si on veut fournir aux visiteurs un service de qualité.

La nécessité de créer au sein du département du tourisme, des organes d’information et de contrôle spécialisés sur le classement des hôtels, en partenariat avec les organismes tels que la Fédération des hôteliers et restaurateurs de Madagascar (FHORM), l'Office National du Tourisme de Madagascar (ONTM). Il importe que les opérateurs hôteliers puissent connaître les dernières innovations dans le domaine hôtelier dans les autres pays, s’ils souhaitent se mettre aux normes internationales.

Il est évident que des experts en classement des hôtels soient mobilisés.  auxquels incombent des missions de contrôle quant  aux situations réelles dans les hôtels, afin de décider du niveau de classement à attribuer à chaque établissement. La tâche est énorme dans  une profession ayant subi de plein fouet les contrecoups d’une crise politique interminable. N’empêche que certains hôtels ont fait des efforts notoires pour améliorer leurs prestations. Concurrence oblige !  Cela suffit-il pour attirer davantage de clients à Madagascar, dont la majeure partie vient d’Europe, et les fidéliser ?  

N’est-il pas le moment pour Madagascar de définir une clientèle cible, haut de gamme, classe moyenne ou sac à dos, pour normaliser le secteur touristique en général et hôtelier en particulier, pour, à terme, faire rentrer plus de devises au pays ? Dans tous les cas, une réorganisation considérable est à envisager et un solide soutien à fournir aux opérateurs hôteliers.  La balle est dans le camp du Ministère du Tourisme.

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