"Ce sont des sommes considérables pour un secteur réglementé. Cela doit inciter les pouvoirs publics à être particulièrement exigeants en ce qui concerne la transparence des marges". Et c’est justement parce qu’il estime que "l’objectif de transparence ne peut être rempli dans le cadre du décret actuel" que Victorin Lurel souhaite réformer le décret Penchard sur les carburants.
par Christian Berthelot pour le Journal de l'EconomieVictorin Lurel, ministre des Outre-mer français, divulgue les bénéfices des pétroliers dans une tribune à France-Guyane : "Le secteur des carburants a dégagé un bénéfice net après impôt d’environ 50 millions d’euros en 2011 dans la zone Antilles-Guyane et d’environ 40 millions d’euros à la Réunion et Mayotte, sans compter les bénéfices des stations service pour lesquelles un chiffre précis ne pourrait être donné qu’en agrégeant des centaines de comptes", dit-il. Les bénéfices nets des compagnies auraient presque doublé en 10 ans.
Evidemment, devant la grogne des consommateurs qui ont fait appel au ministre au cours de l'année 2012 lors des hausses de l'été, celui-ci se doit de prendre les choses en main, sachant qu'également les stations services font grève à la Réunion afin de protester contre les marges faibles qui leurs sont octroyées. Tous demandent plus de transparences au niveau des marges des pétroliers qui gageraient plus d'argent que les banques et autant que le secteur des nouvelles technologies comme la téléphonie. "Ce sont des sommes considérables pour un secteur réglementé. Cela doit inciter les pouvoirs publics à être particulièrement exigeants en ce qui concerne la transparence des marges". Et c’est justement parce qu’il estime que "l’objectif de transparence ne peut être rempli dans le cadre du décret actuel" que Victorin Lurel souhaite réformer le décret Penchard sur les carburants.
Le ministre rencontrait les compagnies pétrolières de la Réunion le jeudi 13 juin à Paris.
Cependant, des revendications diverses proviennent des Antilles et de l'Océan Indien et risquent de créer une large confusion : "La mise en consultation du projet de décret de réforme de la réglementation des prix des carburants en Outre-mer a été engagée au moment où des demandes de revalorisation de la marge de détail en Guyane et en Martinique étaient examinées dans le cadre de l’actuelle réglementation. Les deux sujets ont été mêlés, créant une certaine confusion", estime le ministre.
Celui-ci fait son possible pour temporiser et apaiser les esprits sachant que les distributeurs réunionnais étaient en grève hier et risquent de bloquer à nouveau l'économie de l'île. "Le dialogue a vocation à se poursuivre dans les prochaines semaines avec un triple objectif : la juste rémunération de tous les acteurs de la filière, la préservation des emplois et les garanties apportées au consommateur sur la loyauté des marges" en ajoutant : "Les organisations professionnelles et les opérateurs pétroliers ont été invités à faire connaître leurs observations par écrit. Nous les attendons pour pouvoir les examiner et prendre en compte ce qui doit l’être. Je note avec satisfaction qu’un certain nombre d’organisations, dans plusieurs départements, ont déjà indiqué qu’elles préparaient une contribution".
Dans le même temps, Didier Robert, président de la Région Réunion, en déplacement en Inde signait une déclaration d'intention avec le patron de la Indian Oil Corporation ldt, Ravinder Sareen afin de pouvoir commercialiser de l'essence ainsi que du gaz à des prix "très, très compétitifs" dans le département de la Réunion. Cet accord a été signé en présence du président directeur général d’Air Austral Marie Joseph Malé, Jean-François Sita, vice-président de la Région, de Gaston Bigey directeur de Nexa et, naturellement, des responsables de la Indian Oil Corporation Ltd. Ce document préconise trois points principaux que les acteurs envisagent de concrétiser dans les trois à quatre mois à venir. Premièrement, la Région s’engage à faciliter la présence dans le département de la Indian Oil Corporation ltd pour l’importation, le stockage et la distribution des produits pétroliers (carburants et gaz naturels). Secondo, la Région mettra en perspective une coopération entre la Indian Oil et les acteurs économiques de la Réunion. Tertio, Didier Robert souhaite l’implantation d’une raffinerie dans l'île. Le premier objectif étant de faire baisser les prix à la pompe des carburants à la Réunion.
Indian Oil Corporation Ltd est une grande entreprise indienne qui exploite la majorité de la chaîne des hydrocarbures en Inde. Celle-ci compte plus de 15 000 stations service dans le pays. Elle est également installée à Maurice, à Sri Lanka et à Dubaï où elle fournit également des « carburants conformes aux normes internationales » à des grandes compagnies aériennes européennes comme Air France.
La question est de savoir quelle sera la décision de Victorin Lurel, ministre des Outre-mer ?
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