Poutine et Hollande : l'aplomb et la gribouille

Hollande s'est-il fourvoyé en voulant discuter du cas de Bachar El Assad avec Poutine à Paris ? Ce dernier a tout simplement annulé sa visite



Journal de l'Economie | Tsirisoa Rakotondravoavy


PARIS 11/10/2016 (journaldeleconomie.com) -- Hollande se retrouve dans une mauvaise posture sur le plan international car l'Arabie Saoudite, que le monde diplomatique condamne désormais ouvertement sur les bombardement au Yemen et le financement du terrorisme, a vu récemment son prince décoré de la Légion d'Honneur française des mains de François Hollande. Cette image témoigne de la "politique de la gribouille" engagée par Hollande sur le plan international. Pour enfoncer le clou, Vladimir Poutine vient d'annuler sa visite à Paris.
Hollande voulait-il discuter du départ de Bachar-El Assad avec Poutine à Paris ? Raté. Voulait-il voir l'Arabie Saoudite comme grand vainqueur d'un blitzkrieg au Yemen ? Raté. Espérait-il un dialogue facile avec les russes au Conseil de sécurité de l'ONU ? Raté.
Pendant que François Hollande hésitait sur la décision de recevoir son homologue russe Vladimir Poutine à Paris le 19 octobre prochain, ce dernier lui a facilité les choses en annulant tout simplement ce déplacement prévu il y a des mois. Cette décision de Poutine fait suite au véto posé par la Russie sur les pourparlers demandés par la France au Conseil de sécurité des Nations-Unies, pour une résolution d'un "cessez le feu" à Alep, en Syrie. Ce dernier événement sonne comme un camouflet politique et diplomatique pour Hollande qui a annoncé auparavant un "dialogue ferme et franc" devait emboîter le pas au bruit de bombardements et d'obus sur la Syrie, notamment à Alep où la Russie appuie fortement l'armée syrienne sur la lutte contre l'Etat Islamique.

François Hollande, faisant fi des vrais intérêts français sur le plan géopolitique mondial, a fait les frais de la décision du maître du Kremlin de repousser sa future visite à Paris, au lendemain de l'accord entre la Turquie et la Russie pour mettre en place le gazoduc "Turkstream", signé en grande pompe entre Poutine et Erdogan. Cette dernière entente a abouti malgré la perte d'un bombardier russe abattu par l'armée turque il y a quelques mois, installant un froid entre ces deux pays. En outre, l'Arabie Saoudite et la Russie ont déclaré pouvoir réduire, voire arrêter leur production de pétrole pour voir le cours du baril augmenter à plus de 60 dollars.

En attendant, l'aplomb de Poutine gagne du terrain. Sur les conflits en Crimée et en Ukraine qui sont devenus un non-sujet, sur le dossier de la Syrie qui semble impossible à maîtriser pour les Occidentaux, en Turquie où le puissant Erdogan bénéficie d'une économie robuste, sur la présence d'une "main russe" derrière la montée des nationalistes en Europe, à l'exemple de Canal+ qui a enquêté sur le financement du Front National, conforté par des révélations de conversations entre le Kremlin et des éléments du FN.

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