Industrie musicale : le streaming renforce sa domination

Le streaming continue de consolider sa domination sur l’industrie musicale mondiale, représentant à lui seul 67 % des revenus du secteur, selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI).


Le streaming continue de consolider sa domination sur l’industrie musicale mondiale, représentant à lui seul 67 % des revenus du secteur, selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI). Ce mode d’écoute en ligne a généré environ 19,3 milliards de dollars sur un chiffre d’affaires global de 28,6 milliards, reléguant les ventes physiques à seulement 10 %. 


Cette révolution numérique, amorcée il y a une décennie, a profondément transformé les modèles économiques de la musique, tout en soulevant d’importantes questions sur la rémunération des artistes. Les principales plateformes – Spotify, Deezer, Apple Music, YouTube Music ou Amazon Music – concentrent aujourd’hui entre 25 et 30 % des revenus du streaming. Les grandes majors du disque, telles qu’Universal Music Group, Sony Music Entertainment et Warner Music Group, captent quant à elles près de 60 %. Les artistes, pourtant au cœur de la création, ne perçoivent qu’une part modeste, oscillant entre 10 et 15 %. Cette répartition inégale met en lumière un déséquilibre structurel, souvent dénoncé par les professionnels du secteur.


Le modèle économique du streaming repose sur deux sources principales : les abonnements payants, qui représentent 14,1 milliards de dollars (soit 73 % du marché), et la publicité, qui génère 5,2 milliards (27 %). Les abonnés bénéficient d’avantages exclusifs – absence de publicité, meilleure qualité audio, écoute hors ligne – tandis que les utilisateurs gratuits subissent des interruptions publicitaires. Cette dualité permet aux plateformes d’élargir leur base d’utilisateurs tout en assurant une rentabilité croissante.


Cependant, derrière cette réussite économique se cache un système de répartition complexe et controversé. Les revenus sont souvent redistribués selon un modèle dit « pro-rata », où les écoutes sont pondérées par la popularité globale sur la plateforme, favorisant les artistes les plus diffusés au détriment des indépendants. Face à ces inégalités, plusieurs initiatives émergent, prônant des modèles alternatifs de rémunération, tels que le user-centric payment system, qui redistribuerait les revenus en fonction des écoutes réelles de chaque abonné.


Ainsi, si le streaming s’impose comme le moteur de la croissance musicale mondiale, il cristallise aussi les tensions autour de la valeur de la création artistique. À l’heure où l’industrie musicale semble prospère, les débats sur une rémunération plus équitable des artistes n’ont jamais été aussi pressants. Le défi de l’avenir consistera à concilier rentabilité technologique et justice culturelle. Anoter que les utilisateurs gratuits, qui accèdent aux plateformes via des versions "freemium" financées par la publicité (comme Spotify Free ou YouTube), sont les plus nombreux. En 2024, Spotify déclare 626 millions d'utilisateurs actifs mensuels (MAU), dont 236 millions sont des abonnés payants, ce qui laisse environ 390 millions d'utilisateurs gratuits (62% de sa base). YouTube, avec environ milliards d'utilisateurs actifs mensuels pour la musique, domine largement en termes d'utilisateurs gratuits, la majorité accédant au contenu via des publicités. Selon Global Web Index, il y a environ 3,6 utilisateurs gratuits pour chaque abonné payant à l'échelle mondiale, bien que ce ratio varie selon les plateformes et les régions.

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires