Quand LVMH avait repris la marque américaine Tiffany & Co en 2019 pour un peu moins de 16 milliards de dollars, les anciens actionnaires avaient déjà mis en rénovation sa boutique phare (flagship) sur la 5ème avenue à New York. Après sa reprise par le géant français LVMH, les travaux n'ont pas été interrompus, bien au contraire.
Le nouvel actionnaire, la première fortune mondiale Bernard Arnault, a pris son temps pour peaufiner l'aménagement étalé sur 10 niveaux, dont un étage VIP. Le milliardaire français n'a pas dérogé à son habitude : il a missionné Peter Marino, architecte des bâtiments des marques de LVMH depuis des décennies, pour apporter l'ADN du groupe dans ce bâtiment aménagé en 1940 et rénové pour la toute première fois. Le coût des travaux étant tenu secret, les observateurs et les passants ont vu que la durée de la rénovation a pris du temps, entre 2019 et 2023. On parle d'un chiffre avoisinant le milliard de dollars de travaux. En interne, le Pdg de Tiffany, Anthony Ledru, avoue que le délai prévu a été largement dépassé. Mais c'est le prix à payer si Tiffany, une marque endormie des années 2000, veut se remettre au premier plan, séduire les jeunes et imposer sa culture auprès des clients.
Le résultat a dépassé l'imagination des fans de la marque. Lors de l'inauguration le 26 avril avant l'ouverture au public, Tiffany a invité du beau monde, comme à l'accoutumée chez LMVH dans le lancement de l'une de ses marques. Alexandre Arnault, vice-président de Tiffany, chargé de des produits et de la communication, a résumé la stratégie de LVMH en deux phrases bien choisies pour l'inauguration : "Notre intention était de protéger l’héritage de 186 ans de Tiffany. Pour autant, nous pensons que notre devoir est de surprendre et de propulser la marque dans le XXIe siècle". Tout est dit et l'assistance a bien senti l'engagement du groupe français sur l'avenir de Tiffany, marque fondée à New York en 1837.
Sur les dix niveaux aménagés lors de la rénovation, le flagship expose les produits phares de Tiffany, des bijoux et des collections qui ont fait son histoire et qui l'ont installé dans l'inconscient collectif des newyorkais sur leur idée du luxe à l'américaine, immortalisée par Audrey Hepburn dans le film Breakfast at Tiffany's, réalisé par Truman Capote. De nombreux produits ont été remis au goût du jour et posés entre des œuvres contemporaines signées par des Michel Basquiat, Vik Muniz, Damien Hirst, ou Richard Prince. Cet ensemble a brillé sous les yeux des invités comme Anna Wintour, qui dirige toujours d'une main de fer la rédaction de Vogue et papesse de la destinée des marques de mode et de bijoux dans les médias, ou l’actrice Gal Gadot (Wonder Woman), les mannequins thaïlandais Win et néo-zélandaise Georgia Fowler, au milieu d'autres stars du showbiz newyorkais.
Alexandre Arnault et Anna Wintour
Aux 8ème et 9ème étages, l'on peut retrouver Daniel Boulud, chef français, qui faisait déjà les pâtisseries de l’ancien restaurant. Il dirige maintenant le restaurant avec les "Breakfast at Tiffany" et "Tea at Tiffany" et d'autres menus personnalisés destinés aux salons privés.
LVMH a une visée très claire, comme l'a précisé son Pdg Bernard Arnault lors de la présentation annuelle des résultats du groupe : "Tiffany va pour la première fois dépasser le milliard de dollars de résultat opérationnel courant". Il faut savoir que la marque américaine n'a jamais dépassé la moitié de ce chiffre. Tiffany possède aujourd'hui plus de 300 boutiques à travers le monde et emploie 14.000 salariés. Et LVMH possède sur la 5ème avenue, à part Tiffany & Co, les boutiques Bulgari et Louis Vuitton,
En reine de la mode à New York, Anna Wintour n'a pas caché sa joie : "Nous sommes ravis que LVMH ait pris Tiffany sous son aile et l’ait transformée en quelque chose d’incroyable".
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