La SIACE (Société islamique pour l’Assurance des Investissements et des Crédits à l’Exportation) a publié ses données économiques sur l'année entière de 2022 en matière d'investissements étrangers dans les régions du Moyen Orient et du Maghreb. Ces données font état de 1.617 projets réalisés sur toute l'année, dépassant pour la première fois les 200 milliards de dollars en termes d'investissements directs étrangers (IDE). Une augmentation inédite de 358 % est enregistrée par ces régions par rapport à 2021, une hausse qui a définitivement transformé le paysage économique de cinq pays ayant accueilli ces investissements : l’Égypte, le Qatar (photo à la une : Doha), le Maroc, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis.
Sur l’année 2022, ces cinq pays arabes ont enregistré à eux seuls une augmentation des projets d’investissement direct étranger de 74 %, une hausse remarquable qui a fait oublié la tourmente économique qu'ils ont vécu suite aux mouvements du Printemps Arabe et des années 2020 et 2021 frappées par le Covid. Ces projets ont attiré dans ces cinq pays un total de 176,1 milliards de dollars, s'arrogeant 88% des IDE dans tout le Moyen Orient et le Maghreb.
Cette tendance à l'augmentation des investissements a été soutenue en 2023, avec une hausse du nombre de projets à 28 % sur les quatre premiers mois de l’année. De même, la SIACE a rapporté une augmentation de 70 % de la valeur totale des projets réalisés en Égypte, au Qatar, au Maroc, en Arabie Saoudite et dans les Émirats Arabes Unis.
Orientations économiques et politiques sectorielles spécifiques éprouvées
Durant la décennie passée, l’Égypte, le Qatar, le Maroc, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis se sont engagés dans de nouvelles orientations économiques faisant de chacun de ces pays un pôle économique attractif, accompagné par un politique claire dont les IDE sont les cibles principales pour engager une dynamique nouvelle, éprouvée par la dernière crise sanitaire mondiale et les nouveaux bouleversements géopolitiques dus à la guerre en Ukraine. Il est à citer en exemples la nouvelle politique énergétique de l'Egypte et du Maroc orientée vers les énergies renouvelables, additionnée à la mise en valeur de la production de gaz pour le royaume chérifien face à la nouvelle demande en Europe. L'orientation vers le tourisme, l'immobilier et les loisirs engagée par le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis a également fait de ces régions une destination mondiale incontournable, drainant des investissements pharaoniques dans la construction, attirant des grands événements culturels et économiques et sportifs internationaux révélant une dynamique inédite de ces régions, les transformant en hubs mondiaux pour le tourisme et les échanges économique.
L'Egypte en pôle position
L’Égypte arrive en tête des pays arabes en attirant 107 milliards de dollars d’IDE en 2022. Ce qui représente 54 % de l'ensemble des investissements réalisés dans le contour complet du Maghreb et du Moyen Orient. Le pays dirigé de mains de fer par Abdel Fattah al-Sissi commence à goûter au fruit de sa politique de résolution de sa crise de liquidité en ayant attiré plusieurs projets étrangers. Ce qui a renforcé les réserves de devises de l'Egypte durant les cinq dernières années.
Les difficultés de l'Egypte à honorer sa dette extérieure en raison du manque de devises étrangères a commencé à s'estomper avec les IDE touchant des secteurs importants, notamment les énergies renouvelables, l’immobilier et le tourisme.
Le Maroc : industrialisation à marche forcée
Les investissements étrangers enregistrés au Maroc sont les résultats de la mise en œuvre soutenue de sa stratégie de transformation industrielle engagée depuis 2010. Le hub industriel de Tanger-Med en est la principale illustration. Avec une économie industrielle de plus en plus diversifiée, le royaume du Maroc a attiré 15,3 milliards de dollars en 2022, le plaçant leader en Afrique dans la valorisation du secteur manufacturier.
Le Maroc a engagé des investissements continus dans l'amélioration de ces infrastructures et de sa gouvernance publique, attirant plusieurs entreprises étrangères, notamment chinoises et européennes dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, de l’électronique et des énergies.
Qatar, Arabie Saoudite, et Emirats Arabes Unis : la stratégie de diversification à une dynamique inédite
Sur toute l'année 2022, le Qatar a enregistré 29,8 milliards de dollars d’IDE, avec d'importants investissements dans les infrastructures destinées au tourisme et à la dernière Coupe du Monde de 2022. Le développement de l’aéroport international de Doha et la réforme des régimes de taxation des sociétés ont contribué à accélérer l'impact de l'aura du Qatar à travers le monde.
L’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis ont également profité de l'arrivée d'IDE dans plusieurs secteurs comme les recherches, les finances et le tourisme, en ayant enregistré des projets valant respectivement 13,2 milliards et 10,8 milliards de dollars d’IDE en 2022. L’Arabie Saoudite a en outre mis en œuvre des facilités et des incitations fiscales afin d'attirer des entreprises étrangères, entrant en concurrence directe avec Dubaï, qui est devenu un hub financier alternatif pour le business mondial.
0 Commentaires